L’indépendantiste Corse, Yvan Colonna, entre la vie et la mort après avoir été violemment agressé par un codétenu.

Yvan Colonna est dans un état critique. Le militant indépendantiste corse, âgé de 61 ans et condamné pour l’assassinat du préfet Erignac en 1998, a été agressé à la prison d’Arles ce mercredi matin par un autre détenu, un jihadiste de 36 ans.

Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour l’assassinat du préfet de Corse Claude Erignac en 1998, Yvan Colonna a été agressé par Franck Elong-Abé, un détenu terroriste, ce mercredi 2 Mars matin à la prison d’Arles. Une enquête a été ouverte par le parquet de Tarascon, dans les Bouches-du-Rhône, pour mettre en lumière les circonstances de cette attaque.

Yvan Colonna est dans un état grave et a été conduit à l’hôpital d’Arles, où il est actuellement en réanimation. Selon l’AFP, son pronostic vital est engagé. L’ancien berger corse a été étranglé par un co-détenu qui s’est jeté sur lui pendant une période dédiée à l’activité sportive, dans la salle de musculation de la prison, rapporte une source pénitentiaire à BFMTV.

« A ce stade, le mobile de l’agression est inconnu. Aucun incident en détention n’avait été signalé entre le détenu et la victime », a poursuivi le procureur Laurent Gumbau, précisant que les secours avaient pratiqué un massage cardiaque « moins de trois minutes après l’alerte » et la découverte d’Yvan Colonna inanimé.

A l’arrivée des pompiers puis du SMUR, Yvan Colonna était inconscient, son pouls étant très faible. Les réanimateurs sont cependant parvenus à relancer son activité cardiaque.

Yvan Colonna a ensuite été transféré vers l’hôpital de Marseille, selon une source proche de l’enquête citée par l’AFP. « Yvan Colonna est dans un coma post-anoxique », a indiqué au « Parisien » l’un de ses avocats, Me Emmanuel Mercinier-Pantalacci.

Le co-détenu djihadiste avait été condamné à 9 ans de prison pour « association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste » et était un ancien jihadiste ayant pris part à la guerre en Afghanistan. Il purgeait sa peine à la maison centrale d’Arles depuis 2019, d’après le Procureur de Tarascon.

Aujourd’hui âgé de 61 ans, le militant indépendantiste corse avait été interpellé en juillet 2003 pour l’assassinat du préfet Claude Erignac en février 1998 à Ajaccio, après quatre ans de cavale dans le maquis corse. Il a toujours nié les faits.

Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en 2007, puis à la perpétuité assortie d’une peine de sûreté de 22 ans, en appel en 2009, il a été condamné une troisième fois à la perpétuité (sans période de sûreté) en 2011 après l’annulation, par la Cour de cassation, du verdict d’appel pour vice de forme. Emprisonné à Arles, Yvan Colonna a fait plusieurs demandes de rapprochement en Corse, mais toutes ont été refusées.

« Elong-Abé est un profil qui fait le tour des prisons françaises et qui, lorsqu’il avait été remis aux autorités françaises en 2014 par les Américains, venait de passer deux années derrière les barreaux, dans le centre de détention de Bagram. » En octobre 2019, il était encore jugé pour une dizaine de délits commis cet été-là en détention à Condé-sur-Sarthe. L’homme estimait ses conditions d’incarcération insupportables.

Les tentatives d’évasion comme de suicide ont toujours émaillé son incarcération, alors qu’il avait au départ écopé d’une peine de 9 ans pour association de malfaiteurs en lien avec une organisation terroriste. Il est actuellement en garde à vue pour tirer au clair les circonstances et les raisons de cette agression, alors que toute la séquence a été enregistrée par la vidéosurveillance de l’établissement pénitentiaire. Aussi, le parquet national antiterroriste a été mis sur l’affaire et reste en cheville avec le parquet de Tarascon. Du côté de l’administration pénitentiaire, le syndicat FO-surveillant met en garde sa direction contre un risque d’embrasement des détentions où se côtoient détenus corses et islamistes.

Mercredi dans la soirée, des centaines de personnes se sont réunies en Corse pour manifester leur colère, jugeant l’État responsable.

Joseph Kouamé

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