Le 15 mars de l’an 44 avant avant l’ère commune, Caïus Julius, connu comme « Jules César », dirigeant la république de Rome avec le titre de « dictateur à vie », est assassiné par 23 conjurés, à coups de couteau par 23 sénateurs républicains, se surnommant entre eux les « libérateurs ».
Ors le 4 mars dernier, le sénateur états-unien Lindsey Graham a, en pleine séance du Sénat, appelé, sans équivoque, à ce qu’un russe se fasse « Brutus », afin d’assassiner Vladimir Poutine.
Cet appel qui ne surprend pas venant du pays des « cow boys » et des « super-héros », ayant toujours considéré le meurtre comme un acte de justice, si perpétué « au nom du bien », nous donne l’occasion d’instruire tout ignorant égotique qui validerait cette option, des conséquences funestes de l’assassinat de « Jules César ».
Rome, le12 (ou 13) juillet de l’an 100 avant l’ère commune. Voit le jour Caïus, fils de Julius (ce qui, selon la pratique romaine, devient son nom de famille), et dont, comme le veut la tradition en vigueur à l’époque, qui est d’attribuer un surnom, se voit ajouté « Caesar » pour cela – ce qui signifie « éléphant », en hommage à un de ses ancêtre qui tua un spécimen – mais que, comme c’est le cas pour pratiquement tous les grands noms de l’Histoire passée et/ou « exotique », est connu, à tort, sous un autre nom, à savoir, dans son cas : « Jules César ».
Excellent stratège et tacticien, mais encore plus ambitieux, « Jules César » profite des troubles de la société de son pays et les guerres civiles que la république romaine connaît, pour se faire une place au plus haut sommet de l’État, en se faisant le meilleur des défenseurs et « amplificateur » de la puissance sur les pays voisins, en en conquérant un certain nombre, dont les trois Gaules. Finissant par acquérir, à force de manœuvres, également politiques de la mouvance réformatrice et démagogue (« Populares », en latin) le titre de « dictateur », dans un premier temps, pour une durée de dix ans (au lieu des six moins que prévoit la loi de la république romaine), puis « dictateur à vie », grâce au pouvoir qu’il a pris sur les sénateurs romains.
Désiré comme Roi de Rome par une grande partie du peuple romain, qu’il acquit en ayant toujours eu de nombreuses largesses à son égard, mais refusant d’être couronné lors des trois tentatives qui furent faites – tant en en reconnaissant la « légitimité », à demis mots -, il fut considéré comme le plus grand danger pour la survie de la République romaine par une partie des sénateurs républicains, largement poussés plus loin dans cette conviction, à leur insu, par trois hommes, dont, particulièrement, Caius Cassius Longinus, principal instigateur du complot, poussé par le fait que, bien qu’ayant reçu une position importante de la part de « Jules César », celle-ci ne correspond pas à celle plus élevée qu’il convoitait.
C’est aux Ides de Mars – correspondant au 15 mars de l’actuel calendrier commun – que « Jules César » fut assassiné (même si, des 23 coups de poinçon, seul le deuxième, porté au cœur, fut mortel, comme le montra l’autopsie qui suivit – et nul ne sait qui porta ce coup), dans la curie de Pompée, à 11h du matin, au tout début de la séance du Sénat. Les conjurés, qui se nommaient eux-mêmes les « Liberatores », furent convaincus qu’ils venaient de sauver la République de Rome en évitant le retour à une royauté et à la fin d’un pouvoir à vie du dictateur nommé. L’Histoire leur donna tort, montrant à quel point l’Humain, toujours trop ignorant et, en plus, dominé par ses convictions plutôt qu’usant de Raison, est, de ce fait, portée à provoquer pire que ce qu’elle voulait éviter.
En effet, la mort de Jules César permis à des hommes encore plus avides de pouvoir que lui, et plus calculateurs, de constituer un triumvirat qui se partagea le pouvoir, dans les personnes de Marc-Antoine, Octavien (connu sous le nom d’Auguste après avoir éliminé ses deux « compères »), et Lépide, qui, après avoir amnistié les conjurés, les firent tuer dans les provinces où ils les avaient envoyé gouverner, afin de prendre les pleins pouvoirs. En fait, l’assassinat de « Jules César » ne permit pas de sauver la République, mais y met définitivement un terme, faisant de « César », le dernier gouvernant de cette république, livrant Rome à quinze ans de guerres civiles qui accouchèrent d’un nouveau régime politique qui fut carrément celui d’empire, avec des empereurs régnant selon leur total bon vouloir, leurs caprices et leurs folies.
Mais, parce que, comme le dit un jour Winston churchill, « Un peuple qui ne connaît pas son passé est condamné à le revivre », et que cela est applicable à l’Humanité dans son entier, les plus deux 2 000 ans qui se sont écoulés depuis ont souvent conduit à des répétitions de l’assassinat de « Jules César », par des conjurés « plein de bonnes intentions », qui provoquèrent bien pire. Et, dans l’Histoire moderne, c’est particulièrement le cas, du fait de l’égotisme impérialiste des États-Unis d’Amérique qui, par la plus grande des malchances, est une nation d’ignorants crasse. Et, malgré les échecs que cet empire connu en conduisant au pouvoir des dictatures comme celles des mollah en Iran, les « taliban » en Afghanistan, envahissant, « au nom du bien qu’ils incarnent », des pays comme l’Irak, faisant faire leur sale besogne par leurs vassaux européens, dont la France, en Libye, et tant d’autres pays encore, où, leur « élimination du mal » aboutit à la dévastation encore plus grande dans les pays où ils agissent, cet empire états-unien, plus grand ennemi de la paix dans le monde depuis plus d’un siècle, a poussé à la présente guerre entre la Russie et l’Ukraine.
Et un sénateur états-unien (cette catégorie de virus mortel de degré pandémique) comme Lindsey Graham, vient, encore, appeler à commettre un nouvel assassinat politiques « au nom du bien », sur la personne de Vladimir Poutine (Putin de sa véritable orthographe) ? Cela pourrait n’avoir que très peu de gravité si la propagande états-unienne n’avait pas cette si terrible efficacité qui lui permet, depuis, au moins, la première guerre mondiale, de vassaliser, non seulement des États, mais, peut être bien pire, les cerveaux des masses mondiales.
C’est pourquoi il nous est paru essentiel de « profiter » de cette date anniversaire de l’assassinat de Caïus Julius Caesar, dit « Jules César », pour rappeler l’Histoire à tous ceux qui, trop ignorants de leur passé universel commun, se joignent à l’appel monstrueusement stupide et criminel du sénateur Graham, et participeraient à ce qui deviendrait un des plus grands chaos de l’histoire de l’Humanité par une troisième guerre mondiale qui pourrait en faire, tout simplement, la plus grande catastrophe que ne connaîtra jamais notre espèce.
Christian Estevez