Mali : La junte interdit la diffusion des médias RFI et France 24, pour fausses informations – et ce que cela nous dit de l’interdiction de « RT » et « Sputnik » en Europe.

Les nouvelles autorités maliennes ont décidé de suspendre les deux médias français en raison de leurs sujets sur les crimes attribués aux forces de l’ordre et à leurs supplétifs russes. Les déclarations de l’ONU et de l’ONG « Human Rights Watch » (HRW) sur cette question sont également dénoncées par Bamako.

L’occasion de penser l’interdiction des médias russes « RT » et « Spoutnik », en Europe, depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Dans un communiqué signé de son porte-parole Abdoulaye Maiga, la junte malienne a ordonné, dans la nuit du mercredi 16 mars à jeudi 17 mars 2022, la suspension de la diffusion de RFI et France 24 au Mali. Les autorités du pays évoquent des raisons de « fausses allégations » d’exactions commises par l’armée malienne et rapportées par les deux médias français.

Le Mali est en train de rompre définitivement ses liaisons avec la France. Le régime de Bamako a autorisé la suspension de la diffusion de RFI et France 24 dans tout le pays. Une décision qui intervient dans un contexte où les relations entre Bamako et Paris sont devenues tendues depuis que la junte malienne a décidé d’expulser l’ambassadeur de France à Bamako fin janvier dernier. En réaction, la France a pris note et décidé de rappeler son ambassadeur au Mali.

En effet, le gouvernement malien estime que « ces fausses allégations » ont été rapportées notamment dans un reportage des 14 et 15 mars, dans lequel RFI a donné la parole à des victimes présumées d’exactions qui auraient été commises par l’armée malienne et le groupe privé russe Wagner. La junte au pouvoir « rejette catégoriquement ces allégations contre les vaillantes Fama », précise le communiqué du colonel Abdoulaye Maiga qui « interdit à toutes les radios et télévisions nationales, ainsi qu’aux sites d’information et journaux maliens, la rediffusion et/ou la publication des émissions et articles de presse de RFI et de France 24 ».

En outre, le colonel Abdoulaye Maiga estime que « les agissements de RFI et France 24 ressemblent, dans un passé récent, aux pratiques et au rôle tristement célèbre de la radio +Mille Collines+ », qui avait encouragé le génocide au Rwanda en 1994. Selon les informations, les émissions des deux médias se poursuivaient ce jeudi matin.

La junte s’en prend aussi à une déclaration de Michelle Bachelet, haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, le 8 mars, dénonçant des « violations du droit international des droits de l’homme et du droit humanitaire » au Mali. Et à une enquête de l’ONG Human Rights Watch (HRW) sur le même sujet, rendue public le 15 mars.

« France Médias Monde a pris connaissance, par voie de communiqué, d’une procédure engagée par les autorités maliennes visant à suspendre la diffusion de RFI et de France 24 dans le pays », a répondu la maison mère des deux médias français. « Le groupe déplore cette décision et proteste vivement contre les accusations infondées mettant gravement en cause le professionnalisme de ses antennes, poursuit-elle. France Médias Monde étudiera toutes les voies de recours pour qu’une telle décision ne soit pas mise en œuvre et rappelle son attachement sans faille à la liberté d’informer comme au travail professionnel de ses journalistes ».

Le président Emmanuel Macron a regretté « un signe d’une course en avant vers le pire » lors de la conférence de presse organisée pour présenter son programme de campagne. « Je condamne avec la plus grande fermeté cette décision qui me semble totalement contraire aux valeurs que portent le peuple malien et le Mali depuis son indépendance ».

Le ministère français des Affaires étrangères a aussi déploré, ce jeudi, la décision des autorités maliennes, dénonçant des « atteintes graves » à la liberté de la presse. L’Union européenne l’a également jugée « inacceptable ». « Nous avons vu les annonces faites par le gouvernement malien de suspendre RFI et France 24. Nous considérons que c’est inacceptable. Nous déplorons cette décision et les accusations infondées », a déclaré la porte-parole Nabila Massrali, lors d’un point-presse, regrettant une « fuite en avant » de la junte.

Mais que pèsent ces déclarations d’indignation de la part du président Emmanuel Macron, du gouvernement français et de l’Union Européenne, alors que, dès le début de l’invasion russe en Ukraine, la présidente de la Commission Européenne, Ursula Von Der Leyen décidait, de son propre chef, de l’interdiction totale des chaînes d’information russes, « RT » (audiovisuel) et « Spoutnik » (presse écrite », dans la totalité des pays de l’Union Européenne, alors qu’elle n’en a, légalement, absolument pas du tout le droit ni un quelconque pouvoir législatif, et que le la France, en la personne de son président et du gouvernement, a obéi à cet ordre, faisant couper, immédiatement ces deux médias russes, sous l’accusation de « propagande au service du régime au pouvoir en Russie », alors que ces deux mêmes médias sont indépendants et étaient même les deux seuls, en Europe, à présenter l’actualité sur le sujet de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, de façon neutre, tous les médias occidentaux s’étant, immédiatement, engouffrés dans la manipulation de propagande d’information en temps de guerre ?

Ce que montre, particulièrement, cette présente affaire, d’interdiction des deux médias français que sont « RFI » et « France24 », par la junte dictatoriale actuellement au Mali, au prétexte de fausses informations qui, de la part de tout organisme parfaitement indépendant, est pourtant bien démontrée comme exacte, c’est que, comme toujours lorsqu’un pouvoir en place, ou que ce soit, a des choses à se faire reproché à juste titre, et allant dans le sens contraire de sa déformation de l’information à but propagandiste, c’est, depuis le 24 février dernier – jour du début de l’invasion russe de l’Ukraine, tout l’occident et tous les autres pays du monde, féodalisés par les États-Unis d’Amérique qui ont bien quelque chose à se reprocher dans ce conflit entre les deux pays à la population majoritairement soeur que sont la Russie et l’Ukraine.

Joseph Kouamé & Christian Estevez

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