Malgré quelques heures de doutes sur l’identité du candidat arrivant second, C’est bien Marine Le Pen qui sera au second tour de la présidentielle française face à Emmanuel Macron, président sortant.
Les dés sont jetés. Emmanuel Macron et Marine Le Pen se sont qualifiés, ce dimanche 10 avril, pour le second tour de l’élection présidentielle. Si, à 20h ils étaient crédités, respectivement, de 28,6% des voix et 24,4%, selon les premières estimations de l’institut Ifop/Fiducial pour TF1 et LCI.
Et puis, à partir de 21h, les scores commencent à changer pour Marine le Pen et, surtout, pour Jean-Luc Mélenchon, troisième, à 20h, avec 21,1%, qui commence à refaire son retard sur la candidate du Rassemblement National. Les militants de « La France Insoumise », commencent à croire que tout n’est pas terminé et que le second tour peut encore être à porté. Leurs espoirs semblent en voie de se confirmer quand, à 23h, les résultats indiquent qu’il n’y a plus que 0,8% d’écart entre le candidat LFI et la candidate du RN, se retrouvant, respectivement, à 22,2% et 23%. L’espoir de dépasser Marine Le Pen devient une véritable possibilité pour Mélenchon d’autant que, à ce moment-là, il reste encore 20% des bulletins de vote à dépouiller (exclusivement ceux des grandes métropoles françaises qui, en plus de leur grand nombre de votants, ne fermaient leurs bureaux de vote qu’à 20h). Du coup, alors qu’il avait fait son discours d’après défaite, Jean-Luc Mélenchon fini par retourner à son quartier général de campagne, installé au cirque d’Hiver, à Paris, Mais l’espoir ne durera pas beaucoup plus longtemps puisque, à minuit, c’est à nouveau un écart de 3%, en faveur de la candidate de la droite nationaliste, qui est indiqué et qui se stabilise jusqu’à 3h50 du matin, avec le dépouillement de 98% des bulletins, indiquant même Marine Le Pen à 24,2 (laissant à peine 3% d’avance à Emmanuel Macron), et 21,1 pour Jean-Luc Mélenchon. Et, si, au moment où nous rédigeons ces lignes (4h10), l’écart entre la seconde et le troisième s’est, soudainement, à nouveau, considérablement réduit, donnant 24,4% pour la fille du fondateur du RN et 22% pour le fondateur de LFI, le 1% de bulletins restant à dépouiller ne devrait plus permettre au gros changement d’écart entre les deux candidats.
Le duel final sera donc identique à celui de 2017, bien que cette élection présidentielle se soit déroulée dans un contexte particulier. Après deux ans de pandémie de coronavirus, la guerre en Ukraine a éclaté le 24 février, contraignant Emmanuel Macron à officialiser sa candidature au dernier moment. Néanmoins, ce sont bien les deux favoris de ce premier tour de l’élection présidentielle – et ce, depuis le tout début du quinquennat de Macron il y a 5 ans, qui ont confirmé leur statut ce soir.
Le président sortant a fait une campagne express, ponctuée par quelques déplacements de terrain et un unique meeting huit jours avant le premier tour. Emmanuel Macron a refusé de débattre avec l’ensemble des autres candidats, provoquant la colère de tous, dont Marine Le Pen. La candidate RN l’a accusé d’utiliser la situation internationale pour asseoir son image, tout en ”échappant au débat”.
Marine Le Pen a mené une campagne essentiellement sur le thème du pouvoir d’achat, principale préoccupation des Français. Elle s’est vu reprocher, dès le début de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, ses positions pro-russes et pro-Poutine. Malgré tout, sa dynamique dans les sondages n’a jamais décroché.
Toujours donnée au second tour dans les intentions de vote au cours de la campagne, Marine Le Pen réalise le meilleur score du RN de son histoire. En 2017, la candidate avait obtenu 21,3% des suffrages. Ce dimanche 10 avril, elle obtient 1,9 points de plus qu’il y a cinq ans.
Avec 3,6 points de plus, Emmanuel Macron renforce son socle qui avait fait sa victoire en 2017: le candidat d’En Marche était arrivé en tête du premier tour avec 24.01% des voix.
En troisième position, et comme les sondages l’avaient prédit, c’est donc Jean-Luc Mélenchon qui échoue une fois de plus à atteindre le second tour. Le candidat insoumis obtient 22% des voix. Suivent deux candidats qui espéraient bien plus dans ce scrutin, et qui ont fini, lentement mais sûrement, par décrocher, Éric Zemmour et Valérie Pécresse, tous les deux sous la barre psychologique des 10%. Leurs résultats ressemblent même à une désillusion, puisque Zemmour n’obtient que 7,2% des voix, contre 4,8% des voix pour Pécresse candidate LR. Jamais le parti de droite n’était tombé aussi bas dans un scrutin présidentiel de toute l’histoire de la Vème république, au point que se pose désormais la question du remboursement des frais de campagne.
Derrière, l’écologiste Yannick Jadot n’a pas atteint son objectif. Il ne récolte que 4,4% des voix et, dans la soirée, son parti EELV a lancé une souscription pour aider à renflouer les caisses du parti dit « écologiste », puisque ce n’est qu’à partir de 5% des votes que les frais de campagnes sont remboursés . Une énorme déconvenue pour ce parti « écolo » d’extrême-gauche qui s’était cru sur le « toit du monde », en remportant quelques très grandes villes françaises aux dernières municipales, parlant même de « vague verte », alors qu’il ne s’agissait que d’une vaguelette, et dont les gouttes se sont avérées amères pour l’électorat qui lui avait fait confiance, constatant non seulement le ridicule des décisions prisent par la totalité des édiles EELV, mais aussi, la démonstration d’incapacité à administrer correctement leurs villes
Arrivent, ensuite, les « petits candidats », à commencer par Le surprenant Jean Lassalle (3,3%), Fabien Roussel – représentant du parti communiste (2,7%) et Nicolas Dupont-Aignan (2,3%). La candidate du parti socialiste, Anne Hidalgo, en terminant 10ème sur 12 candidats, confirme la marginalisation de son parti dans la vie politique française en ne recueillant que 1,7% des suffrages, elle qui avait terminé 3ème candidat ayant le plus de parrainages, avec 1 440, alors qu’elle n’était déjà plus qu’à 2% d’intentions de votes. Complètent ce classement les deux candidats d’extrême gauche trotskistes, à savoir : Philippe Poutou – Nouveau Parti Anticapitaliste (0,8%) et la candidate de « Lutte Ouvrière », Nathalie Arthaud (0,6%), qui avait très facilement obtenu les 500 parrainages obligatoires pour pouvoir valider sa candidature à la présidentielle.
Christian Estevez & Joseph Kouamé