Des pluies dévastatrices ont causé la mort de 443 personnes, des milliers de déplacées et la disparition d’une cinquantaine d’autres, en Afrique du Sud. Les dégâts matériels sont colossaux.
Scène de chaos à Durban, en Afrique du Sud. Une semaine après le début des inondations, les autorités ont déployé en renfort 10.000 soldats pour aider à déblayer et à rechercher les victimes. Le bilan fait état d’au moins 443 morts. 80% du réseau d’eau potable est hors service et les habitants qui ont encore un toit sont également privés d’électricité.
« Le cabinet s’est réuni en session spéciale la nuit dernière et a décidé de déclarer l’état de catastrophe nationale », a déclaré le chef de l’Etat dans une allocution télévisée, évoquant « un désastre humanitaire ». « Ce soir, nous sommes une nation unie dans le deuil », a ajouté M. Ramaphosa.
La baisse des précipitations en Afrique du Sud a permis une accalmie ce dimanche 17 avril, après une semaine d’inondations sur la côte Est, les pires jamais enregistrées dans le pays, qui ont fait 443 morts et entraîné de vastes destructions. La plupart des victimes ont été enregistrées dans la région de Durban, ville portuaire de 3,5 millions d’habitants dans le KwaZulu-Natal (KZN) ouverte sur l’océan Indien. Des familles ont été décimées, des enfants sont morts noyés dans des crues ou ensevelis dans des coulées de boue. Une soixantaine de personnes sont encore portées disparues. Et au moins deux secouristes ont péri en tentant de repêcher des corps dans une rivière, a déploré la police dans un communiqué.
Selon l’Institut national de météorologie, aucun risque d’inondation n’est plus redouté dans les jours à venir et les précipitations devraient « se dissiper » d’ici mercredi. Les secours, épaulés par l’armée, la police et des hélicoptères, restent en alerte mais déjà ils reçoivent moins d’appels. Ces derniers jours, ministres et chefs traditionnels, le roi zoulou Misuzulu Zulu et le président Cyril Ramaphosa, qui a reporté un voyage à l’étranger, se sont rendus sur le terrain pour évaluer l’étendue des dégâts et épauler les personnes endeuillées.
Près de 4 000 maisons ont été détruites, plus de 13 500 endommagées. De nombreux hôpitaux ont été dégradés, et plus de 550 écoles touchées. Des zones restent encore inaccessibles à cause des routes et des ponts coupés. Les travaux pour rétablir les axes de communication se poursuivent nuit et jour, selon les autorités. Près de 80% du réseau d’eau potable est hors service, selon les autorités locales qui ont prévenu que le rétablissement prendra du temps.
Pour la première fois lundi, un camion-citerne est apparu dans le quartier de Philakahle Khumalo, 30 ans et mère de deux enfants. Loin d’être suffisant, enrage-t-elle, décrivant des bousculades: « les gens sont désespérés ».
L’armée a notamment déployé des plombiers et des électriciens. Le soutien aérien est renforcé pour acheminer des marchandises, et des systèmes de purification d’eau ainsi que des tentes pour les sinistrés seront installés. Des troupes appuyées par des hélicoptères étaient déjà présentes ces derniers jours aux côtés de la police et des secouristes lors des opérations d’urgence.
« Des milliards seront nécessaires pour reconstruire la province après cette catastrophe », a déclaré le ministre de la province du KZN lors d’une conférence de presse. Une première estimation pour la réparation des seules infrastructures routières se monte à près de 354 millions d’euros (5,6 milliards de rands). Un fonds d’urgence du gouvernement de 63 millions d’euros (un milliard de rands) a été débloqué. La région a déjà connu des destructions massives en juillet lors d’une vague inédite d’émeutes et de pillages.
Des morgues pleines.
Les plus pauvres dans les townships ont été dramatiquement frappés par les intempéries. Les maisons faites de plaques de tôle ondulée ou de simples planches de bois, souvent bâties sur des terrains non constructibles et inondables, n’ont pas tenu longtemps dans le déluge. À Inanda, l’église toute blanche dans laquelle les fidèles se sont rassemblés en ce dimanche de Pâques est l’une des rares constructions encore debout. « Après les défis que nous traversons, nous réussirons à nous relever même si nos maisons sont tombées et nos infrastructures sont en ruine », a encouragé le révérend devant l’assemblée. Certains étaient en pleurs, d’autres ont acquiescé, les mains levées.
Les appels à la prière pour les victimes des inondations se sont multipliés dans la journée lors des rassemblements religieux. Des équipes de soutien psychologique ont été déployées. Des médecins supplémentaires ont été mobilisés dans les morgues pour réaliser les autopsies, les files de proches venant déposer des corps s’étant allongées ces derniers jours. Des habitants désespérés ont été vus transportant des seaux d’eau sur des chariots au bord de la route. La nourriture manque, ce qu’il restait a pourri. Des stations de traitement des eaux usées ont aussi été affectées.
Des bons alimentaires, des uniformes scolaires et des couvertures continuent à être distribués. Des convois de camions citernes distribuent de l’eau potable. Des dons sont collectés à travers le pays, notamment des pâtes, conserves, matelas. En raison des inondations, les récoltes attendues cette année pourraient être faibles, ont également averti les autorités. Chaque année, la saison cyclonique de novembre à avril déchaîne des tempêtes en Afrique australe. Des pays comme Madagascar ou le Mozambique sont régulièrement frappés par des tempêtes meurtrières. Mais l’Afrique du Sud est généralement épargnée.
Joseph Kouamé