La tension monte entre l’Australie et la chine, alors que Pékin pourrait construire une base militaire sur les îles Salomon, un archipel situé à 1.500 kilomètres des côtes australiennes. En réponse, Canberra renforce son armée mais également ses liens avec les États-Unis.
La situation n’est, cependant, dans les faits, pas vraiment l’image qu’en donne la version officielle australienne. C’est pourquoi, dans la continuité du traitement de cette information, vous trouverez l’explication des faits et leur analyse, dans le présent article.
“Seule une Australie forte nous préservera de la guerre. Pour maintenir la paix, il faut que notre pays ne soit ni faible, ni lâche”. Ces mots forts ont été prononcés le 25 avril dernier par le ministre australien de la Défense, Peter Dutton, lors de la fête patriotique de l’Anzac Day. Il s’agit d’une célébration qui commémore l’engagement des troupes australiennes et néo-zélandaises contre l’Allemagne et la Turquie lors de la Première Guerre mondiale. L’homme politique ne s’est pas arrêté là puisqu’il a comparé la Chine et la Russie actuelles à l’Allemagne nazie.
L’influence politique, économique et surtout militaire, toujours grandissante, de la Chine près des frontières de l’Australie explique en partie la rhétorique guerrière de Peter Dutton. En effet, le 19 avril dernier, Pékin a signé un pacte de sécurité avec les îles Salomon, un archipel situé à 1.500 kilomètres des côtes de l’île-continent. Un coup dur pour Canberra qui était l’allié principal de cet état insulaire. Ce pacte permettrait à Xi Jinping d’y construire une base navale militaire permanente et d’y envoyer ses troupes. Devant les craintes australiennes, les autorités des îles Salomon ont insisté sur le fait que la Chine ne serait pour autant pas autorisée à établir une base militaire permanente sur leur territoire.
Scott Morrison, le premier ministre australien, a déclaré à ABC News que la construction d’une telle base “serait une ligne rouge que Pékin ne doit pas franchir”. Le chef d’État a soutenu le discours de son ministre de la Défense et a affirmé que “l’Australie se préparait à un conflit militaire même si le risque d’un tel événement restait faible pour l’instant”. L’île-continent a même dépensé près de 1,4 milliard d’euros pour renforcer sa puissance militaire. Selon un communiqué gouvernemental, le premier ministre a autorisé l’achat de centaines de véhicules blindés à des entreprises américaines. Parmi les nombreux engins commandés par l’armée australienne, on trouve notamment une liste de 75 tanks M1A2 SEPv3 Abrams.
Derrière ce nom se cache une version modernisée du principal char de combat de l’US Army. Dans cette nouvelle version, le M1A2 SEPv3 Abrams profite de certaines améliorations qui lui permettent essentiellement de mieux viser ses cibles mais aussi de les détruire plus vite. Au total, le gouvernement de Scott Morrison a donc approuvé la commande de 132 engins de combat. Mais ce n’est pas tout. L’Australie veut aussi se doter d’hélicoptères d’assaut lourds Chinook. Cet appareil constamment modernisé détient un record de longévité puisqu’il a été engagé massivement pendant les guerres Vietnam et du Golfe.
Enfin, Scott Morrison a aussi affirmé vouloir renforcer l’Aukus : il s’agit de l’alliance militaire entre l’Australie, les États-Unis et le Royaume-Uni. Washington partage les mêmes craintes que Canberra concernant le pacte de sécurité entre la Chine et les îles Salomon. Daniel Kritenbrink, le Secrétaire d’État pour l’Asie de l’Est et le Pacifique, a déclaré au quotidien britannique « The Guardian » que les États-Unis “seraient forcés d’intervenir si Pékin venait à construire une base militaire sur le territoire des îles Salomon”. L’homme politique états-unien n’a toutefois pas précisé la nature d’une telle intervention.
Cette annonce est, pour qui suit la situation dans cette partie du monde depuis plusieurs années, surtout la « bonne occasion » pour le « Triumvirat » que composent Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l’Australie, dominé par les « cow boys du monde », pour justifier un surarmement de leurs forces communes, et un renforcement de la présence de l’empire des Etats-Unis d’Amérique qui a axé, depuis de nombreuses années, sa politique d’expansion et ses intentions de dominations territoriales en Asie du Sud Est, qui sont les mêmes de la part de la Chine, mais n’ayant, à la base, pas de prévisions de s’étendre jusqu’à l’Australie.
L’Asie du Sud-Est a commencé à devenir « le centre du monde » du fait de sa situation géostratégique commerciale et de la sa grande quantité de ressources naturelles non encore exploitées, les dix états constituant cette zone connaissant une croissance économique accrue qui avait débuté, dans les années 1960 par la progression économique des « 4 dragons d’Asie » (Corée du Sud, Taïwan, Hong Kong et Singapour). Ce n’est pas pour rien que les Etats-Unis d’Amérique ont décidé le changement d’orientation de leur politique mondiale depuis quelques années, renforçant le présence militaire, afin de dominer la région, délaissant l’Europe, afin de faire face à leur véritable grand adversaire économique qu’est la Chine, en passe de devenir la première puissance économique mondiale et, de fait, de surpasser les EUA. Lorsque le « grand public » du monde – particulièrement les européens -, apprennent que les principaux enjeux mondiaux se situent dans cette partie du globe, ils peuvent comprendre, aussi bien, les menaces de Trump à l’intention de la Chine, pendant son mandat, la catastrophe pour la France, d’avoir été relégué à un rôle de figurant dans cette région de la planète, alors qu’elle y a, elle-même, plusieurs territoires, par l’annulation du contrat d’achat de ses 12 sous-marins de la part de l’Australie, qui en fait, finalement, l’acquisition auprès des Etats-Unis d’Amérique, maître-partenaire de l’Aukus (l’alliance militaire Etats-Unis/Grande-Bretagne/Australie).
Face à cette volonté affichée des EUA d’imposer sa domination en Asie du Sud-Est, la Chine a donc décidé de montrer qu’elle ne se laissera pas faire sur son « pré carré » et, pour cela, n’a pas d’autre choix que de se positionner militairement au plus près de la limite territoriale possible que constitue l’Australie, afin d’éviter de subir la même mésaventure que son principal allié international qu’est la Russie, qui, par l’extension de l’OTAN jusqu’à la limite de ses frontières – et qui signifie l’installation de troupes et missiles du pays le plus belliqueux de l’Histoire de l’Humanité, à savoir les Etats-Unis d’Amérique, empire insatiable de pouvoir – s’est retrouvé dans le piège ukrainien. De ce fait, si l’installation militaire chinoise est, bien un danger pour l’Australie, c’est parce que ce dernier ne sert, aux Etats-Unis d’Amérique que « d’Ukraine du Sud », chair à canon postée en première ligne et que les EUA n’hésiteront pas à sacrifier pour arriver à leur fins, de la même manière qu’elle utilise l’Ukraine depuis des années. Enfin, cela prouve bien que, lorsqu’un pays dont on sait les intentions malveillantes à notre encontre, place des troupes dans un pays voisin du notre, la première réaction naturelle est de ne pas voir cela d’un bon œil et de prévenir que l’on hésitera pas à riposter, ce que l’occident semble n’être permis que pour lui et ses alliés, mais pas pour le reste du monde, et particulièrement la Russie, que la propagande présente comme « l’agresseur à intentions d’extension impérialiste ».
Didier Maréchal (traitement de l’information)
Christian Estevez (historique et analyse)