Une lettre ouverte demande au premier ministre indien, Modi, de réagir face aux attaques contre les musulmans dans tous le pays.
L’Inde est en proie, ces derniers jours, à de graves violences contre la communauté musulmane qui ont fait plusieurs morts et blessés.
Il y a vingt ans, des émeutes contre les musulmans faisaient près de 2 000 victimes dans l’État indien du Gujarat. Les discriminations et les violences à l’encontre des musulmans et des chrétiens s’accélèrent sous le gouvernement de l’ultra nationaliste Narendra Modi, premier ministre depuis 2014.
« Je me souviens du train calciné, des camps de réfugiés, de villages où les musulmans avaient été massacrés, d’un puits dans lequel les femmes musulmanes s’étaient jetées pour ne pas être violées », raconte John Dayal, militant chrétien et auteur d’un ouvrage sur les pogroms.
Plus de 100 anciens hauts fonctionnaires viennent d’écrire une lettre ouverte au Premier ministre. Ils lui demandent de réagir pour mettre fin aux attaques croissantes contre la minorité musulmane.
Ces dernières semaines, des membres du clergé hindou ont ouvertement appelé au meurtre et au viol des musulmans, et des processions violentes ont eu lieu dans les quartiers musulmans du nord du pays. Le gouvernement nationaliste hindou de Narendra Modi, loin de condamner ces actes, a souvent défendu les assaillants.
Au total,108 hauts fonctionnaires de l’État indien, ancien conseiller à la sécurité nationale ou encore directeurs des administrations fédérales et régionales, s’alarment de voir que les pouvoirs publics, sous l’autorité du parti nationaliste hindou, « tordent la Constitution et les lois pour imposer la tyrannie de la majorité hindoue, et forcer la minorité musulmane à vivre dans une peur constante ».
À cause de cela, ces musulmans indiens n’ont souvent plus le droit de prier librement, disent ils, de manger ou de porter ce qu’ils veulent. Selon Shivshankar Mukherjee, ancien ambassadeur au Royaume-Uni et signataire de cette lettre, cette dérive suprémaciste risque de remettre en cause les fondements démocratiques de l’Inde.
Le silence du Premier ministre face à la situation
Le Premier ministre ne peut donc plus rester muet. Qui d’autre peut parler ? Presque tout le pays est ravagé par une vague de haine et l’Inde est de plus en plus gouverné par les émeutiers. Dans cette situation, le silence du Premier ministre équivaut à une approbation.
Le gouvernement soutient que ces attaques sont isolées et menées par des groupes radicaux. Ce sujet pourrait toutefois être évoqué lors de la rencontre entre Narendra Modi et le président français Emmanuel Macron, à Paris, mercredi prochain.