Epinglée pour ses notes de frais, Coralie Dubost, quitte la politique…. Mais, à quand le tour des « grands pontes » corrompus de la politique française?

La députée LREM de l’Hérault a annoncé dimanche se « mettre en retrait de la vie politique ». Deux jours plus tôt, elle avait été accusée de mauvaise gestion humaine et d’utilisation dispendieuse de ses avances de frais de mandat. Des faits qu’elle conteste.

Cette affaire est l’occasion, pour nous, de rappeler que les politiciens plus haut placés sont, quant à eux, toujours largement laissés tranquilles par la Justice française.

Après sa mise en cause pour des dépenses de vêtements et de voyage avec son enveloppe de frais de mandat, l’élue de la République en marche se retire de la vie publique. Elle dénonce des « attaques injustes ».

La pression aura finalement été trop forte. La députée LREM, Coralie Dubost, a annoncé, ce dimanche 1er mai, se « mettre en retrait de la vie politique » et ne pas être candidate à sa réélection lors des législatives de juin : .« Depuis quelques jours, ma personne est visée par des attaques injustes qui desservent mon groupe politique, les échéances électorales et plus globalement la démocratie », a fait valoir l’élue de la troisième circonscription de l’Hérault dans un communiqué diffusé sur Twitter.

Propos « dévalorisants » et « conflit de valeurs »

Cette annonce est intervenue seulement deux jours après que la députée LREM a été épinglée pour sa gestion de certains collaborateurs et l’utilisation dispendieuse de ses avances de frais de mandat. ​Selon un rapport d’un cabinet de ressources humaines transmis au printemps 2021 au déontologue de l’Assemblée nationale, et publié vendredi par «Mediapart», plusieurs ex-collaborateurs de Coralie Dubost lui reprochent de leur avoir imposé « des tâches relevant de la sphère personnelle ». Ils l’accusent également d’avoir tenu des propos et adopté des comportements « dévalorisants ». La députée leur aurait aussi imposé un « conflit de valeurs » ou « éthique » en particulier sur l’utilisation de ses avances de frais de mandats. Il est notamment question de « dépenses vestimentaires mensuelles selon une fourchette allant de 1.500 à 2.000 euros ».


Selon Mediapart, la députée de l’Hérault a, par exemple, dépensé jusqu’à 3.300 euros en habillement et accessoires au mois d’octobre 2018. « Il y a des tenues mandat et les tenues perso […] , je ne mets pas les mêmes affaires dans ma vie perso et dans ma vie de mandat », a-t-elle expliqué à Mediapart. Le rapport met également en avant des « frais de restaurants très importants ».

Des achats personnels

Au média en ligne, Coralie Dubost – qui comme chaque député dispose d’une avance de frais de mandat de 5.373 euros mensuels, qui s’ajoute à la rémunération des élus – a indiqué avoir procédé à des remboursements de frais jugés non liés à l’exercice du mandat de député, après un contrôle de la déontologue de l’Assemblée nationale pour les années 2018 et 2019.

Dans le rapport 2020 du déontologue de l’Assemblée nationale, la haut fonctionnaire, alors en exercice, affirmait, sans citer nommément des élus, que s’agissant des frais vestimentaires, ont été admis toutes les pièces de vêtements, les chaussures et les accessoires (ceinture, foulard, écharpe) susceptibles d’être utilisés dans le cadre du mandat, à l’exception des sous-vêtements.

Le rapport du cabinet RH évoque aussi « la réalisation régulière et fréquente de […] tâches » sans rapport avec le travail de collaborateur parlementaire. Sont cités des achats personnels pour l’élue, la surveillance du personnel de maison ou la réalisation de tâches domestiques.

Ex-compagne du ministre de la Santé, Olivier Véran, Coralie Dubost conteste ces allégations. « Je refuse d’être l’instrument d’une cabale antiparlementaire, de la même façon que je refuse de me prêter à un ping-pong de justifications qui confinent à un lynchage fantasmagorique », indique la députée sur Twitter, ajoutant que son retrait de la vie politique lui permettra de se « consacrer à (sa) famille ».

Si la député de LREM nous sort exactement le même laïus, pour sa défense, que tous les autres politiques avant elle, pris pour toutes les entorses et violations aux lois et à la déontologie, et qui se sont, à de très rares exceptions près, toujours avérées exactes, faisant de Mme Dubost une « profiteuse de la République », justifiant sa mise à l’écart ainsi que des sanctions à venir, nous ne pouvons, tout de même pas, nous empêcher de mettre en avant le « deux poids, deux mesures » dans la façon dont la justice fait appliquer les peines prévues, selon le niveau du poste occupée par la personnalité politique concernée.

En effet, dans le domaine politique, là aussi, il y a une disparité dans les peines infligées et, bien que les exemples soient, hélas, très nombreux, nous n’en citerons que les présidentiels/présidentiables, commençant par cette dernière catégorie avec le cas de François Fillon et ses « fameux » costumes sur mesure d’une valeur de 48 500 € qui lui ont été « offerts », ainsi que les emplois fictifs de sa femme et de ses enfants, qui, bien qu’ayant coûté à cet ancien premier ministre sa place au second tour de l’élection présidentielle de 2017 – et peut-être bien celle de président de la République -, n’ont eu aucune suite contre lui, par la suite, voyant même l’avocat Robert Bourgi, qui était le généreux mécène, être, lui, condamné à ne plus avoir le droit de porter toute distinction honorifique de l’Etat français – et particulièrement sa légion d’honneur -, pour une durée de 5 ans.

Pour ce qui est des « petits arrangements » fait pour les présidents de la République Française, dans le cadre de leur fonction, ou non, nous atteignons là des sommets d’impunité, déjà parce que celle-ci est appliquée durant la durée des mandats présidentiels! Jacques Chirac, reconnu coupable de « détournement de fonds publics » et d’ « abus de confiance », quinze ans après les faits, et dont la peine ne sera que de 2 ans de prison avec sursis (ce qui, dans les faits, donne que Jacques Chirac, pour ces délits graves, n’aura jamais passé une seule seconde derrière les barreaux d’une prison, alors que tout citoyen lambda se trouvant en incapacité de payer ses factures peut se retrouver incarcéré, après poursuites d’huissier). Et, tout récemment, le président fraîchement réélu, Emmanuel Macron qui, malgré la révélation que, du temps où il travaillait pour la banque d’affaires Rotschild, 80% de son salaire était placé dans des banques de paradis fiscal et qu’Emmanuel Macron, alors candidat à la présidentielle de 2017, n’a jamais déclaré, mais aussi de « l’affaire McKinsey », du nom de ce cabinet de conseil qui, rien que en 2021 a touché plus de 18 millions d’euros payés par le gouvernement Macron, et plusieurs centaines de millions d’euros sur l’ensemble du mandat du président, ce qui semble bien être une rétribution de la part de ce dernier au cabinet McKinsey, qui a travaillé gratuitement à l’élection du candidat Macron en 2017 (ce que ce même cabinet a également fait pour l’actuel président ukrainien, Volodomy Zelensky, ce candidat sorti de nulle part lors de l’élection présidentielle ukrainienne de 2019 – et qui avait déjà été reçu à l’Elysée par Emmanuel Macron alors qu’il n’était pas encore président de l’Ukraine…soit dit en passant, pour rappeler une partie des sources d’une présente affaire bien plus dramatique).

Alors, quand on prend ces éléments en compte on ne peut que reconnaître que, s’il est juste que la députée Coralie Dubost soit contrainte de se retirer de la vie politique – et qu’elle soit jugée puis condamnée, au cas où elle serait coupable des accusations portées contre elle -, il serait bien plus urgent de forcer la justice a s’appliquer de façon impartiale, comme elle est sensée le faire, aussi envers les « gros pontes » de la politique française.

Didier Maréchal (faits d’actualité)

Christian Estevez (analyse)

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