Berlin pas favorable à une adhésion rapide à l’UE de l’Ukraine , Kiev dénonce « un traitement de seconde zone ».

Le chancelier allemand, Olaf Scholz, a douché les espoirs ukrainiens d’une adhésion rapide à l’UE.

Le chancelier allemand Olaf Scholz a affirmé, ce jeudi, qu’il n’était pas favorable à l’octroi à l’Ukraine d’un « raccourci » en vue d’une adhésion à l’Union européenne (UE) qui, selon lui, n’est « pas une affaire de quelques mois ou quelques années ».

Le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, a dénoncé ce jeudi 19 mai, un « traitement de seconde zone » de la part de « certaines capitales » au sujet de la candidature ukrainienne pour adhérer à l’Union européenne : « L’ambiguïté stratégique sur la perspective européenne de l’Ukraine pratiquée par certaines capitales de l’UE au cours des dernières années a échoué et doit cesser », a-t-il affirmé sur Twitter, évoquant un « traitement de seconde zone » qui « blesse les Ukrainiens ».

Le chancelier allemand, Olaf Scholz, avait affirmé quelques minutes plus tôt qu’il n’était pas favorable à l’octroi à l’Ukraine d’un « raccourci » en vue d’une adhésion à l’UE : « Le fait qu’il n’y ait pas de raccourci sur la voie de l’adhésion à l’UE (de l’Ukraine) est un impératif d’équité envers les six pays des Balkans occidentaux » qui souhaitent de longue date rejoindre le bloc européen, a souligné M. Scholz lors d’un discours devant les députés du Bundestag. Le président français « Emmanuel Macron a raison de souligner que le processus d’adhésion n’est pas une affaire de quelques mois ou de quelques années », a-t-il ajouté. « C’est pourquoi nous voulons actuellement nous concentrer sur le soutien rapide et pragmatique à l’Ukraine » soumise à l’offensive russe depuis le 24 février, a-t-il répété avant le sommet UE-Balkans occidentaux, de lundi prochain, à Bruxelles.

L’Ukraine, la Géorgie et la Moldavie ont récemment demandé le statut de candidat tandis que six pays des Balkans occidentaux : Serbie, Kosovo, Albanie, Macédoine du Nord, Monténégro et Bosnie aspirent à intégrer l’UE mais le processus d’élargissement est bloqué depuis des années. Ces six pays « entreprennent des réformes intensives depuis des années », a jugé le chef du gouvernement. « Le respect de nos engagements envers eux n’est pas seulement une question de crédibilité », a-t-il fait valoir.

Le dirigeant allemand a insisté sur le fait qu’un élargissement était « dans notre intérêt stratégique » face aux aspirations de la Russie qui exerce déjà une grande influence sur certains pays de la région. « Il s’agit aussi de notre propre sécurité qui ne peut exister sans des Balkans occidentaux européens et stables », selon lui.

Dans son intervention à l’occasion du jour de l’Europe, le 9 mai, M. Macron avait souligné que l’Ukraine, envahie par la Russie, était déjà « membre de coeur de notre union ». Mais le processus d’adhésion à l’UE, à laquelle aspire Kiev, « prendrait plusieurs années, en vérité plusieurs décennies », avait-il estimé, tout en proposant, en parallèle, la création d’une « organisation européenne nouvelle ».

Un point de vue qui avait surpris Kiev, le président ukrainien Volodymyr Zelensky rappelant dans un échange avec des étudiants français mercredi dernier qu' »on ne peut nous garder à distance ». « C’est comme une table où toute la famille est réunie, et on t’a invité, mais on ne t’a pas mis de chaise. Je pense que c’est injuste », avait-il lancé. « Il est très important pour nous de réserver cette place (dans l’UE) à l’Ukraine », a renchéri le lendemain M. Kouleba.

A Bruxelles, le président du Conseil Européen, Charles Michel, a défendu, mercredi la création d’une « communauté géopolitique européenne » pour préparer les pays candidats à l’intégration. Le Belge a ainsi repris, sous une nouvelle dénomination, la proposition de « communauté politique européenne » défendue par le président français Emmanuel Macron début mai devant le Parlement européen à Strasbourg. Le dirigeant français a proposé la création de ce nouvel ensemble « de coopération politique, de sécurité, de coopération ». Le chancelier, qui n’a pas évoqué cette proposition devant les députés, l’avait jugée « très intéressante » lors d’une rencontre avec Emmanuel Macron.

Didier Maréchal

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