Royaume-Uni : Boris Johnson sauve sa tête après un vote de défiance!

Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, a sauvé son poste en remportant un vote de défiance de sa majorité, après plusieurs mois de scandales liés au « Partygate».Cette victoire met quand même un point noir à sa popularité dans le pays.

Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, a remporté un vote de confiance lundi, repoussant ainsi la remise en cause de son « leadership » par les législateurs de son parti conservateur.

Deux ans et demi après sa victoire triomphante dans les urnes, le dirigeant de 57 ans, de plus en plus contesté, reste enlisé dans l’affaire du « partygate », les fêtes très arrosées organisées à Downing Street (lieu où siège les 1ers ministres britanniques – ndlr) pendant les confinements. Et le vote de lundi a montré les divisions profondes au sein du Parti conservateur.

En effet,Boris Johnson a remporté le vote par 211 voix contre 148, selon Graham Brady, président du comité du parti qui a supervisé le scrutin. Avec cette victoire, il ne pourra pas être visé par une autre motion de défiance pendant un an, mais son autorité risque d’en sortir considérablement amoindrie.

Fin 2018, Theresa May avait survécu à une motion de défiance avec une marge plus large que son successeur, avant de démissionner quelques mois plus tard, trop fragilisée pour diriger. Boris Johnson a, jusqu’à présent, totalement refusé de démissionner. C’est un « résultat convaincant, un résultat décisif », a commenté Boris Johnson à la télévision, se félicitant d’avoir remporté ce vote. « En tant que gouvernement, nous pouvons passer à autre chose et nous concentrer sur les choses qui comptent vraiment », a-t-il ajouté.

De nombreux commentateurs ont souligné la position précaire du Premier ministre. « Un Premier ministre avec un sens de l’honneur regarderait les chiffres, accepterait le fait qu’il a perdu le soutien d’une partie importante de son parti et réfléchirait à sa position, mais je ne pense pas qu’il le fera », a réagi le député frondeur Roger Gale.

Le chef de l’opposition travailliste, Keir Starmer, a estimé qu’il était « totalement inapte à la fonction » et critiqué des « conservateurs divisés, occupés à maintenir au pouvoir Boris Johnson, sans projet ».

Après des semaines de spéculations, les événements se sont précipités, lundi matin, lorsque l’organisation du vote a été annoncée, plus de 54 députés demandant le départ de leur chef.

En cas de défaite, une élection interne aurait été convoquée pour désigner un nouveau leader du parti, qui serait devenu chef du gouvernement, dans un contexte délicat de guerre en Ukraine et d’inflation au plus haut depuis 40 ans.

Plaidant sa cause devant ses troupes avant le vote, il avait fait miroiter baisses d’impôts et coupes dans l’administration, tranchant avec les interventions publiques massives de ces dernières années à la faveur de la pandémie, ou plus récemment de la crise du coût de la vie.

Hué pendant le jubilé.

Malgré l’accumulation des scandales et la colère du public et de sa majorité, Boris Johnson s’est maintenu ces derniers mois en mettant notamment en avant son rôle moteur dans la réponse occidentale à l’invasion russe de l’Ukraine.

Il a aussi été favorisé par l’absence de successeur évident dans les rangs conservateurs, au pouvoir depuis 12 ans, surtout depuis que l’étoile du ministre des Finances, Rishi Sunak, longtemps le chouchou du parti, s’est brusquement ternie en raison de sa fortune et des arrangements fiscaux de sa femme.

L’effondrement de la popularité de M. Johnson a déjà infligé de lourds revers aux conservateurs aux élections locales de début mai. La majorité doute de plus en plus de la capacité de « BoJo », hué par la foule pendant les célébrations du jubilé de la reine, à remporter les législatives de 2024. Longtemps un atout, sa personnalité fantasque, souvent désinvolte, agace désormais bien des Britanniques. Selon un sondage publié ce lundi par YouGov, 60% des Britanniques voulaient que les conservateurs évincent leur leader – mais seulement 32% des électeurs de la majorité.

Les répercussions du « partygate » ne sont en outre pas finies. Après la police et la haute-fonctionnaire Sue Gray, une autre enquête est prévue, celle-ci parlementaire. Si cette dernière conclut, a priori à l’automne, que Boris Johnson a trompé la Chambre des Communes en affirmant ne pas avoir enfreint les règles, il est censé démissionner.

Didier Maréchal

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