Alors que les combats se poursuivent entre les armée russe et ukrainienne, la France pourrait, dans les prochain jour, livrer six CAESAr de plus à l’Ukraine, reporte « zone militaire ».
L’arme est déjà utilisée sur le front dans le Donbass. Ce sont des camions tout terrain, équipés d’un canon de haute précision de 155 mm capables de frapper une cible à 40 km. La France a fourni six canons Caesar pour l’instant , arrivés fin avril en Ukraine . Selon les informations d’Europe 1, la livraison de six autres canons Caesar d’ici à la fin du mois est à l’étude.
Le 5 juin, la chaîne de télévision publique France2 a diffusé un reportage au sujet des CAESAr [Camions équipes d’un système d’artillerie de 155 mm] récemment livrés à l’Ukraine par la France. Et, d’après un officier ukrainien, ces systèmes donnent pleinement satisfaction, avec au moins 80 pièces d’artillerie russes qui auraient été détruites depuis qu’ils sont entrés en action. Et cela, grâce à leur portée d’environ 40 km, la rapidité de leur mise en batterie et leur mobilité, qui permet d’éviter un tir de riposte.
Selon France2, les forces ukrainiennes disposeraient de dix-huit CAESAr au total. Or, lors d’une audition au Sénat, en mai, le Délégué général pour l’armement [DGA], Joël Barre, avait indiqué que seulement six exemplaires, prélevés sur la dotation de l’armée de Terre, avaient été envoyés en Ukraine pour le moment.
Lors de sa visite à Kiev, la semaine passée, la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, n’a pas été précise au sujet de l’aide militaire fournie par la France à l’Ukraine : « Le président de la République a indiqué à M. Zelenski [son homologue ukrainien, ndlr] que la France poursuivrait et renforcerait ses livraisons d’armements dans le cadre d’un dialogue dont je rappellerai qu’il était ancien et qui permettait tout à la fois d’évaluer les besoins de l’Ukraine et nos capacités à y répondre. Ça a été traduit rapidement dans les faits […] avec l’arrivée de CAESAr. D’autres sont attendus. Nous n’avons pas pour habitude de parler de ces questions ouvertement sur la place publique. Nous en parlons entre amis », a déclaré Mme Colonna, avant d’assurer que l’on pourra constater de nouvelles livraisons d’armes dans les « quelques semaines qui viennent ».
Cela étant, et d’après une information d’Europe1, six autres CAESAr devraient prochainement prendre la direction de l’Ukraine, une annonce officielle devant probablement être faite à l’occasion d’un déplacement de M. Macron à Kiev. « Il est le bienvenu, peu importe quand. Il serait bon que M. Macron vienne pendant la présidence française de l’UE [Union européenne, ndlr], et le meilleur serait qu’il vienne avec d’autres livraisons d’armes pour l’Ukraine, voici l’aide la plus précieuse que nous pouvons recevoir de la France », a d’ailleurs affirmé Dmytro Kouleba, le chef de la diplomatie ukrainienne, le 30 mai.
Comme l’avait expliqué M. Barre, les CAESAr destinés aux forces ukrainiennes ne sont pas exactement les mêmes que ceux utilisés par l’armée de Terre qui, si cette nouvelle aide se confirme, n’en comptera plus que 64 exemplaires [soit une réduction capacitaire de -16%. À ce propos, dans un entretien publié par la presse régionale, le 4 juin, M. Macron a assuré que « ces livraisons à l’Ukraine seront compensées ». Et d’ajouter : « Et j’ai demandé à nos industriels d’accélérer la production d’armements, il ne s’agit pas seulement de reconstituer nos stocks mais aussi de renforcer notre indépendance. »
Mais , avant d’être envoyés en Ukraine, ces CAESAr prélevés sur l’inventaire de l’armée de Terre doivent être adaptés aux « systèmes de commandement ukrainiens ». Un travail qui a été confié à Nexter, selon M. Barre.
Et pourtant, comparé à ce que fournissent d’autres pays, comme les États-Unis ou la Grande-Bretagne, l’effort français porte sur des petits volumes. La première raison invoquée est le frein capacitaire. L’armée de terre disposait en tout et pour tout de 76 canons Caesar. Moins les six déjà livrés, cela fait 70. Moins six autres qui doivent être acheminés d’ici à la fin du mois, le stock tomberait à 64 pièces. En seulement trois mois, 16% du volume opérationnel pourrait donc avoir été amputé. À cela s’ajoute le temps incompressible, environ un an, pour fabriquer de nouveaux Caesar.
Mais la raison principale, selon plusieurs sources militaires, est la résistance politique. Avec ce sujet des armes, Emmanuel Macron avance sur une ligne de crête. D’un côté, il refuse d’apparaître comme belligérant aux yeux des Russes. De l’autre, il souhaite montrer que le rôle de la France ne se limite pas à de l’aide humanitaire, à des livraisons de camions de pompiers ou l’envoi de gendarmes pour enquêter sur les crimes de guerre .
L’annonce officielle de ce deuxième arrivage pourrait aller de pair avec un déplacement d’Emmanuel Macron à Kiev dans les prochaines semaines. Cette perspective est étudiée de près par l’entourage du président. Ce serait sa première visite dans le pays depuis le début de la guerre.
Didier Maréchal