Le 18 mai dernier, nous vous présentions un portrait de Rachel Kéké, à l’occasion de sa nomination, par LFI, comme candidate aux législatives 2022.
Figure de la lutte des grévistes de l’Ibis de Batignolles, la syndicaliste franco-ivoirienne a battu l’ancienne ministre des Sports, Roxana Maracineanu, avec 50,3 % des voix.
La candidate « Nupes » Rachel Kéké , 48 ans, est devenue, ce dimanche, la première femme de ménage à entrer au Palais-Bourbon. Une victoire à l’arraché, 50,3 % des voix, soit moins de 200 voix d’écart, face à l’ex-ministre des Sports (LREM) Roxana Maracineanu. Mais une victoire accueillie par un tonnerre d’applaudissements, des cris « Rachel Kéké députée ». La syndicaliste CGT, figure emblématique de la très longue grève du personnel de l’hôtel Ibis des Batignolles à Paris, entre 2019 et 2021, s’offre même quelques pas de danse.
Cette militante CGT s’est fait connaître lors des 22 mois de grève des femmes de chambre de l’hôtel Ibis Batignolles à Paris, entre 2019 et 2021, lorsqu’elle s’est mobilisée pour améliorer les salaires et les conditions de travail des femmes de ménage face au « mépris » de la direction. « C’est un métier qui détruit le corps. Il y a des syndromes du canal carpien, des tendinites, des maux de dos… », expliquait-elle à l’Agence France-Presse pendant la campagne, se souvenant encore de cette sensation, « comme si on (lui) avait donné des coups partout », après son premier jour en tant que femme de ménage, en 2003.
« Cette victoire est historique, lance-t-elle à ses supporters quelques minutes plus tard au théâtre de la ville. Je serai une députée exemplaire. Je veux nettoyer l’Assemblée nationale. Je veux y faire le ménage. Si tu es éboueur ou agent d’entretien, tu peux entrer au Palais-Bourbon ! » Dès la fin de son discours, la chanson « I Will Survive » donne des airs de victoire de Coupe du monde.
Dans le théâtre, des militants mais aussi des membres de sa famille. « Tata a gagné, tata a gagné », saute de joie un enfant. Les femmes de ménage du Ibis des Batignolles sont évidemment de la fête. « Merci à elles, merci aux battantes, aux guerrières », les salue Rachel Kéké. « Elle est là pour nous. Là où il y a de la souffrance. Et nous aussi on sera là pour elle ! » explose Jeannette, une de ses camarades de lutte.
« On perd à rien », lâche un militant en quittant le QG de Roxana Maracineanu, ce dimanche soir. L’ancienne ministre vient d’annoncer sa défaite. Malgré les « 80 militants qui ont tracté tous les soirs et collé des affiches » pour elle et son suppléant Yacine Ladjici (SE), le report des voix n’a pas suffi. Dès lundi 20 juin, Vincent Jeanbrun, le maire (« Libre ! ») de L’Haÿ-les-Roses avait appelé à « faire barrage aux extrêmes en allant voter contre la candidate de Jean-Luc Mélenchon au second tour ». « Le résultat est très serré, avec un écart de moins de 200 voix », explique Roxana Maracineanu à l’issue d’une campagne « éreintante », sur un territoire auquel elle s’est « attachée ». Elle sera « très attentive » à ce que Rachel Kéké « fera » au sein de l’Assemblée.
Mère de cinq enfants, Rachel Kéké est née en 1974 dans la commune d’Abobo, au nord d’Abidjan, d’une mère vendeuse de vêtements et d’un père conducteur d’autobus. Elle est arrivée en France en 2000 et a été naturalisée en 2015.
Le parcours de Rachel Kéké est hors normes et, peut-être est-il mérité. Après tout, il n’a pas été rare, dans l’Histoire de l’Humanité, que des personnes tout à fait « lambda » soient révélées par les événements qui font l’Histoire. Et c’est pour cette raison que nous seront, personnellement, très attentif, nous aussi, au travail de la nouvellement députée car il y a, aussi, des réserves légitimes quant à la capacité de Mme Kéké, qui, non seulement a arrété l’école à l’âge de 12 ans, mais, en plus, n’a jamais eu la moindre expérience politique, et qui, à pour les cinq ans à venir, va « décider » de la politique de l’Etat français, en proposant des lois et votant pour ou contre d’autres.
Le parcours de Rachel Kéké ressemble à un « conte de fée », mais il n’y a que les enfants, les adultes immatures pour s’émerveiller et croire à ces contes dans le monde réel. Le plus important à attendre de la nouvelle députée, c’est qu’elle ne devienne pas imbuvable, despotique, comme l’ont été l’ensemble des députés qui « sortaient de rien » – on songe, entre autres, à Madame Obono, Mme Pelletier (toutes deux membres de La France Insoumise), ou encore Mme Brunet, de LREM.
Joseph Kouamé & Christian Estevez