Le Premier ministre italien, Mario Draghi, a annoncé qu’il se retirerait jeudi. Le président italien, Sergio Mattarella, a rejeté sa démission.
Plus tôt, les sénateurs du Mouvement « 5 Étoiles » (M5S, antisystème), membre de la coalition au pouvoir, n’avaient pas participé au vote de confiance sur un texte discuté au Sénat.
Mario Draghi, face à l’effondrement de sa coalition, a annoncé, en Conseil des ministres, qu’il se retirerait le jour même, jeudi 14 juillet , a indiqué le gouvernement.
« Je veux vous annoncer que ce soir je remettrai ma démission au président de la République » Sergio Mattarella, a déclaré Mario Draghi, selon des propos rapportés dans un communiqué de ses services. Une démission que le président italien a refusé.
« Le président de la République n’a pas accepté la démission du président du Conseil et l’a invité à se présenter au parlement (…) afin qu’ait lieu une évaluation de la situation », a annoncé, jeudi soir, la présidence.
Plus tôt dans la journée, le Mouvement « 5 étoiles » (M5S, antisystème), membre de la coalition au pouvoir, avait boycotté un vote de confiance sur un texte en discussion au Sénat.
Selon une annonce faite mercredi soir par Giuseppe Conte, prédécesseur de Mario Draghi et actuel patron du M5S, les sénateurs de son parti n’ont pas participé au vote de confiance mené par l’exécutif à l’occasion du vote d’un décret d’une loi qui comprend des mesures d’une valeur d’environ 23 milliards d’euros pour aider les familles et les entreprises face à l’inflation.
Mario Draghi disposait d’une majorité pour gouverner même sans les 5 Étoiles mais l’ex-patron de la Banque centrale européenne a affirmé à plusieurs reprises qu’il n’y aurait pas de gouvernement sans eux.
Il était en effet arrivé aux affaires début 2021 pour constituer une coalition d' »unité nationale » susceptible de surmonter l’urgence pandémique et la crise économique qui s’en est suivie. Or, sans le soutien des M5S, il considère que son gouvernement devient « politique » et estime n’avoir pas été mandaté pour conduire un cabinet de cette nature.
Autre problème : le décret-loi au centre de la crise politique contient également une mesure pour faciliter la construction d’un incinérateur d’ordures à Rome, à laquelle sont opposés les M5S.
« Il faut répondre au malaise social qui augmente de manière claire et décidée. Les irresponsables, ce n’est pas nous, ce sont ceux qui ne donnent pas de réponse au pays », a justifié Mariolina Castellone, cheffe des sénateurs du M5S. « Aujourd’hui, nous ne participons pas au vote de ce décret-loi car nous ne partageons ni une de ses dispositions », celle concernant l’incinérateur à Rome, « ni la méthode » de son adoption, a-t-elle ajouté.
Le M5S s’oppose aux incinérateurs qui, selon eux, sont coûteux, polluants, peu efficaces et n’incitent pas la population au tri sélectif. Ils réclament aussi l’instauration d’un salaire minimum et d’un revenu citoyen. Mais le mouvement a aussi, voire surtout, des arrière-pensées électoralistes, selon les analystes : « Le M5S s’écroule dans les sondages et a besoin de récupérer de la visibilité (…). Il veut être au centre de l’attention », a expliqué, à l’AFP, Lorenzo Codogno, ancien économiste en chef du Trésor italien et professeur invité à la London School of Economics.
Le M5S, vainqueur des dernières élections législatives, en 2018, avec 32 % des voix et une majorité relative au Parlement, n’a cessé, depuis, de dégringoler dans les intentions de vote, aujourd’hui à 10 %-11 %, et nombre de ses élus l’ont quitté depuis.
Un tiers de ses députés, environ 50, a fait scission et a suivi l’ancien chef du M5S, l’actuel ministre des Affaires étrangères Luigi Di Maio, qui a récemment créé son propre parti, « Ensemble pour l’avenir » (IPF).
L’incertitude régnant sur l’avenir du gouvernement, Draghi n’a pas manqué de causer des turbulences sur les marchés : la Bourse de Milan chutait de plus de 3% jeudi après-midi et le coût de la dette de l’Italie est reparti à la hausse, signe de la nervosité ambiante.
Didier Maréchal