Emmanuel Macron est arrivé, ce mardi, au Cameroun, une première visite dans le pays qui marque le début de sa tournée à travers l’Afrique.
Arrivé au Cameroun, Emmanuel Macron entame sa tournée à travers l’Afrique afin de réaffirmer les relations franco-africaines. Le chef de l’Etat compte bien également lutter contre l’influence russe sur le continent en plein conflit ukrainien.
La tournée africaine d’Emmanuel Macron intervient à l’heure où la France a entrepris de rénover ses partenariats militaires sur le continent pour se maintenir dans la compétition stratégique exacerbée qui s’y joue entre puissances, Russie en tête.
En ces temps de guerre, tout déplacement devient l’occasion d’évoquer les conséquences de la guerre en Ukraine, qui n’épargne pas le continent africain, explique le président de la République. Pour des raisons économiques, tout d’abord. « Alors même que nous sortons à peine de la crise liée au Covid-19, le conflit ukrainien met à l’épreuve nos économies, et en particulier en Afrique. »
Plus tôt, Emmanuel Macron avait affirmé vouloir tordre le cou à certaines «carabistouilles» qui circulent dans le contexte de la guerre en Ukraine. «On est attaqué par certains qui expliquent que les sanctions européennes seraient la cause de la crise alimentaire mondiale, dont africaine. C’est totalement faux, c’est simplement que l’alimentation comme l’énergie sont devenues des armes de guerre russes», a-t-il affirmé.
« La Russie a beaucoup diffusé de fausses informations »
Mais aussi pour des considérations géopolitiques. Emmanuel Macron revient sur la stratégie conduite par la Russie sur le sol africain, qu’il juge « préoccupante ». « La Russie en Afrique a beaucoup diffusé de fausses informations et a complété sa présence avec des milices, Wagner, développe-t-il. « Ce ne sont pas des coopérations classiques, poursuit-il. Cette « présence hybride », comme il la nomme, « permet à la Russie de venir en aide soit à des pouvoirs politiques affaiblis (pour en tirer profit), soit à des milices n’ayant aucune légitimité. » Reste à savoir quelle réponse apporter à cette présence russe. « La France fera tout pour que ce schéma ne se diffuse pas trop, parce que je ne crois pas qu’il soit bon, en particulier pour les peuples », se contente d’affirmer Emmanuel Macron.
Interrogé sur pourquoi la France sera-t-elle capable d’aider aussi rapidement, et militairement un pays comme l’Ukraine et non des pays africains ? Emmanuel Macron rappelle que la souveraineté du territoire ukrainien a été violée. Il déplore ensuite une certaine « hypocrisie » en Afrique à « ne pas savoir nommer une guerre lorsque c’en est une » et à appeler une guerre ce qui n’en est pas une. Le chef de l’État ajoute que la France n’a pas l’intention de s’immiscer directement dans ce conflit ukrainien mais d’aider l’Ukraine à faire face à l’offensive russe. « Je ne vois pas de pays africains dans une telle situation », poursuit-il. Avant de rappeler ce qui a été la décision française, lorsque la France, alors dirigée par François Hollande, a été appelée en aide par le pouvoir malien en 2013. « En Afrique nous n’avons pas seulement envoyé des armes, nous avons même envoyé des troupes (…) L’armée française est intervenue pour stopper les terroristes qui prenaient la route vers Bamako ».
Dernier sujet sensible abordé ce mardi : l’histoire. Avant qu’Emmanuel Macron ne pose le pied à Yaoundé, un collectif de partis politiques camerounais a appelé lundi 25 juillet Emmanuel Macron à reconnaître les « crimes de la France coloniale ». Une référence aux événements survenus entre les années 1940 et 60, lorsque les autorités françaises ont réprimé dans le sang les maquis de l’UPC (Union des populations du Cameroun), engagé dans la lutte armée. Emmanuel Macron dit avoir évoqué ce mardi le sujet avec son homologue Paul Biya et explique vouloir jouer la carte de la transparence. « Nous avons ce passé, il a des pages glorieuses, heureuses, mais il a eu aussi des moments douloureux, tragiques. » Pour lui, le travail de vérité doit être mené par des historiens. Pour leur faciliter la tâche, Emmanuel Macron a promis d’ouvrir toutes les archives françaises à un groupe « commun » d’historiens français et camerounais. Emmanuel Macron dit vouloir faire en sorte que les conclusions soient données dans un calendrier rapproché.
Après cette visite au Cameroun, le président français se rendra au Bénin et en Guinée Bissau. Il est attendu sur l’évolution du dispositif français dans le Sahel, engagée depuis l’annonce du retrait de l’opération Barkhane du Mali face à l’hostilité de la junte au pouvoir. La question de l’influence russe dans la région est également au centre de toutes les attentions alors même que Sergueï Lavrov termine sa propre tournée africaine en Ouganda. Le chef de la diplomatie russe s’est auparavant rendu en Egypte et au Congo, où il a tenu à rassurer ses partenaires après l’accord sur des couloirs sécurisés pour les exportations de grains d’Ukraine et de Russie qui doit éloigner les risques d’insécurité alimentaire en Afrique.
