L’écrivaine et première femme cheffe de service au journal «Le Monde», Yvonne Baby, est morte dans la nuit de mardi à mercredi, à 90 ans.
Prix Interallié pour son premier roman, en 1967, Yvonne Baby avait créé le service Culture du quotidien « Le Monde » en 1971, devenant la première femme à diriger un service du journal.
Yvonne Baby est morte à 90 ans dans la nuit de mardi 2 à mercredi 3 août . En plus d’être une écrivaine, récompensée par le prix Interallié dès son premier roman, « Oui, l’espoir » (Grasset, 1967), et une journaliste qui créa le service Culture du célèbre quotidien français « Le Monde », journal qu’elle dut quitter en 1986, elle était une figure du monde culturel. Elle est née le 18 août 1931 et sa mère se remaria avec Georges Sadoul, l’auteur (communiste) de la monumentale Histoire mondiale du cinéma, de sorte que la jeune Yvonne Baby rencontra vite Louis Aragon, Henri Cartier-Bresson, Alberto Giacometti et Elsa Triolet. «C’était un entre-soi avant-gardiste où les filles n’imaginaient pas vivre sans avoir un métier», dit-elle en 2014 à Ariane Chemin quand le quotidien revint sur sa propre histoire et évoqua ce jour de 1971 où, après un bon quart de siècle d’exclusivité masculine, «le Monde nomme la première femme cheffe de service».
Yvonne Baby est la fille de Jean Baby et de Ruta Assia (Ruta Sadoul). Elle a été journaliste de 1957 à 1990 au « Monde » dans le service « Culture » dont elle a été la rédactrice en chef de 1971 à 1985. Chargée des grands interviews, elle a eu des entretiens avec des artistes comme Orson Welles, Ingmar Bergman, Henri Cartier-Bresson, Terrence Malick, Robert Motherwell, Luis Buñuel, Pierre Boulez, Federico Fellini, Hans Magnus Enzensberger, Peter Handke, Woody Allen, Jean-Luc Godard, François Truffaut, Yves Saint Laurent et Yohji Yamamoto4 ; elle en fera un livre intitulé « Quinze hommes splendides », publié en 2008 chez Gallimard. C’est Yvonne Baby qui, en 1975, alors que la presse française s’interrogeait sur le mystérieux Émile Ajar, va interviewer, à Copenhague, Paul Pavlowitch que Romain Gary avait chargé d’endosser l’identité
Yvonne Baby a également été vice-présidente du jury au Festival de Cannes 1983.
