Après l’Ukraine, l’Azerbaïdjan et le Rwanda, l’ONU, empêchée de visiter plusieurs prisons, stoppe sa mission « anti-torture » en Australie!

Après l’Ukraine, l’Azerbaïdjan et le Rwanda, le sous-comité pour la prévention de la torture des Nations Unies a dû mettre fin, de manière anticipée, à sa visite dans les prisons australiennes. Un « manque de coopération » de la part des autorités locales et un accès insuffisant aux documents serait la cause de cet arrêt .

Les experts de l’ONU n’ont pas pu accéder à certains établissements pénitentiaires en raison d’un désaccord entre le gouvernement fédéral et les États australiens.

Les quatre membres de la délégation anti-torture de l’ONU étaient déjà sur le territoire australien depuis une semaine quand ils ont décidé d’abandonner la mission. L’accès à certain lieux de détention leur a été interdit. Ils ont rencontré des difficultés quand ils ont essayé de visiter pleinement certaines prisons. Mais surtout toutes les informations dont ils avaient besoin pour émettre leur avis ne leur ont pas été fournies. « Une rupture claire par l’Australie de ses obligations » internationales d’après la tête de la délégation, la membre de la cour suprême des Maldives Aisha Shujune Muhammad.

L’Australie a ratifié le protocole facultatif contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants en 2009. Cela la force à recevoir régulièrement des visites d’un organisme international indépendant, qui émet des avis privés sur le risque de mauvais traitements des prisonniers.

D’après l’article 14 du Protocole, ces visites doivent pouvoir se faire « sans restriction », et avec la possibilité de s’entretenir en privé et sans témoin avec des détenus. Ce protocole est ratifié par 91 pays .

Seuls trois autres pays, le Rwanda (suspendue en 2017 et annulée en 2018), l’Azerbaïdjan (suspendue en 2014) et l’Ukraine (suspendue en 2016), ont ainsi vu les missions anti-torture de l’ONU suspendues ou reportées. Il est « intéressant de noter que Ces deux derniers, rejoint, par l’Australie, à présent, sont trois pays considérés comme faisant partie du « camp du Bien », par l’Occident… Et l’on n’y compte pas les Etats-Unis eux-mêmes, dont les institutions et Etats du monde entier savent qu’ils ont des centres de torture dans plusieurs pays vassaux, comme, dans le village de Stare Kiejkuty, en Pologne, où cette découverte de complicité de la part de l’Etat polonais (contre un chèque de 15 militions de dollars), en janvier 2014, fut un choc (qui valut, de plus, une condamnation de la Pologne par la Cours Européenne des droits de l’Homme), mais dont, par la suite, la cours suprême des Etats-Unis d’Amérique à décidé, début mars de cette année, que l’existence des prisons secrètes de la CIA dans lesquelles se pratiquent la torture, devait relever du « secret d’Etat », allant dans le sens de la demande qu’elle avait reçu de la part du gouvernement Biden.

Pour en revenir à l’Australie, c’est une rupture historique de ses engagements qui jette le doute sur les conditions de détention dans le pays. Dans un communiqué, le directeur d’Amnesty International Australie Impact, Tim O’Connor, évoque les « expériences horribles vécues par les jeunes en détention », ainsi que l’utilisation des « spithoods », ces sacs maintenus sur la tête de détenus pour les empêcher de mordre ou de cracher lors d’une interpellation. Tim O’Connor évoque également le nombre des personnes des Premières nations mortes dans le système carcéral australien. D’après la Commission australienne des droits de l’Homme, une personne aborigène a 1,26 fois plus de chance de mourir en prison qu’une personne non-aborigène.

Ce lundi, la commission australienne de défense des droits de l’homme a appelé à une grande réunion des procureurs-généraux du pays afin de s’assurer que le pays réponde à ses engagements vis-à-vis du protocole de l’ONU contre la torture.

La professeure Rosalind Croucher a reconnu, dans un communiqué, qu’ « en bloquant l’accès aux infrastructures, les gouvernements de la Nouvelle-Galles du Sud et du Queensland ont soulevé des questions sur les raisons pour lesquelles l’accès est refusé et si les droits, la santé et la sécurité des personnes détenues dans ces installations étaient en danger_ ».

Cité par le journal britannique « The Guardian », le ministre en charge des services correctionnels de Nouvelle-Galles du Sud, Geoff Lee, aurait déclaré : « Le rôle de notre système carcéral est d’assurer la sécurité des personnes et de nous protéger des criminels que nous enfermons chaque jour. […] Il ne s’agit pas de permettre aux gens de se promener à leur guise. [L’ONU] devrait se rendre en Iran pour y constater les violations des droits de l’Homme. »

Joseph Kouamé
Christian Estevez

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