Le Prix Goncourt 2022 décerné à Brigitte Giraud pour « Vivre vite »

Ce jeudi 3 novembre, le Goncourt 2022 – le plus prestigieux des prix littéraires français -, a été attribué à Brigitte Giraud pour « Vivre vite » (Flammarion), dans lequel elle revient sur la mort de son mari dans un accident de moto en 1999.

Quatre romanciers (deux hommes et deux femmes(, étaient encore en lice pour recevoir le prix Goncourt 2022, remis, comme le veut la tradition, dans le restaurant parisien Drouant.

Brigitte Giraud a remporté le prix Goncourt 2022 pour son roman « Vivre vite », publié chez Flammarion. Elle succède ainsi à Mohamed Mbougar Sarr, auteur de « La Plus Secrète mémoire des hommes » (éditions Philippe Rey). Comme le veut la tradition, les résultats ont été annoncés au restaurant parisien Drouant. Brigitte Giraud est la 13e femme à remporter la prestigieuse récompense. Giuliano da Empoli pour « Le Mage du Kremlin » (Gallimard), Cloé Korman pour « Les presque sœurs » (Seuil) et Makenzy Orcel pour « Une somme humaine » (Rivages) et étaient également en compétition.

La Française est la première autrice à recevoir le Goncourt depuis « Chanson douce » de Leïla Slimani en 2016. « Ce n’est pas en tant que femme que je reçois le prix, mais en tant que personne qui travaille la littérature depuis des années », a-t-elle souligné.

Brigitte Giraud a emporté le Goncourt au 14e tour d’un scrutin très serré face à Giuliano da Empoli, grâce à la voix du président Didier Decoin qui compte double, et succède ainsi au Sénégalais Mohamed Mbougar Sarr. L’Académie Goncourt a fait le choix d’une autrice peu connue du grand public et pas habituée aux gros chiffres de vente, poursuivant ainsi un certain renouveau.

Lors de la remise du prix, le président de l’Académie, Didier Decoin, a précisé qu’il aurait voté pour cet ouvrage même s’il avait été écrit par un homme. Il l’a préféré à l’autre finaliste, Giuliano da Empoli, et son « Mage du Kremlin » (éditions Gallimard), un livre « excellent » mais « plus immédiat, en prise directe avec l’actualité, moins romanesque ». Brigitte Giraud « pose avec beaucoup de simplicité et d’authenticité la question du destin », a ajouté Didier Decoin, attablé chez Drouant, le restaurant parisien où les jurés délibèrent traditionnellement. Brigitte Giraud « est partie d’un deuil cruel qu’elle a ressenti, qui est poignant. Son livre a quelque chose de tragique », a-t-il encore relevé. « Vivre vite » revient sur l’enchaînement des événements qui ont conduit à la mort du compagnon de l’autrice dans un accident de moto, en 1999.

Lyonnaise, native d’Algérie, Brigitte Giraud a écrit une dizaine de livres, romans, essais ou nouvelles. Elle a obtenu le Goncourt de la nouvelle 2007 pour le recueil « L’amour est très surestimé ». En 2019, elle a été finaliste du prix Médicis pour « Jour de courage ».

C’est en hommage à son mari tué dans un accident il y a plus de vingt ans que la romancière Brigitte Giraud a écrit « Vivre vite ». Le 22 juin 1999 à Lyon, son mari Claude démarre trop vite à un feu, avec une moto trop puissante qui n’est pas la sienne, et tombe. Il ne s’en relèvera pas.

En 2001, elle avait raconté les semaines suivant cette mort dans « À présent ». Elle l’appelle « le livre de la sidération, de la déflagration, du fracas juste après ». À l’époque du drame, elle avait 36 ans, un fils très jeune, une maison qu’ils venaient d’acheter, dans laquelle elle a emménagé sans lui. « Je savais depuis longtemps qu’il faudrait que j’écrive le livre. Le livre qui soit à la hauteur de Claude, de notre histoire d’amour, celui qui embrasse tout ça et qui recherche la vérité, toutes les vérités », dit-elle. Mais « je n’aurais pas pu l’écrire avant une période de 20 ans, parce qu’il fallait que je sois à bonne distance ». Quand il a été temps de vendre la maison de Caluire-et-Cuire à côté de Lyon, l’écriture est venue. Et avec elle, l’envie d’élucider certaines circonstances restées floues pendant de longues années.

En choisissant « Vivre vite », les jurés Goncourt élisent un récit sobre et sensible, qui a été tout de suite bien accueilli par la critique. Comme dans « l’accident », fruit d’une chaîne d’événements improbables, « il y a eu, là aussi, un effet domino ». Mais « là il s’est passé de belles choses ». « Finalement, je crois que c’est un livre d’amour », a-t-elle déclaré jeudi au restaurant Drouant, à Paris, où elle a reçu le plus prestigieux des prix littéraires francophones.

Didier Maréchal

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