Iran : la première exécution d’un manifestant provoque l’indignation mondiale

Pour la première fois, l’Iran a exécuté, jeudi 8 décembre, un homme condamné à mort pour son implication dans le mouvement de contestation, suscitant un tollé à l’étranger et des mises en gardes d’ONG sur de nouvelles pendaisons imminentes. Les Etats-Unis d’Amérique ont dénoncé une « escalade sinistre » et affirmé que le pouvoir iranien aurait à rendre des comptes. (source AFP).

Mohsen Shekari, 23 ans, avait été reconnu coupable et condamné à mort pour avoir bloqué une rue et blessé un paramilitaire au début des manifestations, à l’issue d’une procédure judiciaire dénoncée comme un procès-spectacle par des groupes de défense des droits humains.

La République islamique d’Iran est le théâtre de protestations déclenchées par la mort, le 16 septembre dernier, de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans décédée trois jours après son arrestation par la police des mœurs. Celle-ci lui reprochait d’avoir enfreint le code vestimentaire strict imposant aux femmes le port du voile en public, notamment.

D’autres personnes risquent d’être exécutées de manière imminente après avoir été condamnées à la pendaison en lien avec les manifestations, ont averti ces groupes.

L’ONG Amnesty International s’est dite « horrifiée » par l’exécution et a dénoncé un « simulacre de procès injuste ». « Son exécution expose l’inhumanité du soi-disant système judiciaire iranien alors que des dizaines d’autres risquent le même sort.

Indignation des européens

Mahmood Amiry-Moghaddam, directeur du groupe Iran Human Rights (IHR) basé à Oslo, a appelé à une forte réaction internationale, sinon « nous ferons face à des exécutions massives de manifestants ». « Mohsen Shekari a été exécuté à l’issue d’un procès expéditif sans avocat. »

L’exécution a aussi suscité l’indignation de pays occidentaux et de l’ONU. Les Etats-Unis d’Amérique ont dénoncé une « escalade sinistre » et affirmé que le pouvoir iranien aurait à rendre des comptes (propos dont il aurait fallut préciser le cadre car, si c’est d’un point de vue pénal, pas plus les Etats-Unis d’Amérique que n’importe quel autre pays ne sont en droit d’appliquer une sentence sur des personnes qui appliquent les lois dans leur propre pays – quelques soient ces lois -, du fait de la Souveraineté des Etats. Qui plus est, pour faire « rendre des comptes » à un quelconque régime au pouvoir, il faut envahir le pays en question et y imposer sa propre loi. Cette affirmation des EUA pourraient donc bien dévoiler au grand jour leur intention de faire renverser l’actuel pouvoir en Iran et donc voiler la loi internationale de non ingérence. Il faut dire que les Etats-Unis d’Amérique non se sont toujours considérés comme au-dessus de cette loi internationale) .

Berlin a estimé que « le mépris du régime iranien pour l’humanité est sans limite ». Une source proche du ministère allemand des Affaires étrangères a indiqué, jeudi, que l’ambassadeur d’Iran à Berlin avait été convoqué. Aucun autre détail n’a filtré concernant cette convocation au ministère allemand.

Londres s’est dit « scandalisé » et Rome a jugé que la « répression inacceptable de la part des autorités iraniennes ne peut laisser indifférente la communauté internationale ».

Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme a jugé que la peine de mort était « incompatible avec les droits de l’homme » (ce qui ferait bien d’être rappelé, également, régulièrement, aux Etats-Unis d’Amérique, seul pays occidental à toujours la pratiquer).

Le média en ligne « 1500tasvir » a publié des images de ce qu’il a présenté comme le moment où la famille Shekari a appris la nouvelle de l’exécution devant sa maison à Téhéran. Elles montrent une femme se tordant de douleur et criant maintes fois « Mohsen! »

Selon « Mizan Online », Mohsen Shekari avait été accusé d’être un « ennemi de Dieu » et condamné par le tribunal révolutionnaire de Téhéran le 1er novembre. Son appel a été rejeté par la Cour suprême le 20 novembre.

Didier Maréchal

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