Le chef du Kremlin a offert aux chefs d’États et de gouvernements de la Communauté des États Indépendants (CEI) un anneau en or blanc et jaune. Des objets qui rappellent, à certains, les neuf anneaux de la saga du Seigneur des anneaux. (AFP)

le président russe, Vladimir Putin, a offert huit anneaux à des dirigeants d’ex-URSS alliés de Moscou, mardi 27 décembre, suscitant des interrogations sur la portée de ce message. « C’est simplement un souvenir pour le Nouvel An, il n’y a rien de particulier là-dedans », a minimisé le Kremlin, dans la soirée.

A l’issue d’un sommet de la Communauté des Etats indépendants (CEI), le Kremlin a remis neuf anneaux d’or portant l’inscription « Bonne année 2023 » et l’emblème de cette alliance de plusieurs ex-républiques soviétiques. Les huit chefs d’Etats étrangers présents (Biélorussie, Arménie, Azerbaïdjan, Tadjikistan, Kirghizstan, Turkménistan, Ouzbékistan, Kazakhstan) ont reçu le leur, ainsi que Vladimir Putin.

Des commentateurs ont immédiatement fait un parallèle avec l’œuvre de J.R.R. Tolkien, dans lequel le maître du mal, Sauron, offre neuf anneaux à des dirigeants humains qui deviennent ensuite ses serviteurs, les Nazgûls. Dans le livre, Sauron crée en secret un anneau supplémentaire, l’anneau unique, qui permet de contrôler tous les autres.

Depuis l’offensive du Kremlin en Ukraine, le gouvernement ukrainien compare régulièrement la Russie au Mordor, le royaume de Sauron, et les soldats russes à des Orques, les soldats de Sauron. Selon la politologue russe Ekaterina Schulmann, ces neuf anneaux sont une « blague » visiblement « consciente » du Kremlin. Elle note que l’emblème de la CEI sur les anneaux rappelle la forme de « l’Œil de Sauron » représentée dans l’adaptation du livre au cinéma.

Des critiques du Kremlin, notamment en Ukraine, ont comparé Vladimir Putin à Gollum, personnage corrompu par l’anneau unique, et le président ukrainien Volodymyr Zelensky à Frodon, qui décide de prendre l’anneau unique comme fardeau pour aller le détruire.

Sur la radio russe « Kommersant FM », le journaliste Dmitri Drize note que seul Alexandre Loukachenko, le président biélorusse, l’un des rares alliés catégoriques de Vladimir Putin dans son offensive en Ukraine, a été vu avec le petit anneau au doigt. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a précisé que Vladimir Putin ne porterait pas le sien.

Si l’Ukraine a de son côté pris le parti d’une communication décalée en direction de l’Occident sur les réseaux sociaux, la Russie opte pour un ton plus « traditionnel », tout en imposant ici l’union sacrée a ses partenaires de toujours. Une manière aussi de renforcer les liens avec certains pays tentés par un éloignement d’avec la Russie, comme ce fut le cas récemment pour le Kazakhstan et, dans une moindre mesure, l’Ouzbékistan.

Joseph Kouamé