Le Pakistan débloque l’accès à Wikipédia sur son territoire après l’avoir bloqué pour contenu jugé blasphématoire

Le Pakistan avait menacé et donné 48h à l’encyclopédie en ligne pour supprimer des contenus jugés blasphématoires. (Avec AFP).

Entre samedi 4 et lundi 6 février, Wikipédia n’était plus accessible au Pakistan. Un blocage de l’encyclopédie décidé par le pays en raison d’une publication jugée blasphématoire. De nouveau accessible mardi 7 février au Pakistan, le site avait été bloqué par l’Autorité des télécommunications pakistanaises (PTA). La sanction a été décidée après que le site a “omis de répondre à notre demande répétée concernant la suppression d’un contenu blasphématoire et n’avoir pas respecté le délai” imparti pour ce retrait, avait expliqué à l’AFP, un porte-parole de la PTA, samedi, sans dire quel contenu lui posait problème.

Les pakistanais ont retrouvé la possibilité de consulter l’encyclopédie en ligne Wikipédia après trois jours de blocages. En effet, ce lundi 6 février, le premier ministre, Shehbaz Sharif, a ordonné le déblocage de celle-ci après que le panel d’experts qu’il avait réunis a jugé la mesure de blocage « inappropriée ».

Dans un communiqué, la Fondation Wikimedia, qui gère Wikipédia, avait estimé que le blocage « empêchait la cinquième nation la plus peuplée au monde d’accéder au plus grand référentiel de connaissances gratuit (…) Si cela continue, cela privera également le monde de l’accès aux connaissances, à l’histoire et à la culture du Pakistan ».

Usama Khilji, un défenseur des droits numériques pakistanais, avait jugé le blocage de Wikipédia inconstitutionnel. Selon lui, il était le résultat d’« un effort concerté pour exercer un plus grand contrôle sur le contenu sur Internet ». « L’objectif principal est de faire taire toute dissidence », a-t-il déclaré à l’Agence France-Presse (AFP), relevant que « le blasphème est souvent utilisé à cette fin ». Ça n’est pas la première fois que le Pakistan, pays à forte majorité musulmane, bloque d’importants services Internet pour des motifs religieux.

Ce contrôle d’Internet observé ces derniers jours n’est pas une première au Pakistan. Certaines pages de l’encyclopédie y ont déjà été censurées. Le pays, où les musulmans sont largement majoritaires, a également déjà interdit temporairement Facebook et YouTube. Là encore, les sanctions avaient été prises après des publications jugées blasphématoires, et ce, malgré les critiques émanant des défenseurs de la liberté d’expression. De son côté YouTube est resté inaccessible de 2012 à 2016 en raison d’un film anti-islam dont la diffusion avait mené à l’époque à des violences qui avaient entraîné la mort de plusieurs personnes. Les gouvernements pakistanais successifs ont en commun de vouloir contrôler Internet et les médias.

En 2014, Twitter avait accepté la demande du pays en bloquant, pour la première fois l’accès à des contenus considérés comme portant atteinte à l’islam. Plus récemment, la populaire plate-forme de partage de vidéos TikTok a été bloquée à plusieurs reprises dans le pays pour des contenus jugés « indécents » et « immoraux ».

Joseph Kouamé

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