Le gouvernement chinois a nié, ce lundi, les propos d’Antony Blinken, qui a affirmé, dimanche, que «la Chine envisage de fournir un soutien létal à la Russie». (avec » Le parisien »).
Antony Blinken a mis solennellement en garde la Chine contre la tentation de fournir une aide militaire à la Russie, en pleine escalade des relations sino-états-uniennes, exacerbées par la crise du « ballon » espion. « La Chine envisage de fournir un soutien létal à la Russie » a déclaré le Secrétaire d’État états-unien, le 19 février, faisant part de son « inquiétude » devant les caméras de CBS dans la foulée d’une entrevue musclée avec Wang Yi, le plus haut diplomate du régime communiste, à la Conférence sur la Sécurité européenne, à Munich.
« Essentiellement des armes » a enfoncé Blinken, agitant le spectre d’une extension du conflit ukrainien, à l’approche du premier anniversaire de l’intrusion. Et de mettre en garde la Chine contre les «implications et les conséquences», s’il s’avérait qu’elle apporte un «soutien matériel» à la Russie ou l’aidait à échapper aux sanctions occidentales.
Le gouvernement chinois n’a pas mis de temps pour dénoncer les agissements des États-Unis , l’accusant de nourrir les flammes du conflit, ciblant le soutien militaire occidental à Kiev. « Ce sont les États-Unis qui fournissent sans cesse des armes sur le champ de bataille, pas la Chine », a déclaré Wang Wenbin, le porte-parole du ministère des affaires étrangères, le 20 février. Avant de les exhorter à« cesser de se défausser de leurs responsabilités » et de diffuser des « fausses informations ».
La Chine refuse toute leçon au sujet de son « partenariat sans limites » scellé avec le Kremlin, qu’elle s’apprête à renouveler un an après l’intrusion, en dépit des appels occidentaux, comme l’illustre la visite de Wang Yi à Moscou cette semaine, en attendant celle attendue de Xi.
« Les États-Unis ne sont pas qualifiés pour donner des ordres à la Chine. Nous n’acceptons jamais que les États-Unis pointent le doigt sur les relations sino-russes, ou même menacent et fassent pression » a déclaré le porte-parole, en pleine escalade depuis que Joe Biden a fait abattre un ballon espion chinois, qui a survolé le territoire des Etats-Unis d’Amérique, début février, entrainant l’annulation de la première visite de Blinken dans la capitale chinoise.
Les États-Unis avaient déjà mis en garde la Chine contre une aide militaire à son partenaire, en mars dernier, sans apporter, depuis, de preuves, et reviennent à la charge, en partageant une nouvelle fois des « renseignements » auprès de leurs alliés, dont les détails restent jalousement gardés des médias. Une stratégie de communication déjà utilisée..
Les experts accueillent avec prudence ces nouvelles accusations, rappelant la prudence de l’Usine du Monde, qui marche sur la corde raide entre son « partenariat sans limite » scellé avec le Moscou, et la crainte d’être rattrapée à son tour par les sanctions occidentales, à l’heure où elle tente de relancer sa croissance. « À ce stade, il n’y pas de signe que la Chine fournira une aide létale à la Russie » juge Chen Gang, chercheur à la National University of Singapore (NUS). D’autres pointent une imbrication grandissante des industries de défense russe et chinoise, à l’ombre des sanctions occidentales.
«Plan de paix»
La mise au point de Blinken sonne comme un avertissement, à l’heure où Moscou se tourne toujours plus vers Pékin en quête de substituts pour équiper son industrie, incluant des technologies « duales », ayant des applications aussi bien civiles, que militaires, comme les semi-conducteurs. Des entreprises publiques du secteur de la défense ont fournis des composants utilisés par des constructeurs d’avions militaires Russes sanctionnés par les États-Unis d’Amérique, a révélé le Wall Street Journal, le 4 février. Une zone grise offrant un appui discret à l’effort de guerre russe. La start up Spacety China a fourni des imageries satellites a Wagner, l’armée privée russe, rejoignant la liste noire états-unienne, en janvier. « Les Américains s’inquiètent des technologies duales et tracent une ligne rouge. Mais il serait surprenant que la Chine choisisse une escalade du conflit Ukrainien, synonyme d’instabilité » juge Raffaello Pantucci, chercheur à la Nanyang Technological University, à Singapour. Une aide militaire directe à Moscou marquerait un seuil dans le conflit, attisant encore des relations sino-états-unienne déjà à couteaux tirés en Asie-Pacifique.
Joseph Kouamé