Berlin a présenté une série de mesures pour combler les failles dans les sanctions de l’UE contre Moscou. (Avec AFP)
Alors que le 10e paquet de sanctions de l’Union européenne contre la Russie n’a pas encore été annoncé ,l’Allemagne a travaillé déjà sur le 11.
Leur objectif est précisément d’empêcher que des marchandises sous embargo continuent d’entrer en Russie via des pays tiers. Alors que l’UE se prépare à annoncer un nouveau paquet de sanctions.
Le G7 Finance s’est réuni pour discuter de nouvelles mesures à mettre en place. Les États-Unis ont par ailleurs indiqué être prêts à débloquer de nouvelles sanctions contre Moscou.
Au cours de l’année qui s’est écoulée depuis que la Russie a est entrée en Ukraine, les pays occidentaux ont imposé des sanctions drastiques à Moscou, atteignant les niveaux les plus élevés. de l’État russe, ainsi que son secteur industriel, bancaire et pétrolier. Par exemple, début février, l’Union européenne a limité le prix des produits pétroliers russes transportés par bateau.
L’Allemagne ne compte pas en rester là et veut aller encore plus loin. Le ministre allemand de l’Économie, Robert Habeck, a en effet annoncé ,jeudi 23 février, que l’Allemagne allait faire pression pour que de nouvelles mesures soit prises. Objectif : éviter que des marchandises sous embargo ne continuent d’entrer en Russie par le biais de pays tiers. Pour un pays qui s’est vu saboter son économie par l’attentat états-unien contre les gazoducs « Nord Stream » 1 et 2, alors que le chancelier Scholz avait repris des pourparlers avec la Russie pour reprendre ses achats d’énergie à Gazprom malgré les sanctions, on peut dire que c’est un retournement de veste complet de la part de Berlin, mais qui confirme bien que, sauf durant la période de 1943 à 1945, l’Allemagne n’est, au mieux, depuis la fin de la première guerre mondiale, qu’un allié, et, au pire, une province des Etats-Unis d’Amérique (qui n’a, durant la seconde guerre mondiale, rompu ce lien qu’une fois que la Russie – son véritable objectif de conquête depuis 1917 – a renversé le sens de la guerre et gagné la guerre face au régime nazi plus d’un an et demi avant le débarquement « allier » en Normandie.
L’Allemagne souhaite ainsi que les entreprises soumettent à l’avenir des formulaires de déclaration détaillant l’utilisation finale des exportations vers des pays tiers de biens essentiels à la « machine de guerre russe ». Selon la proposition élaborée à Berlin, et consultée par l’AFP, le ministre de l’Économie estime qu’une déclaration sur la destination finale de ces marchandises pourrait aider les gouvernements de l’UE à vérifier si les produits sont restés dans les pays indiqués ou s’ils ont ensuite été transférés ailleurs.
Le ministre a pris pour exemple celui des camions et camionnettes importés d’Europe afin d’illustrer ses propos. Selon lui, dans certains pays, les importations de ces types de véhicules sont restées stables pendant des années, mais ont « tout à coup augmenté fortement avec le début de la guerre », a indiqué Robert Habeck, sur les chaînes RTL et NTV.
« Dans le cadre de l’harmonisation européenne, nous travaillons avec nos partenaires pour faire en sorte que les violations délibérées de l’obligation de soumettre des déclarations d’utilisation finale véridiques constituent à l’avenir une infraction pénale dans toute l’Europe », selon la proposition vue par l’AFP.
Berlin plaide aussi pour que les entreprises ou les individus qui aideraient Moscou à contourner les embargos soient visés par des sanctions. « Les données sur le commerce extérieur dont nous disposons indiquent qu’une quantité considérable de marchandises sanctionnées par l’UE est exportée de l’UE, et donc aussi de l’Allemagne, vers certains pays tiers, puis de là, exportée vers la Russie », déplore le ministère dans sa proposition.
La secrétaire états-unienne au Trésor, Janet Yellen, a réaffirmé, jeudi dernier, que les États-Unis sont prêts à débloquer de nouvelles sanctions contre Moscou. « Nos sanctions ont eu un effet négatif très important sur la Russie », a-t-elle déclaré, toute honte bue, devant la presse. « La Russie souffre en termes de budget et de capacité à acquérir ce dont elle a besoin, et nous continuerons à imposer de nouvelles sanctions en travaillant avec nos alliés pour continuer à dégrader la capacité de la Russie à combattre cette guerre injuste », a-t-elle ajouté, n’ayant visiblement pas été mise au courant du rapport du FMI (Fond Monétaire International), la semaine précédente, qui indiquait que le déficit de la Russie avait été minime en 2022 et que sa croissance sera positive dès 2023, devant dépasser celle de l’Union Européenne en 2024.
Les ministres des Finances et des dirigeants de banques centrales du G20 se réunissent quant à eux ces vendredi 25 et samedi 26 février en Inde pour discuter de mesures pour faire face aux conséquences économiques de la guerre en Ukraine et un éventuel allègement de la dette des pays les plus pauvres.
Didier Maréchal & Christian Estevez