Les marchés boursiers européens ont pris un coup ce vendredi 24 mars, en raison de la faiblesse de la Deutsche Bank, qui a alimenté les inquiétudes concernant le système bancaire, mais Wall Street a rebondi du marasme pour terminer dans le vert.
En Europe, les places ont chuté de 1,74% à Paris, de 1,66% à Francfort, de 1,26% à Londres après une première partie de semaine dans le vert consécutivement au rachat en catastrophe de Credit Suisse par sa rivale UBS.
L’incertitude qui se propage sur les marchés », a conduit « le secteur bancaire à abandonner tous ses gains depuis le début de l’année en l’espace de trois semaines », commente Michael Hewson, analyste de CMC Markets.
Le secteur bancaire de l’indice élargi Stoxx Europe 600 a reflué pour sa part de 3,53%, après une nette augmentation du coût de l’assurance contre le risque de défaut (CDS) de plusieurs banques européennes, Deutsche Bank en tête. Rudoyée, la première banque allemande a dévissé de 8,53% après s’être enfoncée de plus de 13%. Commerzbank a lâché 5,45% à Francfort.
Michael Hewson ne perçoit « pas de catalyseur clair » pour expliquer le mouvement baissier du jour « autre que les incertitudes concernant la perspective de futures hausses de taux et les effets que cela pourrait avoir sur la stabilité financière » et sur le reste de l’économie.
À Paris, l’action Société Générale a cédé 6,13%, la plus forte baisse de l’indice CAC 40, BNP Paribas a perdu 5,27%. À Londres, Standard Chartered a dévissé de 6,42%, mais aussi Barclays (-4,21%) ou Natwest (-3,58%).
Les récentes mesures des banques centrales pour améliorer l’accès aux liquidités et les efforts pour rétablir la confiance dans le système bancaire ont évité la panique, mais ne sont pas parvenues à ramener la stabilité sur les marchés. Les déclarations de Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), réaffirmant la résilience du système bancaire qui « dispose de solides positions en termes de capital et de liquidités », et celles d’Olaf Scholz ou d’Emmanuel Macron, qui se voulaient rassurantes, n’ont pas su calmer les esprits. « La zone euro est la zone où les banques sont les plus solides », a affirmé le président français, tandis que le chancelier allemand a jugé qu’il « n’y a pas lieu de s’inquiéter » pour la Deutsche Bank.
Le président états-unien, Joseph Biden, a lui affirmé, vendredi, à Ottawa (Canada) que les « banques se portaient plutôt bien » et qu’il ne voyait rien « sur le point d’exploser ». En déplacement chez son voisin canadien, le président états-unien a toutefois reconnu qu’il faudrait « un peu de temps pour que les choses se calment ».
À New York, Wall Street est parvenu à surmonter son angoisse et à redonner de l’élan à ses indices. Le Dow Jones a gagné 0,41%, l’indice Nasdaq a pris 0,31% et l’indice élargi S&P 500 a glané 0,57%. « Le marché digère une semaine très volatile », a commenté Adam Sarhan, de 50 Park Investments. Dans ce contexte, « l’absence de mauvaise nouvelle est considérée comme un point positif. Le fait qu’aucune banque majeure ne soit tombée cette semaine est, en soi, favorable. » De fait, l’indice VIX, qui mesure la volatilité du marché, a fini en repli de 3% après avoir bondi de 11% en début de journée.
Cible favorite de Wall Street depuis la défaillance de trois établissements états-uniens, la banque régionale First Republic (FRC) a limité ses pertes (-1,44%) après avoir cédé jusqu’à plus de 6%.