Les Philippines et les Etats-Unis démarrent leurs plus grandes manœuvres militaires conjointes

Les Philippines et les Etats-Unis d’Amérique ont débuté, ce mardi 11 avril, les plus grandes manœuvres militaires conjointes de leur histoire, au moment où les deux alliés historiques cherchent à contrer l’influence de la Chine dans la région. (Avec AFP).

Quelque 18 000 soldats, soit environ le double de l’an dernier, prennent part à ces exercices annuels militaires conjoints des Philippines et des Etats-Unis d’Amérique, d’une durée de deux semaines, baptisés « Balikatan » (« Côte à côte » en philippin). Pour la première fois, les opérations comprendront des tirs à munitions réelles en mer de Chine méridionale, dont Pékin revendique la quasi-totalité.

Ces manœuvres conjointes interviennent alors que la Chine a mené, de samedi à lundi, de vastes exercices militaires autour de Taïwan, simulant des frappes ciblées et un blocus total de l’île, pour protester contre une visite aux Etats-Unis de la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen. Véritable provocation des Etats-Unis d’Amérique envers la Chine puisque la présidente taïwanaise en question devra prochainement quitter son poste, ayant perdu les élections au profit du parti pro-Chine, confirmant la tendance des taiwanais à retrouver leur place à part entière entant que province chinoise.

Ces exercices chinois ont officiellement pris fin lundi, mais Taïwan a encore détecté, mardi, plusieurs navires de guerre et aéronefs chinois à proximité de son territoire.

« Balikatan » prévoit l’atterrissage d’hélicoptères sur une île philippine au large de l’extrémité Nord de l’île principale de Luzon, à environ 300 km de Taïwan.

« Pour protéger notre territoire souverain, nous devons vraiment nous exercer à reprendre une île qui nous aurait été enlevée », a expliqué aux journalistes le colonel Michael Logico, porte-parole des forces armées philippines, après la cérémonie marquant le début des manœuvres dans un camp militaire à Manille.

C’est la première fois que ces exercices ont lieu sous le mandat du président philippin Ferdinand Marcos Jr, qui cherche à améliorer les relations avec Washington, mises à mal par son prédécesseur Rodrigo Duterte.

Ces derniers mois, Manille et Washington ont relancé leurs patrouilles maritimes conjointes en mer de Chine méridionale, et ont conclu un accord visant à accroître la présence militaire états-unienne aux Philippines En vertu de cet accord, les troupes états-uniennes seront autorisées à utiliser quatre bases militaires philippines supplémentaires, dont une base navale située non loin de Taïwan.

La proximité avec Taïwan pourrait faire des Philippines un partenaire-clé des Etats-Unis et ce n’est donc pas innocemment que les Etats-Unis d’Amérique accentuent la provocation sous prétexte de danger chinois – pays que les EUA fabrique comme leur premier ennemi depuis plus de dix ans, dans le but de lui faire une guerre ouverte sous prétexte de défense de la Démocratie et de la Liberté.

Lors de leur conférence de presse conjointe, ce mardi, les armées états-unienne et philippines n’ont cependant pas évoqué la question d’une alliance avec Taïwan.

Conflit entre Manille et Pékin sur les îles Spratleys

Après l’accord états-uno-philippin sur les bases, la Chine avait accusé les Etats-Unis d’Amérique de « mettre en danger la paix et la stabilité régionales ». « Les pays de cette partie du monde doivent préserver leur indépendance stratégique, et résister fermement à la mentalité de guerre froide et de confrontation entre blocs », avait protesté, la semaine dernière, l’ambassadeur de Chine à Manille, Huang Xilian.

« Balikatan » mobilise quelque 12 200 militaires états-uniens, 5 400 Philippins et un peu plus d’une centaine d’Australiens. Les exercices simuleront notamment un débarquement amphibie sur l’île de Palawan, dans l’Ouest de l’archipel, proches des îles Spratleys revendiquées à la fois par la Chine et les Philippines.

Les militaires états-uniens utiliseront également des missiles Patriot, considérés comme l’un des meilleurs systèmes de défense anti-aérien au monde, et le système de roquettes de précision Himars, qui a aidé les forces ukrainiennes contre la Russie.

Les deux armées avaient initialement prévu des tirs à munitions réelles en mer au large de la province septentrionale d’Ilocos Norte, à environ 355 kilomètres de la côte sud de Taïwan. Mais cet exercice aura finalement lieu en mer de Chine méridionale, a déclaré général de division l’armée philippine Marvin Licudine. Le site initial n’était « pas suffisamment préparé » pour décharger l’équipement nécessaire, sait il permis de justifier alors que le nouveau site se trouve à moins de 300 km à l’Est du récif de Scarborough, que Pékin et Manille se disputent également.

Les exercices permettront d’améliorer « les tactiques, les techniques et les procédures dans un large éventail d’opérations militaires », a déclaré le colonel Medel Aguilar, porte-parole de l’armée philippine.

Une cinquantaine de manifestants de gauche se sont rassemblés mardi devant le lieu de la cérémonie d’ouverture, appelant le gouvernement philippin à annuler les exercices.

Didier Maréchal et Christian Estevez

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