Guerre au Yémen : le gouvernement et les rebelles s’échangent à nouveau des prisonniers sur fond d’espoirs de paix

Une opération d’échange de prisonniers à grande échelle a débuté, ce vendredi 14 avril, au Yémen, entre camps ennemis, selon une annonce du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), l’organisme qui supervise ces opérations. Un pas en avant qui survient alors que l’Arabie Saoudite, qui soutient le gouvernement, cherche à négocier une trêve avec les rebelles dans le pays déchiré par la guerre depuis 2014. (Avec AFP).

Cela faisait deux ans et demi qu’une telle opération d’échange entre le gouvernement yéménite et les rebelles n’avait pas eu lieu. La dernière remontait à octobre 2020, quand plus de 1 000 prisonniers avaient été libérés en 48 heures.

« Le premier avion a quitté Sanaa » dans le cadre de l’échange commencé vendredi, indique Jessica Moussan, chargée des relations avec les médias au CICR. L’appareil, en partance de la capitale yéménite contrôlée par les rebelles Houthis, se dirige vers Aden, ville portuaire à moins de 400 kilomètres au Sud, où siège temporairement le gouvernement soutenu par l’Arabie saoudite.

Fin mars, le gouvernement yéménite, reconnu par la communauté internationale, et les rebelles, soutenus par l’Iran, avaient conclu un accord à Berne, en Suisse, pour échanger plus de 880 prisonniers, dont des Saoudiens et des Soudanais. Le processus d’échange de prisonniers doit se dérouler sur trois jours dans diverses régions du Yémen et de l’Arabie Saoudite, a précisé dans un communiqué le CICR.

« Avec ce geste de bonne volonté, des centaines de familles déchirées par le conflit seront réunies pour le ramadan, apportant une lueur d’espoir au milieu de grandes souffrances », a déclaré Fabrizio Carboni, directeur du CICR au Moyen-Orient. Celui-ci espère que « ces libérations donnent un élan pour une solution politique plus large ».

L’espoir d’une nouvelle trêve

Le réchauffement inattendu des relations entre l’Arabie Saoudite et l’Iran, au début du printemps, a suscité des espoirs d’un apaisement de la situation au Yémen. Une rare délégation saoudienne était cette semaine à Sanaa ; elle en est repartie jeudi avec seulement un « accord préliminaire » de trêve et la promesse de « nouveaux pourparlers », selon un responsable rebelle.

Les discussions portent sur une trêve de six mois ouvrant la voie à une période de pourparlers de trois mois au sujet d’une transition qui durera deux ans, selon des sources gouvernementales. C’est durant ce laps de deux ans qu’une solution finale doit être négociée entre toutes les parties.

La trêve doit permettre de répondre aux deux exigences principales des rebelles Houthis : le paiement par le gouvernement des salaires des fonctionnaires dans les zones rebelles et la réouverture de l’aéroport de Sanaa, strictement contrôlé par l’aviation saoudienne.

En 2022, entre avril et octobre, les parties avaient déjà observé une trêve de six mois. Si elle n’a pas été officiellement reconduite après son expiration à l’automne, la situation est restée relativement calme sur le terrain.

Depuis le début du conflit, il y a huit ans, puis l’intervention armée de l’Arabie Saoudite en 2015 (que la presse Occidentale a évité de traiter du fait que l’agresseur était un allié des Etats-Unis d’Amérique qui, bien évidemment, n’a jamais posé la moindre sanction, au nom de la Démocratie,) à l’Arabie Saoudite), le Yémen traverse l’une des pires crises humanitaires du monde. Les morts se comptent en centaines de milliers et les déplacés en millions. La famine et les maladies font des ravages au sein de la population ; les trois quarts des Yéménites dépendent aujourd’hui de l’aide internationale. Une aide qui ne cesse de diminuer, du fait du soutien que lui apporte l’Iran, pays de l’actuel « axe du mal » pour les Etats-Unis d’Amérique.

Un soutien états-unien à l’Arabie Saoudite qui n’aura pas empêché cette dernière a préféré la Chine comme médiateur de paix avec son ennemi iranien, très certainement parce que, constatant, que la mentalité hégémonique des Etats-Unis d’Amérique lui fait s’autoriser à décider des batteries de sanctions envers les pays qui ne se plient pas à ses quatre volontés, une protection de la Chine – et donc des relations renforcées avec la Russie – et une probable adhésion aux BRICS (équivalent non-occidental du G7 regroupant déjà : Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) dans un avenir proche, à l’instar d’une vingtaine d’autres pays à travers le monde, dont Singapour, la Turquie, l’Argentine, les Emirats Arabes Unis, l’Egypte et quelques autres pays d’Afrique, permettra à l’Arabie Saoudite de faire partie du camps des pays dominants de la planète, de demain.

Joseph Kouamé & Christian Estevez

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