Au Cameroun, le président du Sénat, Marcel Niat Njifenji, a été reconduit officiellement, ce mercredi 19 avril, à son poste, pour un mandat de cinq ans après les sénatoriales de mars 2023, pour 70 postes et les 30 nominations par décret présidentiel.
Deuxième personnage de l’État selon la Constitution, il a été réélu à la majorité absolue par ses pairs sénateurs. Agé de 88 ans, Marcel Niat Njifenji préside le Sénat depuis sa création en 2013, il y a dix ans. Une reconduction alors qu’à l’Assemblée nationale, Cavaye Yeguié Djibril, 83 ans a, lui, été reconduit fin mars au perchoir pour la 31e année consécutive. Pas de changement donc à la tête des deux chambres du Parlement camerounais.
Selon une source proche du gouvernement Biya, il n’y a pas lieu de se focaliser sur l’âge des individus, le débat n’est pas générationnel, la «question-clé, c’est l’efficacité». «Dans tous les pays du monde, lorsqu’on a la chance d’avoir la même majorité au niveau du législatif et de l’exécutif, on essaie d’avoir comme acteurs dominants des personnes de confiance et d’expérience, capables de s’assurer en toutes circonstances de la traduction législative du projet de société du Président de la République», précise davantage le parti au pouvoir, prouvant, en se sentant obligé de justifier les âges des deux hommes, que cela constitue, en fait, bien un réel problème de Démocratie violée par des personnes qui s’accrochent au pouvoir de façon dictatoriale et alors que l’âge moyen nationale de la population camerounaise est de 18,5 ans.
Pour le député de l’opposition et président du PCRN, Cabral Libii, déclaré troisième à la présidentielle de 2018, cette cohérence est un «immobilisme» et un «message simple»: ceux qui dirigent le Cameroun «nous montrent tous les ans qu’ils iront jusqu’au bout avec les mêmes personnes. Il n’y a pas de signal à attendre de leur part, à nous de préparer l’après». Et notamment l’élection présidentielle prévue en 2025.
Âgé de 90 ans, le chef de l’Etat Paul Biya en a passé 40 ans à la tête du pays. Il apparaît aujourd’hui fatigué, ce qui préoccupe de nombreux Camerounais qui se demandent si Paul Biya est encore apte à diriger le pays. Pourtant, dans son discours à la Nation, le 11 février dernier, jour de la fête de la jeunesse au Cameroun, Paul Biya s’est voulu rassurant pour l’avenir.
Il est actuellement le plus vieux chef d’État (concrètement, le plus vieux dictateur) au pouvoir au monde, le quatrième plus ancien en fonction après la reine Margrethe II du Danemark, le roi Charles XVI Gustave de Suède et le président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, de la Guinée équatoriale.
Joseph Kouamé & Christian Estevez