Le photographe allemand Boris Eldagsen a été récompensé lors des Sony World Photography Awards 2023 pour son œuvre “Pseudomnesia: The Electrician”. Ce dernier a finalement refusé le prix, et avoué que son cliché était une image générée par l’intelligence artificielle Dall-E.
La question de l’intelligence artificielle n’a jamais été aussi passionnante. Lors des prestigieux Sony World Photography Awards à Londres, l’artiste allemand Boris Eldagsen a été honoré avec la photo Pseudomnesia: The Electrician. Un prix qui a été refusé par le photographe, qui a admis plus tard avoir utilisé l’intelligence artificielle pour créer l’image.. Il espère ainsi lancer le débat sur l’intrusion des IA dans le monde de l’art.
Boris Eldagsen, 53 ans, est Allemand, cela fait trente ans qu’il fait de la photographie d’art, des montages psychédéliques et fantasmagoriques, et il vient de remporter un prix aux prestigieux Sony World Photography Award dans la catégorie créativité.
L’œuvre primée est un portrait en noir et blanc de deux femmes que l’on croirait tout droit sorties des années 1940 : l’une est jeune, le regard intense, profond, tourné vers le lointain, et l’autre, plus âgée, se tient derrière elle, les mains posées sur ses épaules regardant vers le bas, là aussi avec une intensité particulièrement bien immortalisé. La bonne émotion, captée au bon moment. Sauf que Boris Eldagsen n’a rien capté du tout.

Il l’a révélé lui-même, cette photo n’est pas une photo, c’est une image créée par une intelligence artificielle. Ces deux femmes n’existent pas. Cette scène n’existe pas. Sauf que les membres du jury ne l’ont pas remarqué. « En fait, explique-t-il sur son blog, j’ai voulu faire un test, pour voir si le monde de la photographie était prêt à gérer l’intrusion de l’IA dans les concours internationaux, et visiblement ce n’est pas le cas. » Boris Eldagsen a donc annoncé qu’il refusait le prix, le jury a retiré son œuvre de son site. Mais le malaise est là.
Progression fulgurante de l’intelligence artificielle
En six mois, les progrès de l’intelligence artificielle spécialisée dans la production photo sont vertigineux, exponentiels. En septembre, on peut dire qu’une photo a été créée par IA car le logiciel ne maîtrise pas certains détails, comme les mains, les jointures, les ongles, qui ne sont pas bien esquissés. . Aujourd’hui, le logiciel lui-même a appris, corrigé ses lacunes et progressé au point où personne ne peut faire la différence entre un avatar de main inventé par une machine et un avatar créé par l’homme. . Personne, sauf un ordinateur.
Et c’est là que ça devient vertigineux : désormais seule l’intelligence artificielle peut dire si une photo a été créée par un humain ou un ordinateur. D’où l’importance du message de Boris Eldagsen sur l’urgence de s’interroger sur ce qui se passe, non seulement d’observer l’avancée de la technologie mais de se poser des questions. Que veut-on faire de ces intelligences artificielles ? Que voulons-nous voir ? Que veut-on montrer ? Il implique des organisations, le gouvernement, les médias, le monde de l’éducation, évidemment plus qu’un petit comité de prix de photographie.
Didier Maréchal