Festival de Cannes 2023 : la Palme d’or décernée à “Anatomie d’une chute” de la française Justine Triet – Voici le palmarès complet

Le 76e festival de Cannes s’est achevé samedi 27 mai avec la traditionnelle cérémonie de clôture. Après dix jours de séances intensives et 21 films en sélection, le jury présidé par Ruben Östlund a finalement sacré la réalisatrice française qui n’a pas manqué de charger le gouvernement.

La réalisatrice française Justine Triet a décroché la Palme d’or avec son film-procès, « Anatomie d’une chute », et Jonathan Glazer le Grand prix avec « The Zone of Interest » qui aborde la Shoah du côté des bourreaux nazis.

Justine Triet est la troisième réalisatrice ainsi consacrée à Cannes et la deuxième française après Julia Ducournau, membre du jury cette année.

Troisième femme à être récompensée dans l’histoire du Festival de Cannes, samedi 27 mai, la réalisatrice d’ « Anatomie d’une chute » a saisi l’occasion de son prix pour dénoncer sur scène un « pouvoir dominateur » et une « marchandisation de la culture ». La ministre de la culture, Rima Abdul Malak a regretté un discours « injuste ».

Après les traditionnels remerciements, Justine Triet a estimé qu’elle ne pouvait pas « se contenter d’évoquer [sa] joie ». « Cette année, le pays a été traversé par une contestation historique, extrêmement puissante, unanime de la réforme des retraites. Cette contestation a été niée, et réprimée de façon choquante. Et ce schéma de pouvoir dominateur de plus en plus décomplexé éclate dans plusieurs domaines : socialement, mais aussi dans toutes les autres sphères de la société, et le cinéma n’y échappe pas. »

Largement applaudie par le public, elle poursuit : « La marchandisation de la culture que le gouvernement néo-libéral défend est en train de casser l’exception culturelle française. Ce prix, je le dédie à toutes les jeunes réalisatrices, à tous les jeunes réalisateurs, et même à ceux qui aujourd’hui n’arrivent pas à tourner. »

À défaut d’avoir pu le faire directement au micro, la ministre de la Culture Rima Abdul Malak a réagi quelques minutes après dans un tweet. Si elle se réjouit de « voir la Palme d’or décernée à Justine Triet », elle se dit aussi « estomaquée par son discours si injuste ».

Les Prix du jury, du réalisateur et du scénario ont été respectivement attribués à « Les Feuilles mortes » d’Aki Kaurismäki, et à « La Passion de Dodin Bouffant » de Tran Anh Hùng et à Yuji Sakamoto, scénariste de « Monster ».

Le premier, qui correspond au coup de cœur du jury présidé par le réalisateur suédois Ruben Östlund, a récompensé le cinéaste finlandais, qui avait déjà remporté à Cannes le Grand Prix 2002 pour « L’Homme sans passé ». Les jurés ont salué la continuité et la cohérence d’Aki Kaurismäki dans ses sujets et ses mises en scène, dont la dominante sociale et la modestie inventive privilégient le mélodrame et le langage cinématographique de l’image sur les dialogues. Un lien avec les origines du cinéma muet, qui passe ici par un hommage explicite aux Lumières de la ville (1931) de Charlie Chaplin.

Didier Maréchal

Le palmarès complet

PALME D’OR

«Anatomie d’une chute» de Justine Triet

GRAND PRIX

«The Zone of Interest» de Jonathan Glazer

PRIX DU JURY

«Les Feuilles mortes» d’Aki Kaurismäki

PRIX DE LA MISE EN SCÈNE

Trần Anh Hùng pour «La Passion de Dodin Bouffant»

PRIX DU SCÉNARIO

Yūji Sakamoto pour «Monster»

PRIX D’INTERPRÉTATION FÉMININE

Merve Dizdar pour «Les Herbes sèches» de Nuri Bilge Ceylan

PRIX D’INTERPRÉTATION MASCULINE

Kōji Yakusho pour «Perfect Days» de Wim Wenders

PALME DU COURT-MÉTRAGE

«27» de Flóra Anna Buda

MENTION SPÉCIALE DU COURT-MÉTRAGE

Fár de Gunnur Martinsdóttir Schlüter

CAMÉRA D’OR

«L’Arbre aux papillons d’or» de Pham Thien An

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