A six mois des élections législatives, le parti socialiste du Premier ministre Pedro Sánchez a subi une très lourde défaite lors des élections municipales et régionales de ce dimanche 29 mai en Espagne. Un signe annonciateur des difficultés que le parti pourrait rencontrer pour se maintenir au pouvoir à la fin de l’année.
Le Parti populaire a recueilli le plus grand nombre de voix aux municipales et ravit plusieurs régions au Parti socialiste. Ce double scrutin était considéré comme une répétition générale avant les élections législatives
Les élections municipales et régionales étaient un véritable test pour le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez. Même si les sondages annonçaient tous une victoire de la droite lors de ce double scrutin, les pertes ont été plus importantes que prévues pour le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de Pedro Sánchez. Le Premier ministre a annoncé, ce lundi, des élections législatives anticipées, dès le 23 juillet.
Le chef du Parti populaire (PP), principal parti de l’opposition de droite, Alberto Núñez Feijóo, a immédiatement annoncé « un nouveau cycle politique », alors qu’il fait office de favori pour succéder à Pedro Sánchez. Juan Manuel Moreno Bonilla, président conservateur de l’Andalousie, qui a obtenu une majorité absolue en juin dernier dans cet ancien fief des socialistes, a de son côté parlé d’ « un pas de géant » vers l’élection d’Alberto Núñez Feijóo.
Le parti socialiste du premier ministre Pedro Sanchez a subi un très net revers lors des élections municipales et régionales de dimanche en Espagne. Le PP a atteint son premier objectif, qui était d’être le parti recueillant le plus grand nombre de voix aux municipales: il a recueilli plus de 7 millions de voix (31,5%) contre un peu plus de 6,1 millions au Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de Pedro Sanchez (28,1%).
Mais outre le PP, l’autre grand vainqueur est le parti d’extrême-droite « Vox », déjà troisième force politique au Parlement, qui, avec plus de 1,5 million de voix aux municipales (7,19%), a doublé son score en quatre ans et effectué une poussée spectaculaire dans de nombreux parlements régionaux.
Surtout, selon la Télévision publique TVE et le quotidien « El País », le PP a conquis au moins six des dix régions jusqu’alors dirigées (directement ou au sein d’une coalition) par le PSOE: la Communauté valencienne (Est), quatrième du pays par la population, l’Aragon (Centre), l’Extrémadure (Ouest), les Baléares (Est), la Cantabrie et la Rioja (Nord). Le Parti populaire a également conservé les deux régions qu’il détenait (Madrid et Murcie), et a conquis dans les deux la majorité absolue.
«Nous sommes devant une marée de droite en Espagne», a déclaré à la presse le chef du gouvernement sortant de la Cantabrie (Nord de l’Espagne), Miguel Angle Revilla. Le chef du gouvernement socialiste de l’Aragón, Javier Lambán, est allé jusqu’à évoquer un «tsunami» qui a emporté «la muraille» érigée par les socialistes. Tous deux ont été battus. «Le résultat n’est pas celui que nous espérions», a sobrement commenté la porte-parole du Parti socialiste, Pilar Alegría, la mine défaite.
Les élections de ce dimanche portaient sur la totalité des 8131 municipalités, soit 35,5 millions d’électeurs, ainsi que les assemblées de 12 des 17 régions autonomes. Quelque 18,3 millions d’électeurs étaient concernés par ce deuxième vote.
Premier ministre depuis 2018, Pedro Sanchez était confronté à de nombreux handicaps : l’usure du pouvoir, la reprise de l’inflation – même si elle est bien plus basse en Espagne que dans la plupart des autres pays de l’Union Européenne – et à la forte baisse du pouvoir d’achat qui en découle. Il devait aussi faire face aux crises répétées secouant la coalition gouvernementale formée par les socialistes et le parti de gauche radicale « Podemos ».
Droitisation en Europe
Le parti Vox double son nombre de voix aux municipales, il atteint 7% et confirme sa place de troisième force politique du pays. Surtout, les candidats de cette formation nationaliste et anti-immigration font leur entrée dans tous les parlements régionaux en Espagne. Des régions qui ont beaucoup plus de pouvoir qu’en France. Ce qui veut dire que la droite classique va devoir pactiser avec l’extrême-droite pour former des majorités dans ces conseils régionaux, selon Franceinfo. Avec ce vote, l’Espagne suit la tendance politique en Europe : la droitisation. Encore la semaine dernière, la Grèce a reconduit son gouvernement conservateur. Avec les précédents : la droite victorieuse en Finlande il y a deux mois, en Suède l’an dernier, sans oublier l’Italie et sa coalition droite-extrême-droite… Seules exceptions – mais pour combien de temps ? -, le Portugal, gouvernement socialiste, et l’Allemagne, dirigé par une coalition entre les sociaux-démocrates, les Verts et les Libéraux.
Joseph Kouamé