L’ancien chef de l’Otan, Anders Rasmussen, a affirmé que certains pays, comme la Pologne, pourraient franchir la ligne rouge en envoyant des troupes en Ukraine si des garanties de sécurité ne sont pas trouvées lors du prochain sommet, à Vilnius en juillet prochain, rapporte « Le Figaro ».
Normalement l’Otan ne peut pas se permettre d’entrer en guerre officiellement aux côtés de l’Ukraine sans déclencher une guerre mondiale. Elle n’en a pas non plus l’obligation vis-à-vis de Kiev, prévue par l’article 5 du traité qui consacre le principe de « défense collective », car l’Ukraine ne fait pas partie de l’OTAN . Mais certains de ses membres pourraient être tentés d’agir indépendamment, estime l’ancien secrétaire général et ex-premier ministre danois Anders Rasmussen.
Selon le journal britannique « The Guardian », l’ancien homme politique, qui est désormais conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky, n’exclut pas la possibilité que certains pays envoient des troupes si l’OTAN n’apporte pas un soutien spécifique à l’Ukraine lors du sommet de Vilnius, qui est prévue les 11 et 12 juillet. Ces pays ont exigé des garanties tangibles de sécurité et une intégration accélérée à l’OTAN et à l’UE pour l’Ukraine.
La Pologne et les pays baltes prêts à envoyer des troupes ?
«Si l’Otan ne parvient pas à s’entendre sur une voie claire pour l’Ukraine, il y a une probabilité évidente que certains pays agissent individuellement, a signifié celui qui fut secrétaire général de l’alliance de 2009 à 2014. Nous savons que la Pologne est très engagée dans la fourniture d’aide concrète à l’Ukraine, je n’exclurais donc pas la possibilité qu’elle s’engage plus frontalement, accompagnée des pays baltes, en envoyant par exemple des troupes sur le terrain». (ce que ces pays font déjà depuis plus d’un an, par un moyen détourné faisant de leur soldats des engagés volontaires et non plus, officiellement, des soldats de leurs armées nationales respectives – ndlr).
Ces pays pourraient décider «de rassembler une coalition de volontaires» pour aller soutenir le voisin ukrainien, indique Rasmussen. «Les Polonais considèrent que l’Europe occidentale n’a pas écouté leurs mises en garde contre la menace russe» ces dernières années, alerte l’ancien premier ministre danois. Ils pourraient donc choisir de jouer leurs propres cartes.
Invité du podcast « Brussels Sprouts », organisé par le « Center for a New American Security », l’actuel patron de l’Otan, Jean Stoltenberg, a déclaré que le sommet de Vilnius enverrait un signal fort de soutien à l’Ukraine. D’après lui, les garanties de sécurité seront bien à l’ordre du jour, mais que l’Otan ne pouvait habituellement en fournir qu’aux membres à part entière…
Plusieurs garanties exigées
Les pays de l’Est n’accepteront certainement pas ce refrain, selon Rasmussen. Ils réclament des garanties de sécurité écrites, dont le partage de renseignements, la formation de soldats ukrainiens, l’amélioration de la production de munitions, l’interopérabilité de l’Otan et un approvisionnement en armes suffisant. Au-delà de ces garanties, «un groupe d’alliés inconditionnels d’Europe centrale et de l’Est exigent une voie claire pour l’Ukraine vers une adhésion à l’Otan».
Il faut donc s’attendre à ce que certains pays de l’alliance mettent particulièrement la pression lors du sommet de Vilnius. Sur le dossier de l’adhésion à l’Otan, ils sont néanmoins prêts à patienter jusqu’au sommet de Washington, en 2024, selon Rasmussen.
Didier Maréchal