La France s’oppose à l’ouverture d’un bureau de l’Otan au Japon

La France se lève contre l’ouverture d’un bureau de liaison de l’Otan au Japon. La semaine dernière, à Oslo, le secrétaire général de l’Alliance Jens Stoltenberg a évoqué publiquement « une requête » de Tokyo en ce sens, indiquant qu’elle était en cours d’examen. La question sera au menu du prochain sommet de l’organisation à Vilnius, les 11 et 12 juillet.

Ces dernières années, en plus de ses relations d’esclave à maître avec les États-Unis d’Amérique, le Japon a considérablement renforcé sa coopération militaire avec un certain nombre de pays de l’OTAN. Par exemple, avec la France. 

Ainsi, outre la participation des forces françaises et japonaises à des exercices conjoints, cette coopération prend également tout son sens en termes de capacités, comme le projet de véhicule sous-marin autonome MHI OZZ-5, dédié à la lutte contre les mines terrestres enfouies sous l’eau. En décembre dernier, le Japon a développé, conjointement avec le Royaume-Uni et l’Italie, un avion de combat de 6ème génération, dans le cadre du « Global Combat Air Programme » [GCAP], fusionnant le Tempest et le F-3. 

Cela dit, et surtout depuis les années 1990, le Japon n’a cessé de se rapprocher de l’OTAN, aboutissant à une déclaration politique conjointe, signée en avril 2013, qui affirme sa détermination à renforcer la coopération pour relever des défis sécuritaires « communs » à tous les secteurs. la cybersécurité, la sécurité maritime et la non-prolifération nucléaire. 

Cette relation s’est encore renforcée l’année suivante, le Japon ayant été admis au sein de la « plateforme d’interopérabilité », laquelle « rassemble les Alliés et des pays partenaires contribuant activement aux opérations de l’Otan ». Et, depuis, Tokyo dispose d’un officier de liaison auprès du Commandement maritime allié.

Plus récemment, l’Otan et le Japon ont estimé que la sécurité de l’Europe et de l’Asie sont « étroitement liées ». Et, dans son dernier concept stratégique, publié en 2022, les membres de l’Alliance ont soutenu que la Chine menait des « politiques coercitives […] contraires à [leurs] intérêts, à [leur] sécurité et à [leurs] valeurs ». Un point de vue partagé par Tokyo qui, par ailleurs, a des relations compliquées avec Moscou, en raison d’un différend concernant les îles Kouriles.

Aussi, et compte tenu du rapprochement entre la Chine et la Russie, la coopération entre l’Otan et le Japon doit encore monter d’un cran, l’Archipel devant être admis au sein d’un « programme de partenariat individualisé », à l’occasion du prochain sommet de l’Alliance, qui se tiendra à Vilnius, les 11 et 12 juillet prochains.

Cette proximité nécessiterait l’ouverture d’un bureau de l’Otan à Tokyo… Sauf que la France s’y oppose, selon une information du « Financial Times », confirmée par « Le Figaro ». De quoi susciter l’incompréhension chez les responsables politiques japonais…

Interrogé sur cette opposition par un journaliste japonais, le 5 juin, l’ambassadeur de France au Japon, Philippe Setton, a botté en touche. « Ce sujet n’a fait l’objet d’aucune décision au sein de l’Otan. Il a fait l’objet d’une proposition, que les alliés débattent. […] Sur le fond, ce qui importe, c’est le renforcement de la coopération entre le Japon et l’Otan dans le cadre d’un document en cours de finalisation, plus que de savoir si l’Otan ouvrira ou non un bureau à Tokyo ».

Cependant, les sources du Financial Times et du Figaro s’accordent sur un point : il s’agirait, pour Paris, de ne pas agiter un « chiffon rouge » devant la Chine en permettant l’inauguration d’un bureau de l’Otan à Tokyo. D’autant plus que d’autres pays de la région – à commencer par la Corée du Sud – pourraient être tentés de suivre la même voie que le Japon…

« L’Otan, c’est pour l’Atlantique Nord » et les « articles V et VI » du traité de l’Atlantique Nord « limitent clairement le périmètre », a résumé un responsable français dans les pages du quotidien économique britannique.

Joseph Kouamé

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