Il y a maintenant trois ans environ, Bételgeuse, cette étoile remarquable de la constellation d’Orion, avait mystérieusement perdu en luminosité, faisant croire à une prochaine explosion en supernova. (Avec Futura sciences).
Bételgeuse est une étoile massive, environ 15 à 20 fois plus lourde que le Soleil, et très ancienne pour sa catégorie, un peu plus de 10 millions d’années. Elle a déjà épuisé une grande partie de son hydrogène, le carburant qui alimente les réactions nucléaires dans son cœur. Elle a donc gonflé et refroidi, prenant une couleur rougeâtre. Son diamètre est tel qu’elle engloberait toutes les planètes jusqu’à Jupiter si elle était placée au centre de notre Système solaire.
Entre fin 2019 et début 2020, l’étoile Bételgeuse, de la constellation d’Orion, faisait parler d’elle. Sa luminosité avait en effet très mystérieusement diminué de près de 25 %. Pour certains astronomes, ce “Grand obscurcissement” pouvait laisser craindre une explosion en supernova imminente. Ce ne fut pas le cas. Mais aujourd’hui, la supergéante rouge refait parler d’elle, non pas parce que sa luminosité a encore baissé, mais parce que, au contraire, elle est inhabituellement brillante. En avril dernier, Bételgeuse dépassait même sa luminosité classique de plus de 55 %. Elle est ainsi passée de la 10ᵉ à la 7ᵉ place des étoiles les plus brillantes.
Il faut rappeler que c’est bel et bien le destin qui attend la supergéante rouge que de devenir une supernova. Quelque part entre aujourd’hui ou plutôt un avenir proche de l’ordre de 10 000 ans et les 100 000 ans à venir. Mais, compte tenu de la luminosité, de la couleur, de la taille plus de 750 fois celle de notre Étoile et presque 20 fois sa masse et de l’âge de Bételgeuse seulement quelque 10 millions d’années à comparer aux 4,6 milliards d’années du Soleil, les astronomes estiment que, si elle a probablement presque épuisé toutes ses réserves d’hydrogène, l’étoile n’en est qu’au début du processus de fusion nucléaire de l’hélium. Elle doit en faire du carbone puis de l’oxygène. Le tout sera ensuite converti en silicium et en fer. Avant l’explosion tant attendue en supernova.
Alors que se passe-t-il du côté de Bételgeuse, si cette augmentation de luminosité n’est pas annonciatrice d’une explosion très prochaine ? Avant de spéculer, il faut se souvenir que la supergéante rouge connait depuis longtemps des variations de luminosité. Selon des cycles assez réguliers. Mais il est vrai que depuis la mésaventure qui lui est arrivée fin 2019, ces cycles semblent perturbés. Ainsi les observations récentes pourraient-elles s’inscrire dans la continuité du Grand obscurcissement.
Des chercheurs du Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics (États-Unis d’Amérique) expliquent ainsi comment la durée d’un cycle de Bételgeuse, qui était jusqu’ici de 400 jours, semble avoir tout simplement été plus que divisée par deux depuis la baisse de luminosité observée jusqu’en début 2020. Parce que ce cycle est le résultat de l’expansion et de la contraction de matière à l’intérieur de l’étoile. Or, les simulations des astronomes montrent que le panache qui s’est détaché de la supergéante rouge fin 2019 venait probablement de l’intérieur de l’étoile. C’est lui qui l’a finalement obscurci. Ramenant au passage son cycle de 400 jours à environ 140 jours.
La folle augmentation de luminosité que connait actuellement Bételgeuse ne serait donc finalement que la manifestation d’une instabilité des couches supérieures de la supergéante rouge. Et pas sûr qu’aucun d’entre nous ne soit encore de ce monde pour assister au spectacle de cette étoile décidément facétieuse explosant en supernova (événement qui se verra en plein jour, sur terre, avec une luminosité équivalente à celle de la lune).
Bruno Mariotti