Une réunion du Conseil de défense nationale, au palais de l’Élysée, a envisagé la possibilité d’une adhésion de Kiev à l’Alliance atlantique (OTAN), jusque-là exclue par Paris, Berlin et Washington, mais défendue par des puissances d’Europe Centrale comme la Pologne et les pays Baltes.
Défendre une éventuelle adhésion de l’Ukraine à l’Alliance Atlantique (OTAN) pour influencer le conflit et chercher à amener Moscou et Kiev à la table des négociations. C’est l’approche que la France soutient actuellement dans les pourparlers difficiles entre alliés ukrainiens avant le sommet annuel de l’OTAN qui doit se tenir dans la capitale lituanienne, Vilnius, les 11 et 12 juillet.
Un conseil de défense réuni à l’Élysée a travaillé lundi 12 juin sur l’hypothétique entrée de l’Ukraine dans l’Alliance Atlantique (OTAN), selon des informations révélées par le journal « Le Monde ». Jusqu’à maintenant, cette hypothèse, totalement exclue par Paris, mais aussi par Berlin et Washington, était défendue par certains pays d’Europe Centrale, à l’image de la Pologne, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie par exemple. «Il n’est évidemment pas possible légalement de laisser l’Ukraine rejoindre l’OTAN alors que le pays se trouve en pleine guerre, rappelle un ancien militaire. Les Etats-Unis ont répété leur opposition à un processus accéléré et redoutent l’activation de l’article 5 (la clause d’assistance mutuelle de l’organisation). Cela précipiterait les Occidentaux dans le conflit».
Simple fuite? Véritable position diplomatique? L’objectif réel du président français est d’obtenir des garanties de sécurité à l’Ukraine. Lors de son déplacement en Slovaquie, le 31 mai dernier, au forum Globsec 2023, Emmanuel Macron a tenu un long discours détaillant les principaux éléments de la position française sur la sécurité européenne et le soutien à l’Ukraine. «Nous devons donner à l’Ukraine les moyens d’empêcher toute nouvelle agression et nous devons inclure l’Ukraine dans un ensemble, une architecture de sécurité crédible, y compris pour nous même», avait affirmé le président français, avant de poursuivre: «C’est pourquoi je suis favorable – et ce sera l’objet des discussions collectives dans prochaines semaines d’ici au Sommet de Vilnius – à donner des garanties de sécurité tangibles et crédibles à l’Ukraine, pour deux raisons : l’Ukraine protège l’Europe, elle apporte des garanties de sécurité à l’Europe. La deuxième raison, c’est que l’Ukraine aujourd’hui est dotée de tellement d’armements que c’est notre intérêt qu’elle ait des garanties de sécurité crédibles avec nous dans un cadre multilatéral».
Cette position, selon l’Élysée, devrait décourager la Russie de poursuivre la guerre, voire d’empêcher de nouvelles agressions en cas d’arrêt du conflit… Elle pourrait également participer à convaincre Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, de participer à des négociations, en fonction de l’évolution de la contre-offensive. Mais derrière cette piste se cachent aussi les risques inhérents à l’élargissement d’une alliance belliciste ou à l’engrenage auquel pourrait conduire la possibilité d’une alliance avec une des parties d’un conflit en cours. En tout état de cause, ces fuites lancent le débat avant le sommet annuel de l’OTAN, prévu à Vilnius, la capitale de la Lituanie, les 11 et 12 juillet.
Dans le même temps, Emmanuel Macron a annoncé la livraison à l’Ukraine d’un système SAMP/T de défense sol-air moyenne portée. Le SAMP/T Mamba est le premier système antimissile européen à moyenne portée.
Didier Maréchal