Arabie saoudite : l’un des plus grands sites archéologiques du monde livre ses secrets

Depuis 2019, le site d’Al-Ula et sa vallée millénaire ont été ouvertes aux touristes par l’Arabie saoudite sous le régime de Mohammed ben Salmane. Dans les temps anciens, la région était une plaque tournante importante de la péninsule arabique et est devenue le nouvel eldorado des archéologues, en particulier de la France. (Source TF1).

Au coeur du désert saoudien, une île d’une oasis verdoyante de palmiers et tout autour, les vestiges des civilisations arabes préislamiques. Jusque-là, ce paysage vertigineux de la vallée d’Al-Ula, en Arabie Saoudite, restait méconnu du grand public. Mais, depuis 2019, les autorités espèrent attirer les touristes dans cette ville historique et sa vallée habitée depuis la préhistoire. Véritable carrefour de la péninsule arabique durant l’Antiquité, sur le passage des caravanes, le site, vitrine de l’ouverture sur le monde initiée par le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salman est aujourd’hui l’un des plus grands sites archéologiques du monde et véritable musée à ciel ouvert pour les visiteurs.

Au Nord de cette vallée se trouvent les tombeaux monumentaux d’Hégra : taillés dans d’immenses montagnes de roches ocre, classés au patrimoine mondial de l’Humanité par l’Unesco, ils sont les héritiers de la civilisation des Nabatéens, au Iᵉʳ siècle avant notre ère. Des nomades descendus de leur capitale Petra, en Jordanie, pour construire cette nouvelle cité, aussi appelée Madain Salih.

« Changer le visage de l’Histoire »

Parmi ses nombreux tombeaux, le plus grand est celui de Qasr al-Farîd : 24 mètres de hauteur, des corniches et des colonnes taillées dans la pierre, à la croisée de plusieurs influences, perse, égyptienne et gréco-romaine. Dans l’histoire, le site a longtemps été éclipsé et son peuple considéré comme maudit, accusé de refuser de se soumettre à un dieu unique.

Aujourd’hui, loin de faire fuir les curieux, la vallée est devenue l’Eldorado de l’archéologie, notamment sous l’égide de Paris. L’Agence française pour le développement d’Al-Ula (Afalula) est chargée, depuis 2019, d’assurer le développement culturel et touristique de la vallée. Plus au Sud, à Dadan, la capitale de l’ancienne Arabie entre les VI et IIe siècle avant notre ère, une équipe d’archéologues français s’affaire, mais la tâche est difficile. « Le problème, c’est que la plupart de ces tombes ont été pillées dans les 2500 dernières années, donc on cherche désespérément une ou plusieurs tombes qui ne l’auraient pas été, pour pouvoir les fouiller, et recueillir des informations sur les pratiques funéraires de l’époque », explique l’un d’entre eux, Jérôme Rohmer.

Mais l’équipe ne perd pas espoir. « C’est un site qui va participer à changer le visage de l’Histoire », affirme son homologue saoudien Abdulrahman Alsuhaibani. La persévérance de l’équipe lui a finalement donné raison. Armés de truelles, de pinceaux et même d’un aspirateur, les archéologues parviennent à dénicher, sous quatre dalles, devant les caméras de la chaîne française TF1, un squelette enterré il y a environ 3000 ans, au bout de six jours de fouilles acharnées. « La première sépulture dans le secteur que l’on fouille à être intacte », se réjouit l’archéologue-anthropologue Chloé Gilardi face à cette découverte époustouflante. « C’est assez rare de pouvoir mettre en évidence autant d’informations », insiste la spécialiste.

Dans la cité d’Al-Ula elle-même, il est désormais possible de visiter la vieille ville millénaire, ses ruelles en terre cuite et sa galerie de petites alcôves, abandonnées par les habitants dans les années 1980 pour l’électricité et l’eau courante des nouveaux quartiers. L’ouverture au tourisme s’accompagne de son lot de défis, comme la gestion de la nappe phréatique, qui risque d’être sous tension. Mais aussi la cohabitation entre ces sites historiques encore mystérieux et les hôtels de luxe qui sont déjà sortis de terre dans la région, avec leurs piscines, spas, restaurants étoilés… Et même une salle de spectacle entièrement recouverte de miroirs, au beau milieu du désert. Une vallée du grand écart, des premières caravanes aux fastes vulgaires et incultes d’aujourd’hui.

Angèle Reiner

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