Guerre Russie-Ukraine : des tankistes ukrainiens de Leopard 2 inventent des pannes pour ne pas aller au front

Certains soldats ukrainiens simulent des pannes de chars pour éviter d’être envoyés sur le champ de bataille. La peur d’être confronté à un char russe ou de se faire exploser par une mine les a peut-être poussés à inventer ces pépins. (Avec Der Spiegel).

Les membres d’équipage ukrainiens des chars Leopard 2 refusent de se battre, simulant même des dysfonctionnements. C’est ce qu’a révélé le magazine allemand « Der Spiegel », qui décrit les conditions de soldats de Kiev entraînés en Europe de l’Ouest ou envoyés sur le champ de bataille. L’hebdomadaire s`est entretenu avec trois soldats ukrainiens formés en Allemagne qui font partie de l’équipage de deux chars Leopard 2A6 fournis aux troupes ukrainiennes par l’armée allemande.

« Der Spiegel » a cité un chargeur nommé Gutsik qui a affirmé que certains membres de l’équipage avaient falsifié des lacunes techniques pour éviter d’être envoyés au front. Il a déclaré au magazine qu’il valait mieux éviter un engagement plutôt que de fuir en plein milieu d’un combat contre les troupes de Moscou. « Si les Russes touchent la tourelle du char, vous n’êtes plus qu’un tas de cendres », a déclaré un autre tankiste surnommé Micha. Ce dernier a dit qu’il ne voulait pas fuir le champ de bataille, mais vu le danger encouru, il a aussi dit qu’il ne blâmait pas les soldats qui faisaient semblant d’être en panne pour éviter d’être envoyés au front. 

Des adversaires redoutables

Micha a soutenu qu’en plus de cela, les tankistes ukrainiens faisaient face à une résistance féroce de la part des soldats russes qui “ne sont pas des combattants inexpérimentés mais des adversaires redoutables”. D’autant plus que les combats face aux tanks russes ne sont pas les seuls dangers que doivent affronter les équipages ukrainiens. Les soldats interrogés par « Der Spiegel » craignent aussi de traverser les nombreux champs de mines créés par les forces de Moscou.

Le tankiste a pris l’exemple de trois chars Léopard qui ont roulé sur des mines le premier jour de la contre-offensive. L’un d’entre eux a apparemment été détruit, tandis que le second a pu repartir de lui-même. Le troisième blindé serait encore en un seul morceau, mais les troupes ukrainiennes n’ont pas pu le récupérer parce que la zone est fortement minée et que la carcasse d’un véhicule Bradley états-unien détruit se trouve en plein milieu du chemin.

Enfin, les difficultés rencontrées par les troupes ukrainiennes durant la contre-offensive lancée par le gouvernement de Volodimir Zelenski seraient aussi un facteur décourageant pour certains soldats. Le personnel médical interrogé par « Der Spiegel » a noté que ces combats coûtaient cher en vies humaines. Il a fait état d’une augmentation notable du nombre de blessés au cours de ces derniers jours, tandis qu’un officier de renseignement ukrainien responsable de la surveillance de l’ensemble du front sud a affirmé que l’armée ukrainienne subissait “des pertes substantielles”.

Didier Maréchal

Laisser un commentaire