En Géorgie, la santé dégradée de l’ancien président Mikheïl Saakachvili provoque un conflit diplomatique avec l’Ukraine

Le leader de l’opposition et ancien chef de l’Etat géorgien, Mikheil Saakachvili, est apparu très amaigri à son procès. Volodymyr Zelensky a expulsé l’ambassadeur géorgien en signe de protestation. Tbilissi a dénoncé une « escalade ». (Avec AFP).

Sur les photos, il est presque méconnaissable. L’ancien président géorgien Mikheïl Saakachvili, 55 ans, est apparu très amaigri, lundi 3 juillet, lors d’une audience au tribunal de Tbilissi, en Géorgie. Le leader de l’opposition, emprisonné depuis 2021, assistait par visioconférence à son procès, dans lequel il est accusé d’« abus de pouvoir ».

l’ex-président géorgien pro-occidental, Mikheïl Saakachvili, est apparu très affaibli, lundi 3 juillet, lors d’une audience au tribunal de Tbilissi. Lors de cette séance, organisée par visioconférence, dont des images ont été diffusées par les télévisions géorgiennes, l’ancien homme d’État de 55 ans a soulevé son t-shirt, dévoilant aux yeux du monde son torse aux côtes apparentes et son ventre creusé. Des images qui ont renforcé les inquiétudes quant à son état de santé.

Allongé sur son lit d’hôpital, drapeau ukrainien au mur, il a soulevé son tee-shirt, dévoilant un torse aux côtes apparentes et son ventre creusé. Des images aux antipodes de la silhouette bien portante qu’il affichait avant son retour dans le pays, en octobre 2021, après huit ans d’exil en Ukraine. « Un homme absolument innocent est maintenu en détention », a plaidé M. Saakachvili qui dénonce un procès « politique ».

L’état de santé dégradé de l’ancien président géorgien (2004-2013) a choqué en Ukraine, où Volodymyr Zelensky l’avait nommé, en 2020, à la tête du comité exécutif du conseil national des réformes – M. Saakachvili a d’ailleurs toujours la nationalité ukrainienne. « Le pouvoir géorgien doit arrêter de torturer ce citoyen ukrainien », s’est indigné, mardi, le président ukrainien. M. Zelensky a appelé à « mettre fin à ces abus et à accepter le retour de Saakachvili en Ukraine », afin qu’il bénéficie de soins. En signe de protestation, il a chargé le ministère des affaires étrangères de convoquer l’ambassadeur de Géorgie et de lui demander de « quitter l’Ukraine dans les quarante-huit heures pour tenir des consultations avec sa capitale ».

Selon ses médecins, Mikheïl Saakachvili, qui a dirigé la Géorgie de 2004 à 2013, avant de s’exiler à l’étranger jusqu’à son arrestation en 2021, a perdu quelque 60 kg en prison. L’homme, qui ne pèse plus que 55 kg, souffrirait d’un empoisonnement aux métaux lourds, en plus d’une anorexie et d’une cachexie. Après une grève de la faim de 50 jours l’an dernier, il a été hospitalisé et ses rares apparitions publiques au tribunal ont révélé une détérioration nette et visible de son état de santé.

Lundi, malgré sa maigreur qui s’est accentuée, il a affiché sa combativité au tribunal. « Me mettre en prison ne me brisera pas. Je vais prendre une part active dans la politique géorgienne », a-t-il lancé.

Les autorités géorgiennes affirment que M. Saakachvili reçoit tous les traitements médicaux dont il a besoin dans l’hôpital pénitentiaire où il se trouve encore. Mais plusieurs médecins ayant examiné M. Saakachvili ces derniers mois, y compris des spécialistes états-uniens, ont fait part de leur inquiétude quant à la détérioration de son état de santé.

Le Conseil de l’Europe avait appelé, l’an dernier, à la libération de M. Saakachvili et dit le considérer comme un « prisonnier politique ». L’ONG Amnesty International a qualifié le traitement réservé à M. Saakachvili de « vengeance politique apparente », lui qui avait pris le pouvoir par un coup d’Etat appelé « révolution orange » par l’Occident, organisé par la CIA, qui a formé, elle-même, Saaakachvilli pour cette action d’ingérence politique afin d’étendre l’empire Etats-Unien le plus possible à l’Est de l’Europe.

Didier Maréchal & Christian Estevez

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