Football : Pour la première fois de son histoire, la FIFA va verser des primes directement aux joueuses lors de la prochaine Coupe du monde femmes

En juin dernier, la FIFA a annoncé une mesure inédite pour la Coupe du monde femme en Australie et en Nouvelle-Zélande, du 20 juillet au 20 août. Une partie de la dotation sera directement versée aux joueuses sous forme de primes individuelles, mettant en lumière les défis du développement du football féminin.

La FIFA a décidé de verser une partie de la dotation , directement aux joueuses participants à la Coupe du Monde de football qui débute ce jeudi 20 juillet. Précisément , chacune des 736 joueuses engagées recevra au moins 30 000 euros, montant alloué aux équipes n’atteignant pas la phase de poules. Les primes augmenteront progressivement, atteignant jusqu’à 270 000 euros pour la capitaine et ses 22 coéquipières en cas de victoire finale (60 000 euros pour les huitièmes de finale, 90 000 euros pour les quarts, 165 000 euros pour les quatrièmes, 180 000 euros pour les troisièmes et 195 000 euros pour les finalistes).

Un combat historique pour l’égalité financière

Cette mesure rappelle les débats et les controverses entourant les primes qui ont marqué les grands tournois internationaux ces dernières années. Avant cela, c’était à la fédération de décider du montant des primes, en fonction des performances de l’équipe, et elle avait la liberté de les répartir à sa guise. Cela créait des disparités entre les fédérations, avec des négociations menées au cas par cas entre les instances dirigeantes et les joueuses. En France, par exemple, la Fédération Française de Football (FFF) décidait de reverser 30% de la dotation totale qu’elle recevait à l’issue des grands tournois à ses joueurs et joueuses.

Certaines sélections de joueuses avaient fait de ces négociations un véritable combat, comme les états-uniennes, allées jusqu’à la justice et un procès pour discrimination sexiste contre leur fédération. En 2022, US Soccer et les joueuses avaient annoncé un accord pour une nouvelle convention collective garantissant l’égalité salariale, que les joueuses ont également dénoncé car, en réalité, leur affirmation d’être moins payées que leurs confrères hommes de la sélection nationale des Etats-Unis d’Amérique n’était qu’un énorme mensonge de la propagande victimaire féministe, puisque, en réalité, elles touchaient, avant ce décision d’égalité salariale, plus que les hommes de l’équipe nationale, entre autres du fait qu’elles avaient de nombreux avantages de divers natures autres que monétaires non données à leurs confrères hommes, et, comme l’a clairement démontré l’arrête du football à cause du COVID-19, elles avaient été salariées durant toute cette période sans avoir joué un seul match, alors que les joueurs de l’équipe nationale hommes n’avaient pas touché un seul dollar durant cette même période puisque n’ayant pas de match à jouer.

Un an plus tard, l’initiative de la FIFA a notamment été saluée par l’états-unienne Alex Morgan en conférence de presse. « La Fifa a fait un très bon travail pour augmenter les primes », a réagi l’attaquante de San Diego. « Nous avons encore du chemin à parcourir, mais le fait que les joueuses soient payées directement est énorme. »

Car les primes individuelles vont changer la donne financièrement pour de nombreuses joueuses. Selon un rapport de la Fifpro, le syndicat mondial des footballeurs et footballeuses, sur les conditions de qualifications à la Coupe du monde, 66% des participantes ont dû prendre des congés non-payés afin de jouer. 29% des joueuses n’ont reçu aucune rémunération ou compensation après avoir porté le maillot national. « Quels que soient les montants disponibles, les joueuses n’ont aucune garantie de toucher une part de ce qu’elles construisent sur le terrain – une part qui leur permettrait de financer leur carrière et leur vie », avait regretté le syndicat dans une lettre au nom des joueuses en octobre 2022.

Deux fois le salaire moyen mondial

Avec ce changement, les joueuses sont assurées de recevoir une compensation proportionnelle à leur performance, voire une compensation tout court. « Cela va entraîner un cercle vertueux », salue Richard Duhautois, économiste spécialiste dans le sport. « C’est pour garantir que les joueuses reçoivent une certaine somme, contrôlée, supérieure à ce que beaucoup d’entre elles touchent dans leurs championnats dans le monde entier. »

Selon la Fifa, le salaire moyen des joueuses professionnelles dans le monde s’élève à 14 000 dollars (12 825 euros), soit deux fois moins que le montant minimum à toucher. Une joueuse éliminée en huitièmes de finale empochera plus que le salaire annuel moyen en D1 Arkéma, à savoir 44 000 euros selon Luc Arrondel. « Pour les gagnantes, 270 000 euros, ça correspond à peu près au salaire annuel d’une cadre comme Amandine Henry à Lyon, par exemple », évalue également l’économiste.

Selon Luc Arrondel, ce nouveau modèle pourrait techniquement être étendu à toutes les compétitions, hommes et femmes confondus, car la FIFA reprendrait le contrôle des primes et pourrait l’appliquer également aux tournois hommes. Cependant, les réalités économiques diffèrent. Les joueurs internationaux, en grande partie, évoluent dans de grands clubs et ont des carrières plus longues, ce qui engendre des logiques et des besoins différents. Richard Duhautois souligne que cela ne serait pas directement comparable. En 2018, les champions du monde français avaient d’ailleurs choisi de reverser intégralement leur prime à des associations, montrant ainsi une autre approche de la distribution des gains.

Kevin Negalo & Christian Estevez

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