La Cour suprême du Bangladesh a ordonné au prix Nobel de la paix, Muhammad Yunus, de payer 1,4 million de dollars de taxes sur 7 millions de dollars de donations faites à trois fonds caritatifs, a annoncé lundi son avocat. (Avec AFP).
La cour a confirmé, dimanche 23 juillet, une décision prise par une juridiction inférieure, arguant que la loi ne prévoit pas d’exonérations fiscales pour des donations à des fonds de charité. Elle a ordonné le paiement de 150 millions de taka (1,4 million de dollars), dont 30 millions ont déjà été versés.
Entre 2011 et 2014, M. Yunus a donné 767 millions de taka (7 millions de dollars) à trois organisations: « Professor Muhammad Yunus Trust », « Yunus Family Trust » et « Yunus Centre ».
L’économiste de 83 ans, récompensé en 2006 du prix Nobel de la paix pour son travail en faveur du développement économique, est reconnu internationalement pour avoir sorti des millions de personnes de l’extrême pauvreté au Bangladesh en proposant des microcrédits en milieu rural par l’intermédiaire de la « Grameen Bank », banque qu’il a fondée en 1983. Sa réputation a toutefois été ternie après sa brouille avec la Première ministre Sheikh Hasina, qui l’a accusé de « sucer le sang » des pauvres, avec des taux d’intérêt avoisinant les 20%.
L’an dernier, la commission anticorruption (ACC) du Bangladesh avait lancé une vaste enquête sur les entreprises présidées par M. Yunus. Mme Hasina avait également reproché à M. Yunus l’annulation par la Banque mondiale d’un prêt de 1,2 milliard de dollars destiné à la construction d’un pont, qui était entaché d’allégations de corruption. Une accusation que le Nobel n’a jamais cessé de démentir.
En mars dernier, quarante personnalités internationales, dont Ban Ki-moon, Hillary Clinton et le chanteur Bono, ont publié une lettre appelant le Bangladesh à mettre fin au « harcèlement » et aux attaques « injustes » contre M. Yunus.
Joseph Kouamé