Il y a environ dix jours, la capitale du Botswana, Gaborone, a été le lieu du 15e « US-Africa Business Summit », un sommet auquel le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, a brillé par son absence. (Avec AFP).
Les relations entre l’Afrique du Sud et les États-Unis d’Amérique se sont tendues depuis le début de la guerre en Ukraine, car Pretoria a choisi de maintenir de bonnes relations avec Moscou. Ce choix risque de la priver de l’accès au programme de préférence commerciale états-unien de l’ « African Growth and Opportunity Act » (AGOA).
Au début du mois, lors d’un rassemblement du monde des affaires africain et états-unien à Gaborone, le ministre du Commerce sud-africain a pris le chemin inverse en se rendant à Washington dans le but de sauvegarder la participation de l’Afrique du Sud au sein de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA). Cynthia Griffin, représentante du département du commerce états-unien pour l’Afrique subsaharienne, considère cette visite comme essentielle.
« Les demandes autour de l’Agoa sont à l’étude, pour toute l’Afrique subsaharienne, et le commerce continue pour l’instant, alors que l’Afrique du Sud échange directement avec le gouvernement américain et les législateurs. C’est important qu’il y ait une communication ouverte, de chaque côté, pour partager différents points de vue. », rapporte un coresponsable de RFI.
Le mois dernier, des représentants du Congrès états-unien des deux partis avaient pourtant écrit une lettre pour réclamer le retrait de l’Afrique du Sud du programme. Ce n’est pas la première fois que le pays reçoit de telles menaces : en 2015, Pretoria avait été forcée d’ouvrir son marché aux volailles en provenance des Etats-Unis d’Amérique.
Désormais, ce sont ses liens avec la Russie qui sont en cause, des liens utiles selon le ministre des Entreprises publiques, Pravin Gordhan, puisqu’ils ont permis de mener une mission de paix. « Nous avons des liens avec tous les pays du monde. Notre président, avec d’autres homologues africains, se sont rendus en Ukraine et en Russie. Peut-être que nos intentions sont mal comprises. Nous souhaitons simplement encourager les pays à parler entre eux et à régler leurs problèmes sans que des civils en subissent les répercussions négatives. »
Du côté du secteur privé sud-africain, on espère que la non venue de Vladimir Putin au sommet des BRICS saura adoucir Washington. Car un retrait de l’Agoa pourrait être lourd de conséquences selon Cas Coovadia, à la tête de « eBusiness Unity South Africae » (BUSA), l’un des syndicats du secteur : « Notre pays est l’un des principaux partenaires commerciaux des États-Unis sur le continent. Et notre agriculture, ainsi que nos industries automobiles et minières en ont beaucoup bénéficié. Donc cela aurait certainement un impact fort. »
Mais au-delà de l’aspect politique, l’Afrique du Sud, qui a exporté, grâce à l’Agoa, 2,5 milliards d’euros de produits vers les États-Unis d’Amérique en 2021, voit son éligibilité être remise en question à cause de son classement par la Banque mondiale dans la tranche supérieure des pays à revenu intermédiaire. Un argument que rejette Cas Coovadia : « Ce n’est pas recevable à cause de nos graves problèmes sociaux-économiques, avec un manque de croissance et un très fort taux de chômage. »
Le pays est, pour l’instant, toujours censé accueillir le sommet de l’Agoa sur son sol, d’ici à la fin de l’année.
Joseph Kouamé