La fermeture obligatoire de la librairie à ciel ouvert emblématique des quais de Seine parisiens pendant les Jeux Olympiques 2024 suscite des désaccords parmi les professionnels du secteur, même si la Ville de Paris exprime son soutien.

Ce mardi 25 juillet, les libraires historiquement installés sur les quais de Seine ont appris la nouvelle qu’ils devront remballer leurs ouvrages pendant les Jeux Olympiques de 2024. Le préfet de Police a justifié cette décision par des « raisons de sécurité », et 570 échoppes situées dans le périmètre de sécurité de la cérémonie d’ouverture devront être enlevées.

Au cours d’une réunion tenue le 10 juillet dernier par la mairie de Paris, les bouquinistes avaient fait part de leurs inquiétudes concernant le déménagement temporaire de leur matériel. Ils craignaient que leurs boîtes entreposées sur le trottoir, remplies de livres plus ou moins cultes et anciens, ne soient abîmées ou cassées en raison de leur fragilité.

Dans une démarche d’apaisement, la mairie s’est engagée à prendre en charge le délogement des bouquinistes et a affirmé, dans un communiqué, ce jeudi 27 juillet, qu’elle fournira son soutien aux professionnels concernés en proposant de prendre en charge l’enlèvement, la remise en place de leurs boîtes ainsi que leur rénovation.

Ce délogement peut s’avérer délicat et les libraires déplorent aussi l’invisibilité du métier pourtant typique de la capitale : « Anne Hidalgo veut célébrer Paris et ses monuments avec les Jeux olympiques, mais les bouquinistes font partie de Paris. Vouloir nous faire disparaître, c’est aussi absurde que de démonter la tour Eiffel ou Notre-Dame de Paris ! Nous sommes là depuis quatre cent cinquante ans », rappelle Jérôme Callais, président de l’Association culturelle des bouquinistes de Paris, au quotidien français « Le Monde ».

Dans un reportage publié par le magazine « Marianne » le 26 juillet, plusieurs professionnels installés sur les quais de Seine évoquent leur colère. « La mairie d’Anne Hidalgo est complètement déconnectée du terrain. En réalité, ils ne savent pas faire et vont juste casser nos boîtes, qui sont notre gagne-pain», affirme l’un d’entre eux. « On ne dirait pas comme ça, mais il faut un vrai savoir-faire pour démonter les boîtes, encore plus pour les remonter », abonde une autre.

La Ville de Paris a toutefois mentionné dans son communiqué qu’elle a proposé aux bouquinistes d’établir un « Village des bouquinistes » dans un quartier littéraire proche de la Seine pendant la durée des Jeux Olympiques. Cette initiative vise à mettre en valeur leur métier et à leur offrir des opportunités et des retombées touristiques tout au long de cette période. Cependant, pour les bouquinistes historiques, ce lot de consolation ne semble pas être suffisant.

Joseph Kouamé