La Corée du Nord a conçu des drones qui sont identiques aux modèles états-uniens.

Deux drones autonomes ont été dévoilés à Pyongyang, ayant une apparence similaire aux modèles états-uniens Reaper et Global Hawk. Le mystère demeure quant à la manière dont le régime communiste a pu reproduire ces technologies. (Avec « Zone militaire »).

Malgré les sanctions du Conseil de sécurité des Nations Unies, la Corée du Nord continue de développer et d’améliorer son arsenal militaire. Bien que certains de leurs prétendus développements d’équipements suscitent des doutes, comme le lancement d’un satellite le 31 mai dernier, jugé sans « aucune utilité militaire » par Séoul, il est indéniable qu’ils ont progressé dans la conception de missiles balistiques intercontinentaux, tels que les Hwasong-17 et Hwasong-18 à combustible solide. Ces avancées alimentent les soupçons concernant une possible aide extérieure.

Récemment, Vincenzo Salvetti, le directeur des applications militaires du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies renouvelables (DAM/CEA), a exprimé des inquiétudes quant à l’état d’avancement du programme nucléaire nord-coréen. « La Corée du Nord a un site d’essais nucléaire. Elle en a déjà réalisé six, le dernier, à forte énergie, en septembre 2017. D’après la presse spécialisée, elle serait en train d’en préparer un septième » mais « d’après ce que l’on a vu de ses derniers essais, de notre point de vue, elle a la capacité à concevoir une charge nucléaire » mais « elle ne le fera probablement pas seule », a en effet expliqué M. Salvetti, lors d’une audition au Sénat.

En ce qui concerne les équipements militaires « conventionnels », notamment les drones, la Corée du Nord semble s’inspirer de modèles états-uniens.

En 2014, il avait été signalé que Pyongyang avait acquis un lot de cibles aériennes MQM-107D, utilisées aux États-Unis d’Amérique dans les années 1980, dans le but de les transformer en drones de combat. Cependant, selon les services de renseignement sud-coréens, cette tentative s’est avérée infructueuse.

Suite à cela, la Corée du Nord a changé d’approche, ce qui semble avoir porté ses fruits, comme en témoignent les nouveaux équipements militaires nord-coréens dévoilés peu avant le défilé militaire organisé à Pyongyang à l’occasion du soixante-dixième anniversaire de la signature de l’armistice mettant fin à la guerre de Corée. Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, et le vice-président chinois du « Comité permanent de l’Assemblée populaire nationale », Li Hongzhong, étaient d’ailleurs les invités d’honneur lors de cet événement.

Ainsi, deux nouveaux drones semblent désormais faire partie de l’arsenal nord-coréen et ils ressemblent étonnamment au RQ-4 Global Hawk de « Northrop Grumman » et au MQ-9 Reaper de « General Atomics ». Même leurs noms officiels semblent s’inspirer de la nomenclature états-uniennes, ces deux appareils étant appelés Saetbyol-4 et Saetbyol-9.

Pour rappel, d’une endurance de 32 heures environ, le RQ-4 Global Hawk est un drone de type « HALE » [Haute Altitude Longue Endurance] affichant une masse de l’ordre de 15 tonnes. Il a été développé pour des missions dites ISR [renseignement, surveillance, reconnaissance] menées à une altitude de 60’000 pieds. La Corée du Sud en dispose de quatre exemplaires.

Quant au MQ-9 Reaper, il s’agit d’un drone « MALE » [Moyenne Altitude Longue Endurance], également conçu pour des missions ISR mais aussi pour des frappes au sol. D’après Pyongyang, ce serait aussi le cas du «Saetbyol-9″… Seulement, l’une des images diffusées par le télévision publique nord-coréenne pour le prouver a tout l’air d’être un montage…

Reste à voir comment les ingénieurs nord-coréens ont pu reproduire ces deux drones états-uniens. Le recours à l’espionnage industriel [via le piratage informatique] est une hypothèse… À moins que Pyongyang ait bénéficié du concours de Téhéran… En effet, les « Gardiens de la révolution » ont pu récupérer un drone de type BASM-D [c’est à dire la version navale du RQ-4 Global Hawk] après l’avoir abattu dans les environs du détroit d’Ormuz, en juin 2019. Et l’on sait qu’ils ont aussi récupéré un MQ-1C Grey Eagle, qui est assez similaire au MQ-9 Reaper. Et que celui-ci a également inspiré la conception des Wing Loong et CH-4 chinois.

Cela étant, reproduire un modèle à l’identique est une chose… Mais faire en sorte qu’il dispose des mêmes capacités en est une autre. Aussi, plusieurs questions se posent au sujet des Saetbyol-4 et Saetbyol-9. D’abord, d’où viennent leurs moteurs, sachant que le Global Hawk est doté d’un turboréacteur Rolls-Royce F137-RR-1001 offrant une poussé unitaire de 34 kN et que Reaper dispose d’un puissant turbopropulseur Honeywell TPE-331-10T?

Sur ce point, il n’est pas impossible que la Chine ait fourni une aide… Pour rappel, l’Armée populaire de libération dispose du WZ-7 Soaring Dragon, qui est semblable au RQ-4 Global Hawk.

D’autres questions portent sur les capteurs installés à bord de ces drones nord-coréens. Évidemment, on n’a aucune idée de leurs performances. Par ailleurs, on constate la présence d’antennes SATCOM sur ces appareils [voir photographie ci-dessous]… Or, la Corée du Nord ne disposant pas de satellite de télécommunications, on peut se demander à quoi elles peuvent servir… À moins qu’une puissance « amie » lui fournisse une telle capacité, par ailleurs indispensable pour « télé-piloter » ces drones, à condition qu’elle soit sécurisée.

Joseph Kouamé

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