Les affrontements meurtriers entre groupes rivaux dans le camp de réfugiés palestiniens de Aïn el-Héloué, près de Saïda au Liban-Sud, se poursuivaient dimanche en début de soirée, pour la deuxième journée consécutive, coûtant la vie à cinq nouvelles personnes et portant ainsi à six le nombre total de morts depuis samedi
Au moins six personnes ont été tuées et des dizaines d’autres blessées, dont un soldat libanais, dans de violents combats qui se déroulent depuis samedi 29 juillet dans le camp palestinien d’Aïn el-Héloué, à l’Est de la ville de Saïda, à 40 kilomètres au Sud de Beyrouth. Un haut responsable du Fatah, le mouvement du président palestinien Mahmoud Abbas, figure parmi les victimes.
Les combats opposent depuis samedi soir un groupe islamiste palestinien au mouvement Fatah dans les ruelles étroites du camp d’Aïn el-Héloué, qui abrite plus de 60 000 réfugiés.
Plusieurs dizaines de personnes ont été également blessées depuis samedi, notamment un soldat libanais, mais le nombre de victimes pourrait augmenter au fur et à mesure que les combats se poursuivent, ont ajouté les sources interrogées, sous le couvert de l’anonymat. Ces affrontements ont poussé des dizaines de familles à fuir le camp.
Les belligérants utilisent des mortiers, des roquettes anti-char et des armes automatiques dans ces combats qui ont débordé sur la ville voisine de Saïda, la troisième agglomération du Liban, où des vitres ont été brisées par des balles. Un obus de mortier s’est également abattu sur un barrage de l’armée libanaise, située à l’une des entrées du camp. Les explosions et le crépitement des armes automatiques s’entendent dans toute la ville de Saïda, où les habitants ont préféré se terrer chez eux.
Avec la poursuite des combats, un mouvement d’exode des habitants d’Aïn el-Héloué vers des lieux plus sûrs a été enregistré ce dimanche 30 juillet, après l’échec de médiations locales pour un cessez-le-feu. Les combats ont éclaté après une tentative d’assassinat, la veille, d’un chef islamiste palestinien, Abou Qoutada, qui a été blessé. Les islamistes ont transformé en bastion un quartier important d’Aïn el-Héloué où le Fatah reste l’organisation la plus influente.
Ces combats d’une rare violence coïncident avec le début d’un dialogue inter-palestinien au Caire avec la participation du Fateh et du mouvement islamiste Hamas.
Dans un communiqué de e dimanche après-midi, le Fatah a confirmé la mort du « commandant » Achraf al-Armouchi et de quatre de ses «camarades», lors d’une « opération odieuse », dénonçant un « crime abominable et lâche », visant à saper « la sécurité et la stabilité » des camps. L’armée libanaise avait, de son côté, indiqué qu’un de ses soldats avait été blessé par des éclats d’ « obus de mortier tombé dans un des postes militaires », résultant des affrontements, ajoutant que son état de santé était stable.
La présidence palestinienne dénonce un « massacre odieux »
Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a critiqué des « tentatives répétées d’utiliser le Liban » comme terrain d’affrontement « pour régler des comptes extérieurs aux dépens du Liban et des Libanais ». La présidence palestinienne a dénoncé le « massacre odieux et l’assassinat terroriste » des membres du Fatah. « Il s’agit d’une violation de toutes les lignes rouges et cela porte atteinte à la sécurité au Liban ».
Des affrontements entre groupes rivaux ont souvent lieu à Aïn el-Héloué où vivent 54 000 réfugiés palestiniens, auxquels s’ajoutent des milliers d’autres Palestiniens ayant fui la guerre en Syrie. En vertu d’un accord de longue date, l’armée ne pénètre pas dans les camps palestiniens où la sécurité est assurée par des factions palestiniennes. Plus de 450 000 Palestiniens sont enregistrés en tant que réfugiés au Liban auprès de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).
Joseph Kouamé