Pour faire face aux nombreuses escroqueries ciblant la population âgée, l’Agence de la police nationale au Japon a proposé de suspendre la carte bancaire des détenteurs âgés de plus de 65 ans, à condition qu’ils ne l’aient pas utilisée depuis un an.
Le Japon envisage des mesures strictes pour contrer les vols virtuels de cartes bancaires. Selon le « South China Morning Post », l’Agence nationale de police a proposé d’interdire l’utilisation des cartes bancaires pour les personnes âgées de plus de 65 ans, à condition qu’ils n’aient pas utilisé ce moyen de paiement depuis un an. Avec un vieillissement de la population et près d’un tiers des résidents ayant plus de 65 ans, le pays fait face à un taux élevé de vulnérabilité des personnes âgées face aux tentatives d’escroquerie.
Malgré la longue existence de la fraude liée aux cartes à puces en tant que pratique délictuelle, ce phénomène persiste malgré les nombreuses campagnes de sensibilisation menées par le gouvernement. Les six premiers mois de cette année n’ont pas fait exception, car la police japonaise rapporte que les délinquants ont réussi à soutirer environ 15 milliards de yens, soit environ 100 millions d’euros, à leurs victimes.
Les principes semblent inscrits dans le marbre. En dissimulant leur identité, les fraudeurs, se faisant passer pour des employés de banque, usent d’une catégorie légitime et crédible pour abuser les victimes. Souvent, ils indiquent que les comptes bancaires de la personne trompée sont à découvert. Une manière de susciter la panique, et de soutirer l’argent des victimes.
Un autre phénomène observé ces dernières années consiste à utiliser l’identité d’un proche de l’individu trompé. L’accroche se révèle d’une simplicité désarmante : l’escroc avertit son interlocuteur avoir été victime d’un accident de voiture. Il réclame une somme d’argent à verser à l’autre conducteur, afin de s’affranchir de l’intervention de la police.
Dans ce contexte, la mesure envisagée par les autorités nipponnes semble tombée sous le sens. « Tout ce qui peut être fait doit l’être », a reconnu auprès de « South China Morning Post » Tomoko Oono, une retraitée résidant au Nord de Tokyo.
Mais, invoquant l’exemple de sa mère, elle a également estimé que cette interdiction pouvait être préjudiciable. « Ma mère vit toujours seule, et elle utilise de l’argent liquide parce qu’elle n’est pas en mesure de faire des achats en ligne », a-t-elle expliqué.
La retraitée s’est également inquiétée pour « les personnes âgées vivant à la campagne (n’ayant) pas de banque à proximité). Or le « pays du Soleil levant » demeure l’un des pays où la population se concentre le plus dans des zones urbanisées. Sur les 125 millions d’habitants, 8 % vivent en ville, un taux qui a été divisé par deux depuis le début des années 2000, d’après des données de la Banque mondiale.
Joseph Kouamé