Le suicide de la joueuse de foot australien, Heather Anderson, suscite les débats

Le suicide de Heather Anderson, une joueuse de football australien victime de troubles cérébraux (ETC), a suscité un débat au sein de son pays concernant la prise en compte des traumatismes cérébraux chez les athlètes femmes.

Agée de 28 ans, Heather Anderson s’est suicidée le 13 novembre 2022 dans une caserne de Perth, sur la côte Ouest de l’Australie. Sa famille, profondément bouleversée, a fait don de son cerveau à l’Australian Sports Brain Bank pour mieux comprendre les raisons qui ont poussé cette jeune femme, médecin militaire et joueuse reconnue de football australien (ou « Australian rules »), à en arriver à une telle extrémité.

Selon une étude publiée le 30 juin dernier dans la revue médicale « Acta Neuropathologica » et relayée par le site « theconversation.com », il a été révélé que l’ancienne joueuse d’Adélaïde est la première femme athlète à avoir été diagnostiquée victime de l’encéphalopathie traumatique chronique (ETC).

Au cours des dernières années, de nombreux hommes pratiquant des sports de haut niveau tels que la boxe, le rugby, le football US, le football australien, le hockey sur glace et autres sports de contact, ont déjà reçu un diagnostic similaire. Les symptômes de l’ETC incluent des anomalies motrices et comportementales, des déficiences cognitives, ainsi que des troubles de l’humeur allant jusqu’à la dépression ou le désespoir.

« Ma mère détestait me voir me faire défoncer dans des chocs répétés sur le terrain, elle insistait pour que je porte toujours un casque », avait coutume de dire Heather Anderson. Selon l’équipe scientifique qui a étudié le cerveau de la défunte, « il y avait de multiples lésions ETC presque partout dans son cortex cérébral, identiques à ­celles de dizaines de cas masculins déjà vus ».

Dans de telles situations, « les suicides ne sont pas rares » ajoutent les spécialistes qui réclament que le décès d’Heather Anderson soit aujourd’hui considéré comme « un cas sentinelle » dans un pays où près d’un million de femmes pratiquent un sport de contact.

De son côté, le docteur états-unien Chris Nowinski, cofondateur et directeur d’un organisme qui se mobilise sur le sujet, le « Concussion Legacy Foundation », lance un véritable cri d’alarme : « Nous devons entamer un dialogue avec les leaders du sport féminin afin d’alerter sur les risques des impacts répétés à la tête et ainsi sauver les futures générations d’athlètes femmes des souffrances liées à l’ETC. »

Outre la tragédie, le décès soudain de Heather Anderson a suscité un débat au sein de la communauté médicale en Australie, étant donné que l’encéphalopathie traumatique chronique (ETC) n’est pas une maladie curable et que seules des mesures d’atténuation des effets sont possibles. Alors que de plus en plus d’adolescentes expriment leur souhait de pratiquer des sports de contact, le retard scientifique dans l’étude des lésions neurologiques spécifiques aux athlètes femmes est évident.

Une étude sur les commotions a révélé que près de la moitié des joueurs de rugby de haut niveau présentent des changements de volume du cerveau. L’ « Australian Sports Brain Bank » s’inquiète de la sous-représentation des femmes dans la recherche sur les commotions cérébrales, car certains chercheurs évoquent des différences dans la microstructure du cerveau ou l’influence des hormones.

Cependant, selon l’organisme, l’urgence ne se limite pas uniquement aux laboratoires. Il est également essentiel de revoir les pratiques dans les vestiaires et sur les terrains, en réformant les méthodes d’entraînement, en prévoyant des protections adaptées, en modifiant les règlements et surtout, en accélérant la prise de conscience des entraîneurs et des joueuses.

Charlotte Rio-Calanda

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