William Friedkin, réalisateur du film « L’Exorciste », est mort à l’âge de 87 ans

William Friedkin, le réalisateur du film culte « L’Exorciste » et de « French Connection », est mort ce lundi 7 août 2023. Il était âgé de 87 ans.

Détenteur de plusieurs Oscars pour son film « French Connection », le cinéaste états-unien William Friedkin est mort ce lundi 7 août à Los Angeles. Il représentait la nouvelle vague hollywoodienne, aux côtés de Francis Ford Coppola et Martin Scorsese.

Son décès a été confirmé par le doyen de l’université Chapman, Stephen Galloway, un ami de Sherry Lansing, l’épouse de Friedkin. William Friedkin « a travaillé jusqu’à il y a quelques semaines », a-t-il précisé, «mais sa santé était déclinante », cite l’AFP.

Un réalisateur oscarisé

Figure emblématique du cinéma des années 1970, William Friedkin avait remporté l’Oscar du meilleur réalisateur avec son film « French Connection », sorti en 1971, avant d’être consacré maître de l’épouvante avec « L’Exorciste » en 1973. Le cinéaste est propulsé parmi la nouvelle génération hollywoodienne affranchie des codes classiques, aux côtés de Francis Ford Coppola et Martin Scorsese, rapporte l’AFP.

Son dernier film, « The Caine Mutiny Court-Martial », avec Kiefer Sutherland, doit être présenté à la Mostra de Venise.

Un réalisateur difficile

Adepte des premières prises et des scènes d’action tournées caméra à l’épaule, William Friedkin est aussi réputé pour son caractère difficile et ses tournages houleux, rappelle l’AFP. Dans « L’Exorciste », il n’hésite pas à tirer à blanc près des acteurs ou à les gifler pour obtenir la réaction recherchée. Le summum est atteint avec le tournage catastrophique du « Convoi de la peur » (Sorcerer) : désistement d’acteurs, cas de gangrène, scènes dangereuses. Sorti en 1977, ce remake du classique franças « le Salaire de la peur » d’Henri-Georges Clouzot est un échec commercial car éclipsé par le premier opus de Star Wars, mais connaît un retour en grâce inattendu lors de sa sortie en version restaurée en 2015.

Réveil cinématographique à Chicago

Né le 29 août 1935 à Chicago dans une famille modeste, admiratif de « Citizen Kane » d’Orson Welles, le jeune William Friedkin fourbit ses premières armes dans une télé de Chicago : coursier, réalisateur d’émissions puis auteur d’un premier documentaire, « The People vs. Paul Crump » (1962), qui réussit à sauver un condamné de la chaise électrique. « J’ai pris ce jour-là conscience du pouvoir du cinéma », affirme-t-il.

Arrivé à Hollywood en 1965, il tourne des épisodes de séries dont l’un pour « Suspicion », où un certain Alfred Hitchcock le rabroue pour ne pas porter de cravate. « Je pense qu’en chacun de nous, il y a un bon côté et un côté sombre, et que c’est une lutte constante pour que le bien triomphe », estime William Friedkin, convaincu que « les personnages les plus intéressants de l’histoire mondiale sont Jésus et Hitler ».

Pour en témoigner, le réalisateur égratigne les penchants malsains de ses congénères : thriller immoral (« Police fédérale, Los Angeles », 1985), enquête d’un policier (Al Pacino) dans le monde sado-masochiste homosexuel new-yorkais (« Cruising », 1980), comédie noire et sanglante avec Matthew McConaughey (« Killer Joe, » 2011).

William Friedkin s’invite aussi là où on l’attend moins, réalisateur du clip angoissant « Self control », tube disco de la chanteuse Laura Branigan, ainsi que le clip de la chanson « Somewhere » de Barbra Streisand, et même, pour Johnny Halliday, le clip de « Ce que je sais », en 1996, puis metteur en scène d’opéras dans les années 1990.

Connaisseur du cinéma français, il tombe amoureux de l’une de ses plus grandes actrices, Jeanne Moreau. Premier mariage pour lui, second pour l’héroïne de « Jules et Jim » : leurs noces célébrées à Paris en 1977 s’achèvent deux ans tard.


Avant leur divorce, Jeanne Moreau lui inocule la passion de Proust. William Friedkin dévore « A la recherche du temps perdu » et devient un inconditionnel, parcourant la capitale et Illiers-Combray dans les pas de l’écrivain.

Père de deux fils, William Friedkin a été marié à trois autres reprises et vit avec la productrice Sherry Lansing.

Affublé de ses éternelles lunettes aviateur – et toujours sans cravate – il a reçu, à 78 ans, un Lion d’or spécial pour l’ensemble de sa carrière à la 70e Mostra de Venise, en 2013.

Maxime Kouadio

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