La Russie met en garde les États-Unis d’Amérique et l’Otan contre tout «retour» en Afghanistan ou chez ses voisins

Une réunion sur l’Afghanistan, avec plusieurs pays de la région, s’est tenu à Kazan, dans le centre de la Russie. (Avec AFP).

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a mis en garde, vendredi 29 septembre, contre tout «retour des infrastructures militaires» des États-Unis d’Amérique ou de l’Otan en Afghanistan ou dans la région, se disant «préoccupé» par les interventions «d’acteurs non régionaux». La Russie considère une large partie de l’Asie Centrale, qui a été sous domination tsariste puis soviétique, comme sa sphère d’influence naturelle, et l’Occident comme une menace existentielle.

«Nous estimons que le retour d’infrastructures militaires des États-Unis et de l’Otan sur le territoire de l’Afghanistan et des États voisins, quels que soient les prétextes invoqués, est inacceptable», a déclaré Lavrov lors d’une réunion sur l’Afghanistan à Kazan, dans le centre de la Russie. Cette rencontre avec plusieurs pays de la région se déroule en présence du ministre afghan des Affaires étrangères, Amir Khan Muttaqi. «Je me dois de noter que nous sommes préoccupés par les tentatives d’acteurs non régionaux de s’impliquer davantage en direction de l’Afghanistan», a souligné Sergueï Lavrov.

«Nous allons être particulièrement vigilants sur ce point», a-t-il ajouté, appelant les autres pays à faire de même. Ces propos interviennent à l’heure où la Russie cherche à resserrer ses liens avec l’Afghanistan, où les taliban sont revenus au pouvoir en 2021, tout en voyant son influence contestée dans son pré carré traditionnel. Mardi, l’Ouzbékistan s’est félicité du «renforcement» de sa coopération militaire avec les États-Unis d’Amérique, après une rencontre entre un de ses ministres et Michael Kurilla, patron du commandement militaire états-unien au Moyen-Orient, en Asie Centrale et du Sud (Centcom).

Frontalier de l’Afghanistan, le pays avait abrité un temps des bases militaires de la coalition menée par les EUA sur le territoire afghan après les attentats du 11 septembre 2001. Le Kazakhstan s’est lui engagé à ne pas aider la Russie à contourner les sanctions occidentales adoptées à cause de l’assaut russe contre l’Ukraine. Sergueï Lavrov a estimé, vendredi, qu’une coopération entre les pays régionaux et les membres de l’Otan ne serait possible que si ces derniers reconnaissaient leur responsabilité pour «les tristes résultats» de leur présence militaire en Afghanistan pendant plus de vingt ans. Cette dernière s’est terminée en «fiasco», a-t-il rappelé, en référence au retrait catastrophique des troupes états-uniennes en 2021.

L’URSS, pays « ami » (entre guillemets car seuls les naïfs croient sincèrement que l’amitié existe en politique) depuis 1919, avait elle-même mené une guerre en Afghanistan, en soutien à la République Démocratique d’Afghanistan, née d’un coup d’Etat, en 1978, mais qui étant athée, avait entamé le programme d’alphabétisation des femmes, lancé des réformes agraires pour sortir le pays de la misère et autres et nombre d’autres réformes qui déplurent aux traditionnalistes musulmans qui tenaient le pouvoir jusqu’alors. Ces fondamentalistes appelés trompeusement « moudjahidin » qui n’étaient déjà que ceux que l’on appelle, « taliban » depuis un peu plus de trente ans, soutenus, durant ce conflit, par les Etats-Unis d’Amérique qui était dans sa « guerre froide » contre l’URSS (« guerre froide » parce que ne s’affrontant pas directement mais provoquant des « guerres chaudes », bien réelles avec des dizaines de milliers de victimes de part le monde) avaient également réussi à contraindre l’URSS à se retirer d’Afghanistan, en 1989, au bout de dix ans de conflit, tandis qu’elle était arrivait à la fin de son existence, se disloquant définitivement le 25 décembre 1991, soit exactement douze ans, jour pour jour, après son entrée en guerre contre l’Afghanistan islamiste.

Joseph Kouamé & Christian Estevez

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