Le 30 septembre 2023, à Niamey, la journaliste Samira Sabou a été appréhendée chez elle par des individus en civil. Jusqu’à présent, sa localisation et les raisons de son arrestation demeurent inconnues (source : RFI)
Des organisations expriment leur préoccupation à propos de la journaliste Samira Sabou, qui avait déjà été détenue à plusieurs reprises par le passé, avant le coup d’État survenu le 26 juillet.
Au Niger, les proches de la journaliste sont remplis d’inquiétude. Célèbre pour ses publications sur Facebook et ayant été interpellée à plusieurs reprises par le passé avant le coup d’État du 26 juillet 2023, la présidente de l’Association des blogueurs pour une citoyenneté active au Niger a été arrêtée chez elle le 30 septembre en fin de journée par des individus en tenue civile à Niamey.
Ses proches ont rapidement informé ses collègues ainsi que son avocat. Tout au long de la nuit du 30 septembre au 1er octobre et durant toute la journée de dimanche, ils sont restés sans nouvelles et dans l’incertitude quant à son lieu de détention. Jusqu’à présent, ils ignorent toujours où elle est détenue et les motifs de son arrestation demeurent inconnus.
L’Association des blogueurs pour une citoyenneté active a appelé à sa libération immédiate et inconditionnelle, tandis que son avocat a saisi le procureur général de la République pour obtenir des informations.
Sadibou Marong, directeur du bureau de « Reporters sans frontières » (RSF) pour l’Afrique subsaharienne, estime que Samira Sabou est particulièrement visée au Niger, comme elle l’était déjà avant le putsch. «Ces dernières semaines, elle nous confirmait, effectivement, avoir été particulièrement visée dans le cadre d’une campagne de harcèlement en ligne et nous confiait aussi avoir déposé plainte contre X, affirme-t-il au micro de Magali Lagrange. Auparavant, depuis qu’il y a eu le coup d’État au Niger, nous savons que Samira elle-même a été interpellée par un militaire qui l’avait contactée par téléphone, lui reprochant un de ses posts sur les réseaux sociaux. Même durant l’ère Bazoum, cette journaliste, qui a séjourné en prison, a été particulièrement ciblée à l’époque aussi ».
Le responsable de RSF poursuit : « Sa situation actuelle interpelle tous les défenseurs de la liberté de la presse. Nous demandons aux autorités du Niger de révéler son lieu de détention et de pouvoir lui permettre d’accéder à son avocat, à sa famille également. Mais au-delà de ça, elle doit être libérée sans délai, et c’est ça le message le plus important que nous lançons aujourd’hui aux autorités militaires du Niger. »
« On ne peut pas avoir des journalistes arrêtés avant le coup d’État et encore après »
La veille, Papa Ismaïla Dieng, journaliste, chargé de communication et de plaidoyer à la ligue africaine des blogueurs et cyber activistes pour la démocratie « AfricTivistes » s’est également ému. « C’est très inquiétant, ce genre de situation où les personnes sont interpellées sans mandat, sans rien dire à leur famille et amenés dans un endroit inconnu, souligne-t-il au micro d’Amélie Tulet. Il faut comprendre que, en ce moment, avec le coup d’État au Niger, nous sommes un peu dans une situation d’État d’exception ».
Il enchaîne : « Notre appel, il est le même, même si la Constitution est suspendue, les droits fondamentaux continuent à être là : essayer de respecter le droit horizontal des journalistes à exercer leur métier, à informer les populations sur ce qu’il se passe, sur la réalité de la chose. C’est nécessaire parce que c’est également le droit des populations d’être informées de la situation dans laquelle ils vivent. »
Papa Ismaïla Dieng conclut : « Samira a toujours été quelqu’un de très engagé pour le Niger. Elle l’a démontrée plusieurs fois. Ce n’est pas la première fois qu’elle subit une arrestation. Elle en avait même subi avant le coup d’État. Le nouveau pouvoir promet des changements. C’est l’un des changements que nous espérons. On ne peut pas avoir des journalistes qui sont arrêtés avant le coup d’État et qui le sont encore après. »
Joseph Kouamé