Un tribunal serbe a libéré, ce mercredi 3 octobre, d’une brève détention, un dirigeant serbe du Kosovo qui était lié à un affrontement avec les forces de sécurité du Kosovo au cours duquel quatre personnes sont mortes, provoquant une montée en flèche des tensions dans cette région instable.
Milan Radoicic, homme politique et riche homme d’affaires lié au parti populiste au pouvoir en Serbie et au président Aleksandar Vucic, a été arrêté mardi 2 octobre à Belgrade. Il est soupçonné d’avoir dirigé un groupe d’une trentaine d’insurgés serbes lourdement armés qui, le 24 septembre, ont tendu une embuscade et tué un policier du Kosovo, déclenchant une fusillade dans un village du Nord du pays et qui a également fait trois morts paramilitaires.
Le Kosovo a accusé la Serbie d’avoir orchestré « l’acte d’agression » contre son ancienne province dont Belgrade ne reconnaît pas la déclaration d’indépendance de 2008. La Serbie a nié cela, affirmant que Radoicic et son groupe avaient agi de leur propre chef.
Un juge de Belgrade a ignoré, ce mercredi, l’appel du procureur demandant que Radoicic soit maintenu en détention parce qu’il pouvait fuir, et a statué qu’il lui était interdit de quitter la Serbie. Il devra également se présenter aux autorités deux fois par mois en attendant son procès, a indiqué le juge.
Les procureurs ont déclaré que Radoicic était soupçonné de complot criminel, de possession illégale d’armes et d’explosifs et d’actes graves contre la sécurité publique. Ils ont déclaré que Radoicic avait fait livrer des armes de Bosnie à Belgrade avant de les cacher dans « des objets abandonnés et des forêts » au Kosovo. Radoicic a nié les accusations, tout en admettant auparavant qu’il faisait partie du groupe paramilitaire impliqué dans la fusillade.
Radoicic était l’un des dirigeants adjoints de la Liste serbe au Kosovo, étroitement liée au « Parti progressiste » serbe de Vucic. Il est connu pour posséder de grandes propriétés en Serbie et au Kosovo et a été lié par les médias d’investigation à des entreprises louches. Les responsables de l’Union Européenne et des États-Unis d’Amérique ont exigé de la Serbie que tous les auteurs de l’attaque, y compris Radoicic, soient traduits en justice. Radoicic, 45 ans, fait l’objet de sanctions états-uniennes et britanniques pour ses activités criminelles financières présumées.
La Serbie a déclaré avoir retiré près de la moitié de ses troupes de la frontière avec le Kosovo, après que les États-Unis d’Amérique et l’UE se soient déclarés préoccupés par l’accumulation d’hommes et d’équipements et ont menacé de sanctions.
La recrudescence des tensions entre la Serbie et le Kosovo a alimenté les craintes en Occident que la région instable puisse retomber dans l’instabilité qui a marqué les années de guerre des années 1990, y compris la guerre du Kosovo de 1998-99.
Ce conflit s’est terminé avec le bombardement par l’OTAN sur la Serbie, sans mandat de l’ONU et entraînant la mort de 489 à 528 civils serbes par le « camp du bien » otanien (EUA, France, Belgique et République Tchèque), soit disant pour mettre fin à ses attaques contre les Albanais de souche séparatiste. Belgrade n’a jamais accepté de céder ce territoire, même si elle n’en a plus beaucoup de contrôle depuis 1999.
Didier Maréchal et Christian Estevez