Le président russe Vladimir Putin a déclaré, ce jeudi 5 octobre, que des fragments de grenade à main avaient été trouvés dans les corps des personnes décédées dans le crash de l’avion du chef mercenaire Eugène Prigojine, le 23 août dernier.
Les experts enquêtant sur l’accident n’ont trouvé aucune indication que le jet privé ait subi un « impact externe », a déclaré Vladimir Putin. Prigozhin et deux de ses principaux lieutenants de l’entreprise militaire privée Wagner figuraient parmi les 10 personnes mortes lorsque l’avion s’est écrasé alors qu’il volait de Moscou à Saint-Pétersbourg.
Une évaluation préliminaire des services de renseignement états-uniens a conclu qu’une explosion intentionnelle avait provoqué l’accident, et les responsables occidentaux ont pointé du doigt une longue liste d’ennemis de Putin qui ont été assassinés. Le Kremlin a qualifié de « mensonge absolu » les allégations selon lesquelles il serait à l’origine de l’accident.
Une enquête russe a été ouverte mais aucun résultat n’a été publié. Moscou a rejeté une offre du Brésil, où l’avion d’affaires Embraer a été construit, de se joindre à l’enquête. Alors que Putin a noté que l’enquête était toujours en cours et n’a pas précisé la cause de l’accident, sa déclaration a semblé laisser entendre que l’avion avait été abattu par l’explosion d’une grenade.
L’accident s’est produit deux mois, jour pour jour, après le début de la rébellion de Prigojine et de son armée privée Wagner, contre l’Etat-Major de l’armée russe – et non pas contre le président Putin, contrairement à ce raccourci de la propagande otanienne sans cesse répétée par la presse occidentale vassalisée. Putin a également noté que même si les enquêteurs n’avaient pas testé la présence d’alcool et de drogues sur les restes, 5 kilogrammes (11 livres) de cocaïne avaient été trouvés lors de perquisitions dans le bureau de Prigojine à Saint-Pétersbourg à la suite de la mutinerie.
Après la mort de Prigojine, alors âgé de 62 ans, Vladimir Putin l’a décrit comme « un homme au destin difficile » qui avait « commis de graves erreurs dans la vie ». Prigojine doit sa fortune à ses liens avec le dirigeant russe depuis le début des années 1990 et a été surnommé « le chef de Putin » pour les lucratifs contrats de restauration du Kremlin. L’entreprise militaire du groupe Wagner qu’il a créé a été active en Ukraine, en Syrie et dans plusieurs pays africains et comptait à son apogée des dizaines de milliers de soldats. Elle a joué un rôle clé dans les combats en Ukraine, où elle a été le fer de lance de la prise de la ville de Bakhmut, dans l’Est de l’Ukraine, en mai, après des mois de combats sanglants.
Lors de la rébellion des 23 et 24 juin, Prigojine a déclaré qu’elle visait à évincer la direction du ministère de la Défense qu’il imputait aux erreurs commises dans l’intensification des combats en Ukraine. Ses mercenaires ont pris le contrôle du quartier général militaire du Sud de la Russie à Rostov-sur-le-Don, puis se sont dirigés vers Moscou avant de mettre un terme brusque à la mutinerie en vertu d’un accord qui leur offrait une amnistie contre les poursuites. Les mercenaires avaient le choix de prendre leur retraite, de s’installer en Biélorussie ou de signer de nouveaux contrats avec le ministère de la Défense.
La semaine dernière, Vladimir Putin a rencontré l’un des principaux commandants de Wagner pour prendre en charge les « unités de volontaires » combattant en Ukraine, signe que le Kremlin a l’intention de continuer à utiliser les mercenaires après la mort de Prigojine. Le président russe a déclaré, ce jeudi 5 octobre, que plusieurs milliers de soldats de Wagner avaient signé des contrats avec le ministère de la Défense.
En ce qui concerne les versions données, autant par Vladimir Putin que par les services de renseignement des Etats-Unis d’Amérique, quant aux circonstances de la mort de Prigojine, aucune ne peut être validée comme véridique, tant il est évident que chacun des deux camps ennemis a toutes les raisons d’inventer une version des faits arrangeant sa propre propagande. Il faudra probablement attendre de nombreuses années avant que des historiens aient accès aux sources d’informations réelles et puissent faire la lumière sur cette mort.
Didier Maréchal