Le président azerbaïdjanais a annulé, dans un bref délai, des pourparlers de paix prévu en Espagne. Selon Charles Michel, président du conseil de l’UE, la rencontre entre les chefs de gouvernement de Bakou et d’Erevan aura lieu en octobre.
Bakou a annulé, ce mercredi 4 octobre, les pourparlers de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, négociés par l’UE, en raison d’un prétendu «sentiment anti-azerbaïdjanais ». Le président du Conseil de l’Union Européenne, Charles Michel, a annoncé aujourd’hui des négociations entre les deux parties pour apaiser les tensions après l’offensive militaire azerbaïdjanaise au Haut-Karabagh.
L’objectif est de tenir la réunion d’ici la fin octobre, a déclaré Michel à l’agence de presse AFP, en marge du sommet de la Communauté politique européenne à Grenade, en Espagne. En conséquence, la date exacte de la réunion à Bruxelles sera déterminée en consultation avec le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan et le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev.
À Grenade, Aliyev et Pashinyan voulaient en fait se rencontrer pour discuter de la normalisation des relations. Des représentants de la France, de l’Allemagne et de l’UE devraient également être présents à la réunion. Les dirigeants de Bakou auraient également insisté sur la participation de la Turquie, considérée comme la puissance protectrice de l’Azerbaïdjan dans la région. Cependant, la France et l’Allemagne se sont prononcées contre cette proposition, ce qui signifie que le format actuel de la réunion n’est pas adapté à l’Azerbaïdjan, a-t-on déclaré mercredi.
L’Azerbaïdjan avait, auparavant, formulé de graves accusations spécifiquement contre la France : « La France n’est pas un médiateur neutre dans cette affaire, mais elle propage un sentiment anti-azerbaïdjanais ». Lors d’une visite mardi à Erevan, la capitale arménienne, la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a condamné Bakou pour l’expulsion des Arméniens du Karabakh et a promis des livraisons d’armes à l’Arménie.
Lors de la discussion sur d’éventuelles sanctions contre l’Azerbaïdjan en raison de l’offensive militaire au Haut-Karabakh, le président français, Emmanuel Macron, a déclaré à Grenade que le moment n’était pas encore venu pour elles (alors qu’il avait validé les sanctions contre la Russie, le jour-même de l’intrusion en Ukraine…). Le Parlement européen avait précédemment demandé une résolution non contraignante pour imposer des « sanctions ciblées contre les membres du gouvernement azerbaïdjanais » en raison de l’attaque et des violations présumées des droits de l’Homme au Haut-Karabakh.
L’Azerbaïdjan, dirigé par un régime autoritaire, s’est emparé du Haut-Karabakh fin septembre après de violentes attaques. Depuis lors, selon l’ONU, plus de 100 000 habitants, majoritairement arméniens, ont fui la région vers l’Arménie.
Le Haut-Karabakh appartient à l’Azerbaïdjan selon le droit international, mais jusqu’à présent, la majorité des Arméniens de souche y vivaient. La quasi-totalité des 120 000 anciens résidents arméniens de la région ont désormais fui vers l’Arménie. Le Haut-Karabakh a déclaré son indépendance après un référendum en 1991. Cela n’a pas été reconnu au niveau international et a été boycotté par la minorité azerbaïdjanaise.
Rappelons, enfin, que, le 18 juillet 2022, la présidente non-élue de la commission Européenne, Ursula Von Der Leyen, s’était rendue à Bakou et décidé, seule, d’un protocole d’accord dans le domaine énergétique (gaz), osant même affirmer « L’Azerbaïdjan est un pays fiable », alors que cela faisait déjà des décennies que ce pays était dénoncé comme violant les bases mêmes des droits humains, particulièrement à l’intention des arméniens du Haut-Karabagh, y compris par l’épuration ethnique. Jusqu’à présent, pourtant, il n’est pas prévu de demander à Mme Von Der Leyen de rendre des comptes de ses décisions « personnelles » (« personnelles », entre guillemets puisque Ursula Von Der Leyen, bien qu’Allemande est en partie états-unienne, ses ancêtres ayant grandement participé à la puissance économique des Etats-Unis d’Amérique par leur commerce d’esclaves – ce qui valut, à plusieurs d’entre eux, d’être élus gouverneurs de certains Etats des EUA).
Didier Maréchal & Christian Estevez